Well Hung Curtains
L’histoire vraie d’Edmund Curtains(1462-1505), père fondateur de la musique Curtains
« Le paresseux est un génie qui anticipe l’avenir » !
Ce dicton médiéval semble avoir été écrit pour Edmund Curtains, compositeur émérite qui n’en fit rien de son vivant car il préférait besogner les femmes de ses laborieux contemporains.
Et voici son histoire
Un jour qu’il marchait dans un bois, Edmund pensa que les techniques de séduction de son temps qui consistaient en général à échanger des féculents contre des faveurs, si elles lui permettaient le plus souvent de conclure, lui laissaient un arrière goût d’échec et de haricot.
Un autre jour qu’il marchait ivre dans le même bois, il prit conscience de sa valeur et décida tout en vomissant sur le tronc d’un érable centenaire, de réviser à la hausse ses prétentions féminines.
Pour ce faire, il s’allongea sur la plus longue branche du sapindacé et se laissa bercer par le doux balancement que son poids provoquait.
Au sol, le résultat de son infortune gastrique illuminé par le clair de lune se para de reflets kaléidoscopiques.
Edmund sentit grandir en lui un sentiment de plénitude éternelle et souhaita trouver femme avec qui partager ce moment d’extase.
« L’élue "Curtains" devra de nos deux poids réunis ne point trop peser sur la branche de ce noble érable afin de ne pas contrarier ce balancement qui m’extasie » dit-il au badaud qui passait.
Et le badaud acquiesça.
Mais la tâche se révéla ardue, les femmes de l’époque ne pesaient que très rarement ce qu’elles semblaient.
Tantôt une complexion parfaite cachait une lourde jambe de bois en vieux chêne héritée d’un aïeul qui tout en arc-boutant dangereusement la branche faisait dire au badaud perplexe « la preuve en est que l’unijambisme est un atavisme », tantôt les formes replètes d’une candidate alliées à une surconsommation de féculents mal cuits et à une prescience newtonienne avérée des principes de l’action et de la réaction laissaient le long appendice feuillu totalement insensible.
Bref, Edmund ne trouva jamais et mourut.
En ces temps de peste noire, la file d’attente devant Saint Pierre semblait aussi longue que le cou d'une girafe contortioniste... bien entendu une si grande queue attirait.
Des hordes de zélateurs bouddhistes, adeptes de la réincarnation végétale, en profitaient pour faire du prosélytisme à coup de riz gluant et de bière chinoise.
il n’en fallut pas plus, le riz en moins, pour convaincre Edmund, qui était prêt à tout pour revenir sur terre quêter son élue, de donner son âme à cette divinité bridée, béate et bedonnante.
Il parvint devant le dieu gras et faisant suite à un lot de mangeurs de pancakes qui prit d’assaut une plantation d’érables canadiens, n’eut d’autres choix que la réincarnation en érable Drumond dans un Jardiland Champenois mais le souvenir extatique du balancement de la branche de l'arbre et la perspective d’une motte grasse et féconde l’envenima !
Ce qui fut demandé fut accompli.
Jeune érable aux frêles branches, star rougeoyante du Jardiland, Edmund rêva d’une croissance rapide et d’une quête achevée, quand, sous les traits d’un apprenti boutonneux, l’archange Gabriel, missionné par Saint Pierre qui n’avait pas supporté l’affront au riz gluant, exécuta une taille franche, nette et définitive de sa ramure afin de priver notre héros de toute jouissance à venir.
Edmund Curtains devint érable tronc.
Il pleura sa vigueur perdue et ce jour là renonça à sa quête utopique de la femme parfaite.
Il pensa qu’il était temps d’écrire les chansons pour lesquelles d’aucuns avaient autrefois prétendu le connaître.
Depuis ce jour à la frondaison, on raconte que l’érable, par le fin bruissement de ses trois feuilles, fredonne dans l’oreille de Peter Curtains les paroles et les musiques de chansons inspirées de sa vie passée…
certains disent aussi que l'arbre lui aurait transmis les secrets de sa quête inachevée, mais ça… nul ne le saura jamais !