« Le Bel indifférent » ou l’espoir du retour d’un théâtre pop’ algérienC’est la seconde guerre mondiale, la planète est bouleversée, les peuples meurtris, et Cocteau ne trouve rien de mieux à faire que d’écrire une pièce de théâtre sur le désespoir amoureux, et cela pour Mademoiselle Edith Piaf. L’histoire d’une rage de dent qui ignore la grande hache de l’histoire mondiale… Dans une chambre d’hôtel un couple se dispute. Elle est chanteuse de cabaret, il est voyou et beau comme un rêve !
Je suis à la Comédie de Paris, de ma loge je vois le Moulin Rouge : « Voilà ! je la tiens la pièce de théâtre qui fais mûrir les jeunes actrices et qui fais vibrer le public des grandes villes ! ».
Deux mois plus tard, à Alger le metteur en scène et auteur Iaiche Kamel me présente la version algérienne…c’est une évidence qui me gifle la face. C’est le troisième millénaire et je suis à Alger ! Cette pièce des années de guerres devient une pièce moderne, vivante, renouvelée. Le cri d’amour de cette vedette des cabarets face à la beauté assassine et à l’indifférence de l’amant monumental, me semble, dans une gouaille bien algéroise, me venir des trippes de la Bahdja, comme un écho dans le cœur de ses femmes.Mais où, et surtout comment la jouer ! Les propositions de nos grands théâtres pour ce genre de spectacles nous sont insupportables : la pièce ne peut se jouer plus de trois fois dans une salle, au mieux elle fera le tour des salles algéroises. Aberration totale pour le spectacle vivant. Ceci est la meilleure façon de casser et de tuer un spectacle !
Alors, si nous devons exister ça sera « hors –circuit », sinon nous nous éteindrons.
Une solution nous est apparue. Celle d’un théâtre du printemps. Nous élèverons en Avril, Mai, Juin un chapiteau avec le soutient et l’autorisation de l’OREF au bois des arcades autour de la rotonde. Nous le construirons nous même.
Pendant trois mois la pièce sera jouée tous les jeudi et vendredi soirs. C’est alors que deux nouveaux spectacles se sont joints à notre aventure : « L’escargot entêté » interprété par Samir Elhakim et adapté de l’oeuvre de Boudjedra. Puis Slamika, groupe de slam qui prône le retour de la poésie urbaine.C’est alors que trois Spectacles, trois voix vont s’unir pour un même but : ouvrir une nouvelle scène moderne et populaire…
Le lieu sera donc vivant, les spectacles qui durent peuvent d’une part grandir (s’améliorer, se rôder, s’enrichir artistiquement) et donner ainsi rendez-vous au public de manière régulière pendant trois mois. Ce n’est que sur cette base que nous pouvons espérer un bouche à oreille du public, mais aussi un travail de communication vers notre publique sérieux et surtout efficace.
Pour le théâtre, ce projet est unique en son genre dans notre pays ! C’est une première esquisse du théâtre privé et « underground », et peut-être même le début d’une belle aventure culturelle que nous voulons offrir à notre capitale Alger. Sans le soutient financier de sponsors ou de mécènes un tel projet est mort-né. Il est évidemment nécessaire et urgent, et il en va de notre responsabilité de se pencher et d’aider la crise culturelle dans laquelle se trouve le pays. Ce théâtre du printemps présente une première ouverture contre l’hémorragie que rencontre de la diffusion artistique.Adila Bendimerad, directrice du Théâtre du Printemps
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