La cigogne a dû se tromper quand elle m’a déposée en 1946 dans un petit pays du nord, certes non sans charme et chaleur humaine, mais désespérément gris et humide. Moi, j’avais besoin du soleil et de la mer, d’une vraie mer, bleue et accueillante. Le monde méditerranéen, je l’ai connu d’abord à travers les écrits des Anciens, des Grecs et des Latins, des historiens et des poètes, qui m’en ont fait aimer les couleurs et les odeurs. Mais ce n’est qu’à l’âge de dix-huit ans, lors d’un voyage dans la belle île de Sardaigne, que j’ai découvert ce paradis, et que j’ai eu la révélation que je devais vivre dans cet univers. Hélas, ce n’était pas si simple ! A l’époque, pas de possibilités d’étudier à l’étranger ni d’y enseigner…Alors j’ai fait, en Belgique, une licence et une agrégation en philologie classique (latin et grec), et j’ai enseigné ces langues mères pendant trois décennies à des générations de lycéens. Mais je n’avais pas oublié mon rêve, et chaque printemps, chaque été me ramenaient au bord de cette mer chérie, du détroit de Gibraltar à celui du Bosphore…avec à peine quelques infidélités pour connaître des contrées plus lointaines. Je savais que, quand j’aurais retrouvé ma liberté à la fin de ma carrière, j’irais y vivre. Notre choix s’est porté sur la Corse, une île si belle que j’aime comme on aime une personne, telle qu’elle est...
Depuis 2002, j’ai donc réalisé mon désir le plus cher: vivre en Corse toute l’année! La Corse est belle, on le sait; les anciens Grecs l’avaient d’ailleurs appelée "Kallistè" (la plus belle)...et pourtant, ils en avaient des îles! Mais la Corse a davantage que sa beauté: elle a une âme...
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