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Des neurones libres
Des Vénus callipyges
Des neurones callipyges
Des Vénus libres…
Dessin de Christophe Novel .
Je possède, en mes doigts subtils, le sens du monde,
Car le toucher pénètre ainsi que fait la voix,
L'harmonie et le songe et la douleur profonde
Frémissent longuement sur le bout de mes doigts.
Je comprends mieux, en les frôlant, les choses belles,
Je partage leur vie intense en les touchant,
C'est alors que je sais ce qu'elles ont en elles
De noble, de très doux et de pareil au chant.
Car mes doigts ont connu la chair des poteries
La chair lisse du marbre aux féminins contours
Que la main qui les sait modeler a meurtries,
Et celle de la perle et celle du velours.
Ils ont connu la vie intime des fourrures,
Toison chaude et superbe où je plonge les mains !
Ils ont connu l'ardent secret des chevelures
Où se sont effeuillés des milliers de jasmins.
Et, pareils à ceux-là qui viennent des voyages.
Mes doigts ont parcouru d'infinis horizons,
Ils ont éclairé, mieux que mes yeux, des visages
Et m'ont prophétisé d'obscures trahisons.
Ils ont connu la peau subtile de la femme,
Et ses frissons cruels et ses parfums sournois...
Chair des choses ! j'ai cru parfois étreindre une âme
Avec le frôlement prolongé de mes doigts...
Renée Vivien Chair des choses
Orishchak Victor Ray
Petit mouflard, petit con rebondy
Petit connin plus que levrier hardy,
Plus que le lyon au combat courageux
Agille et prompt en tes follastres jeux,
Plus que le singe ou le jeune chaton,
Connin festu de ton poil folastron,
Plus riche que la toison de colcos
Connin grasset, sans harestes, sans os
Friant morceau de nayfve bonté
O joli con bien aasis haut monté,
Loin de dangier et bruyt de ton voisin,
Qu’on ne prendroit jamais pour ton cousin
Bien embouché d’un bouton vermeillet,
Ou d’un rubis servant de fermaillet
Joinct et serré, fermé tant seullement
Que ta façon ou joly mouvement,
Soit le corps droict, assi,gambande, ou joue,
Si tu ne fais quelque amoureuse moue ;
Source d’amour fonteine de doulceur,
Petit ruysseau appaysant toute ardeur ;
Mal et langueur : ô lieu solacieux,
Et gracieux sejour delicieux,
Voluptueux plus que tout autre au monde ;
Petit sentier qui droict maine à la bonde
D’excellent bien, et souverain plaisir
Heureux sera cil duquel le desir
Contentera, qui prendre te pourra,
Et qui de toy plainement jouyra
Claude Chappuys
Blason du con (1536)
Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j'aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J'éprouve un sentiment libre d'inquiétude !
Prestiges de mon coeur ! je crois voir s'exhaler
Des arbres, des gazons une douce tristesse :
Cette onde que j'entends murmure avec mollesse,
Et dans le fond des bois semble encor m'appeler.
Oh ! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière
Ici, loin des humains !... Au bruit de ces ruisseaux,
Sur un tapis de fleurs, sur l'herbe printanière,
Qu'ignoré je sommeille à l'ombre des ormeaux !
Tout parle, tout me plaît sous ces voûtes tranquilles ;
Ces genêts, ornements d'un sauvage réduit,
Ce chèvrefeuille atteint d'un vent léger qui fuit,
Balancent tour à tour leurs guirlandes mobiles.
Forêts, dans vos abris gardez mes voeux offerts !
À quel amant jamais serez-vous aussi chères ?
D'autres vous rediront des amours étrangères ;
Moi de vos charmes seuls j'entretiens les déserts.
François-René de Chateaubriand. La forêt