Je dis que je suis un écriveur d'écrits vains parce que ma vie fut en vain... J'ai mis beaucoup de temps à retenir ma date de naissance. J'ai redoublé mon cours préparatoire et selon ma maîtresse du cours élémentaire je me pliais difficilement à la discipline. Renvoyé de tous les lycées, ma scolarité fut incertaine. Sur les bords du Rhône, je fus élève là où Mallarmé fut professeur et j'y rencontrai moi aussi le néant. J'ai réussi le seul baccalauréat qui fut proposé tout à l'oral. J'ai fréquenté les universités sans y trouver à développer mes facultés. Je suis devenu comme Apollinaire 2eme canonnier à Nîmes, dans la caserne de la route d'Uzès. J'ai peint, j'ai fait partie de plusieurs académies bidon. J'exposai dans le monde, je fus médaillé à New-York, distingué à Rome, je passai à la télévision. Mes oeuvres sont la plupart du temps invisibles. On pourrait les voir dans une chapelle fermée à clef, sur un mur d'hôpital qui n'existe sans doute plus, dans un film jamais rediffusé ou dans une benne à ordures, broyées depuis longtemps. Je me suis intéressé à l'architecture qui n'enferme pas, celle qu'on ne trouve que chez Monsieur Hulot. J'ai créé le collège d'ékistique de France qui ne s'est réuni qu'une fois, un dimanche, dans une école de campagne devenue depuis une auberge. J'ai conçu pour les membres du collège de Patarchitecture, un habit de séance que l'on pouvait enlever sans enlever le dessus.La matérialité me dérange. Je ne crois pas que la réalité soit toute là ... c'est l'enclume des forces, je lui tape dessus pour en connaître la valeur. Je suis iconoclaste, j'ai l'expérience de l'abandon, j'ai vécu au désert... je n'idolâtre rien. Je suis peu regardant, j'exècre le spectaculaire. Je crains qu'ils se fassent avoir par le m'as-tu-vu. Plutôt que de l'avoir je voudrais qu'il n'y ait que de l'être. C'est pour cela que j'ai fondé les Clandestins... pour leur monter l'entrevoyure, pour leur dire que la matière exsude, qu'elle peut être ni tout à fait la même ni tout à fait une autre. Pour en finir avec la finitude.On n'a jamais trop su ce que je faisais parce que ce que je fais ne se voit pas. Pourtant je dis que j'ai un métier, un vrai, celui de vivre.Alain Caucat.
NEWS/NOUVELLES
Concile de la Jassette (avril 2008)
Le 27 avril 2008, jour du souvenir, par un temps clair et venteux, en un lieu secret du pays de la révocation ( l’endroit même où fut présenté, en avril 1985, l’habit sans dessus-dessous pour le Collège de Patarchitecture ) les Clandestins, réunis en concile, ont promulgué un décret contre les images. Ce décret ( dit décret copronyme en souvenir de Constantin V ) une fois promulgué, le grand iconoclaste a sonné l’hallali avec un tube en carton. Le cor a résonné dans le vallon, réveillant le souvenir de Roland et de tous les guérilleros pourfendeurs d’idoles. Aie, aie, aie… que sont devenues les belles images d’antan ? Elles nous laissaient croire des choses… moqueuses comme la Joconde avec son sourire en coin… horripilantes de nous faire voir, en même temps, du sublime et de la finitude. Une dérobade incessante qui rendait fou de désir. Alors, les images n’étaient pas sages, elles étaient capables d’avoir des moustaches et des poils au menton. LHOOQ. Ces belles images d’antan que sont elles devenues ? La culture industrielle les a rendues bêtes et méchantes. Trop simultanées pour se dérober, elles s’entassent, sont sans imagination, nous enlèvent toute envie d’en jouer. Ces nouvelles images décervelantes, nous voulons les frapper au marteau sur l’enclume de nos forces, les faire sonner faux… jusqu’à obtenir la bonne tonalité. Nous attendons la transmutation des images, une autre représentation, moins évidente. Ce moment énigmatique où on fera mentir les miroirs… quand en se regardant dans la glace on ne verra que son dos. D’ici là , il faudra mener une petite guerre( guérilla ) aux images réifiées des Temps Modernes.
Alain Caucat, du Mouvement des Clandestins.
Le Miroir satierique :
- Première parution, dans la collection "Les clandestins" :
"La révocation de la pensée" par Alain Caucat.
Ce livre est accompagné d'un CD, où les artistes d'arbouse recordings
(www.arbouserecordings.com) réinterprétent le Psaume 68 de Mathias Greiter (XVIeme siècle). on y retrouve : Acetate Zero, Audioroom, Inlandsis, Olivier Lageyre, Dusty One, Arco5, Astrïd, ww.lowman, Hopen, Neve.
C'est un peu comme sur les photographies pour les lotions capillaires… avant et après. Avant et après la Révocation de la pensée….
après, les cheveux se dressent sur la tête. La Révocation de la pensée, un livre ? pas du tout… un livret ? peut-être…
un opuscule à coup sûr. Opusculaire à faire peur… ça parle d'outre-tombe aux vivants ou ça parle de vivant à des morts.
Un dialogue qui n'a rien de carmélite. Assez peu contemplatif, complètement terreux. Un livre noir, avec une queue
mais sans tête comme le couteau de Lichtenberg, un livre sans lame auquel manque le manche. On peut s'en servir
quand même. Il pense mal puisqu'on lui a coupé la tête mais il gigote encore. Il inverse et traverse tout, y compris les
miroirs qui ne réfléchissent plus grand-chose. Les Clandestins qui ne manquent pas d'air (il y a beaucoup de musiciens parmi eux)
sont nés de ce livre. Ils en ont eu le souffle coupé. Il leur restait l'air mais plus la chanson. Alors ils se sont réunis, pour
se donner du courage ils ont entonné le psaume 68, le fameux psaume des batailles, puis ils ont invoqué le grand Esoterik Satie.
Ils ont cru que le chant guerrier du roi des haricots les sortirait d'affaire…. mais à la vitesse où vont les choses c'était trop tard…
c'était la fin des haricots, la fin de tout. Depuis ils chantent en sourdine, un peu dans le désert. Il suffit de tendre l'oreille.
Vous reconnaîtrez un air léger, moins gros qu'un boeuf sur le toit, plus petit qu'un flonflon … un air pur d'avant la Révocation de
la pensée.
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