Aucun animal n’a été aussi méconnu, craint, et persécuté à travers l’histoire, que le loup.Par ignorance, nous l’avons chassé autrefois. Nous avons utilisé les fusils, les pièges et le poison contre lui, pensant que nous chassions un tueur sanguinaire, représentant une grave menace pour nous-mêmes et pour nos cultures. Les artistes le dépeignirent comme une bête sauvage montrant les crocs. Les conteurs inventèrent des histoires de grand méchant loup. C’est seulement aujourd’hui que nous reconnaissons son importance dans le cycle de la vie. Il a un rôle bénéfique vis-à -vis des grands herbivores qu’il chasse. Nous découvrons que la nature a crée le loup de façon à ce qu’il court moins vite que la plupart des proies bien portantes ; ainsi il s’attaque essentiellement aux proies faibles et malades. Nous ignorions que le loup était capable, grâce à un système social complexe, de contrôler sa propre population et que pendant des centaines de milliers d’années, il est parvenu à maintenir un équilibre naturel avec ses proies. Les loups de par le monde, chassent comme tous les grands prédateurs sans rompre les équilibres essentiels ou « lois de la nature ». Contrairement au chien, les loups ne chassent pas par jeu mais bien pour assurer la nourriture de la meute et des jeunes de l’année. Selon la civilisation Inuit, le loup est appelé « le médecin des Rennes », envoyé par la déesse mère, pour manger les rennes malades ou vieux qui affaiblissent le troupeau. Cette vision mythique du loup introduit la notion de prédateur permettant le maintien d’un équilibre essentiel entre les grands herbivores (espèces-proies) et leur milieu naturel...Alors, le loup est-il un ogre, un assassin aveugle ? La réponse à cette question amène à considérer 3 principaux éléments. Un assassin aveugle ne sélectionne pas ses proies, il tue « au hasard ». Un ogre tue une quantité énorme de proie à chaque attaque, apte à satisfaire son gigantesque appétit. Les attaques se multiplient tant que le quota alimentaire journalier n’est pas atteint.Le loup sélectionne ses proies. Mais ses critères sont variés et dépendent étroitement du territoire et des espèces (V.VIGNON in ATEN, cahier technique n°69, 2002) : l’accessibilité de la proie : le loup va s’orienter davantage sur des proies "faciles à attraper", c’est-à -dire malade ou faible (jeunesse, vieillesse, blessure...). Cela lui permet d’obtenir un bon rapport quantité d’énergie dépensée à la chasse/ quantité d’énergie retrouvée après consommation de la proie. la taille ou l’âge de la proie : le loup ajuste la taille corporelle de sa proie-cible au nombre d’individus qui chassent ensemble (=taille de la meute). Un loup solitaire chasse des petites proies au maximum équivalentes à son propre poids. Quand des meutes se constituent, on assiste à un changement progressif et sélectif dans la taille des proies. l’abondance / répartition de telle ou telle espèce sur sont territoire de chasse. Il écrête préférentiellement les hautes densités d’ongulés proies (également parce que si ces ongulés sont plus nombreux, la recherche de la proie dure moins longtemps). Les meutes peuvent réorganiser leur territoire en fonction des variations d’abondance de leurs espèces-proies. les opportunités saisonnières : si les espèces-proies mettent bas de manière échelonnée, le loup suit cette succession et se déplace d’espèce-proie en espèce-proie en fonction des naissances. Ainsi, les espèces d’ongulés peut adaptées aux forts enneigements seront prédatées l’hiver car elles sont facilement accessibles (difficultés de déplacement). le comportement de la proie : une proie qui s’affole sans fuir sera prédatée parce que facile à attraper, de même qu’une espèce peu attentive à son environnement