Ambre

La porte s’ouvre enfin
Aussitôt je me dresse, dos au mur, face à la silhouette qui se dessine en contre-jour et avance vers moi.
Au loin je crois entendre quelques cris solitaires... Que s'est-il donc passé, et que se trame-t-il en ce moment même? Quoi qu'il en soit je dois d'abord m'occuper de mon visiteur. Pour le reste, cela saura attendre.
Comme à chaque fois, je fais le vide dans mon esprit, le calme m'envahit, mon corps se détend ; le souffle de ma propre respiration est si lointain... Puis, comme un raz-de-marée, l'inspiration salvatrice et destructrice envahit mes poumons, se propage dans tout mon être. Dernières secondes avant la tempête... qui n'aura pas lieu.
En effet ce n'est pas le capitaine Silk qui se tient devant moi, mais un jeune homme de belle stature, au port assuré. Cependant son oeil est vilainement blessé et son air désorienté ainsi que les taches de sang qui maculent son habit trahissent la nature des évènements ayant eu lieu auparavant.

Siegfried, c'est son nom, m'apprend-t-il, et les cris de souffrance l'on perçoit depuis les étages inférieurs sont les hommes de son père qui en finissent avec les pirates de Silk le traitre. Il me conte alors les circonstances durant lesquelles il a été amené a rencontrer mes compagnons, au beau milieu de la bataille faisant rage.

Il se souvenait d'une chambre verrouillée tout en haut a l'ecart, à coté de celle ou il etait précedamment retenu, la mienne en l'occurence.
C'est donc pour cela qu'il est monté en éclaireur, les autres ne sont pas loin.
D'ailleurs voici T. "Très chère Ambre, ravi de vous revoir en vie, même si je ne me faisais pas beaucoup de souci quant à votre survie!" s'exclame Tsurai, passant devant mon interlocuteur d'un mouvement d'épaule, le sourire aux levres. " Mon bouclier humain s'est-il présenté à vous?"
Le pauvre Siegfried hoche la tete, reprenant son souffle, et commence a s'éloigner en s'excusant d'être entré sans frapper.
"Voyons mon cher, reprend Tsurai, vous userez de politesses quand vous aurez lavé vos vêtements!"Puis il s'éloigne à son tour, et d'un clin d'oeil me fait signe de le suivre.
Cela ne fait que quelques jours, mais semble si lointain maintenant que nous sommes de retour à la civilisation.
Et déjà, une soirée mondaine. Encore une...
Malgré tout, les Von Krauser sont des hôtes très chaleureux, et mes compagnons, très apprêtés, semblent apprécier les bavardages en cours.
Tandis que Tsurai semble absorbé par le babillage d'une demoiselle aux atouts généreux, Kernel sourit, distribuant piques et commentaires malicieux autour de lui. Quant à Oscar et Siegfried, je peux les imaginer converser musique, une fois de plus.
Soudain, une scène attire mon attention : Meiji8, face à un homme fort élégant mais n’en semblant pas moins âgé, tient entre ses mains son précieux pendentif, ses yeux effectuant sans cesse aller-retour entre le bijou et son interlocuteur.
Je ne suis pas la seule à l'avoir remarqué.
Tsurai le premier fait quelques pas dans leur direction, suivi de Kernel, puis Oscar et Siegfried abandonnent leur conversation, ce dernier semblant faire les présentations entre le vieil homme et mes compagnons.
De nouveaux échanges commencent alors, et tous ont l'air captivés.
Après quelques réticences, je décide de les rejoindre, et lorsque j'arrive a leur hauteur, j'entends Meiji8 susurrer : "La Transylvanie, vraiment...hum, intéressant..."
Dans les yeux de mes compagnons, je reconnais la lueur de l'aventure qui brille de nouveau.