« Annie Ebrel vient du Centre Bretagne. Par‑delà l'actualité musicale foisonnante que cette concise appellation géographique recouvre, l'expression est belle de sens. Avant même de situer sur la carte les localités de Carhaix, Poullaouen ou Scrignac, on ressent cette impression de gravitation et d'équilibre, d'attraction et de rayonnement, d'enracinement et de carrefour. Annie Ebrel rayonne de ce patrimoine puissant qui stabilise et fait la justesse de son attention au monde contemporain, de ce mélange d'enracinement et d'élan, de ce double état de fraîcheur et de maturité.
Annie Ebrel est née à Lohuec, au nord de la Cornouaille, aux portes du Trégor, dans une famille d'agriculteurs. On y parle breton au naturel. On y chante dans la tradition du pays, on y danse aux accents du kan ha diskan. Très tôt, elle fait danser, mais poursuit son apprentissage, notamment auprès de son maître, le chanteur Marcel Guilloux, et en participant au travail documentaire mené alors par toute une génération de jeunes artistes bretons tout à la fois soucieux de racines et d'ouverture. À partir de 1992, elle multiplie les compagnons de scène, tels Erik Marchand, Yann Fañch Kemener... et surtout Nolùen Le Buhé.
Avec le groupe Dibenn, Annie Ebrel défriche de nouvelles terres du chant breton, ouvrant à son tour la voie à d’autres chanteuses et chanteurs
Au Théâtre de la Ville, Marcel Guilloux est à ses côtés, mais aussi le contrebassiste italien Riccardo Del Fra qu'elle a rencontré auprès du guitariste Jacques Pellen.
Une relation forte et durable se noue avec Riccardo Del Fra et se cristallise en un duo (le disque Voulouz Loar 1998) bientôt devenu sextette (spectacle Flouradenn 2001). On craint de voir Annie s'effacer à l'ombre de son compagnon, au contraire, elle rayonne sur l'--uvre de ce jazzman de réputation internationale et s'épanouit à ses côtés, profitant de sa science au travers de ses conseils, mais poursuivant son chemin personnel, en solo, avec le groupe Ilù,, en trio pour un travail polyphonique avec Murielle Quelen et Enora de Parscau.
Après avoir uni sa voix à d’autres langages musicaux contemporains, le bagage rempli de toutes ces expériences, Annie Ebrel crée en 2004 un spectacle solo : « Une Voix Bretonne ». Une création qui fait la part belle à la voix nue, traditionnelle et moderne. Du chant solo et a capella, des textes et des mélodies commandés à différents auteurs (chanteurs, musiciens, femmes et hommes de lettre…) de Bretagne et d’ailleurs, elle nous propose un spectacle qui a pour cadre une journée, du matin au soir, ou une année et ses quatre saisons ou une vie de la naissance à la mort. Textes courts en breton ou en français, chant breton contemporain, effets sonores et harmonisation. Elle se crée ainsi un répertoire sur mesure et défriche de nouvelles terres du chant avec une grâce rare et une très grande générosité. Elle s’adjoint pour ce spectacle les talents des auteurs et compositeurs Riccardo Del Fra, Lors Jouin, Marcel Le Guilloux, Jean-Yves Le Roux, Kristen Noguès, Tangi Thierry, Louis-Jacques Suignard, du couturier Pascal Jaouen pour les costumes, et du cinéaste Lucas Belvaux pour la mise en scène. »*
« Une voix bretonne » est une production :Théâtre de Cornouaille – scène nationale de Quimper, Un Théâtre Pour la Musique / Théâtre de la Ville – Paris, Dre Ar Wenojenn – Centre Bretagne avec l’aide de la SACEM
Aujourd’hui Annie Ebrel se lance dans une nouvelle aventure musicale, en quartet cette fois. Avec l’harmoniciste Olivier Ker Ourio, le percussionniste Bijan Chemirani et le guitariste Pierrick Hardy, elle prépare un album et un spectacle pour 2007. A la fois un aboutissement de toutes ses rencontres musicales passées et un nouvel élan vers l’avenir avec des musiciens d’horizons divers mais tous portés par la même vision poétique.
* D’après le texte de Franck Bergerot pour le programme du Théâtre de la Ville de Paris.
Spectacles et concerts
Festoù noz - Concerts en Bretagne, France et Europe.
Création « DOUAR GLIZH » avec Riccardo DEL FRA au Théâtre de Quimper (Scène Nationale).
Prix à la création Région Bretagne.
Tournée européenne avec Yungchen LHAMO (Tibet), Toto LA MONPOSINA (Colombie), Mah DAMBA (Mali).
“Carte blanche†pour un concert au Quartz de Brest et au Théâtre de la Ville à Paris.
Tournée : le Duo avec Riccardo DEL FRA invite Rick MARGITZA saxophones.
Concerts en Russie, Pologne, Martinique, Suisse, Hollande, Italie.
Concerts réunissant des musiciens maliens et bretons dans le cadre d’échanges culturels.
Création «FLOURADENN » avec Riccardo DEL FRA et invités Paolo FRESU, Kuljit BHAMRA, Laurent DEHORS, Jean Luc LANDSWEERDT (Co-Prod : Théâtre de la Ville Paris et Quartz Brest)
Concerts en France « FLOURADENN»
« FLOURADENN » Invités : Bojan Z. et Jacques PELLEN à Europa Jazz Le Mans, Grand Théâtre de Lorient.
Création du trio ILU avec Jean-Luc THOMAS et Erwan VOLANT.
2003/2004 Création d’un spectacle solo
( Co-production : Scène Nationale Quimper – Théâtre de la Ville Paris – Dre ar Wenojenn Centre Bretagne).
Discographie sélective
1995 a capella « tre ho ti ha ma hini « (Coop breizh)
1996 avec le groupe DIBENN ( An Naer)
Prix France 3 « Chadenn ar Vro », Prix Coop Breizh
1998 avec Riccardo DEL FRA ' "Voulouz loar / Velluto di luna" (Coop Breizh)
Choc du Monde de la Musique & Diapason d’Or.
Extraits de presse
« Avec un timbre unique, une voix qui distille avec une rare finesse toutes les gammes de l’émotion, Annie Ebrel apporte sa pierre au fabuleux édifice du chant de nos pays d’ouest […] A l’alternative du stéréotype plaqué, la chanteuse de gwerz et l’ancien compagnon de Chet Baker ont préféré le dialogue de leurs cultures. Qu’il prolonge le chant ou s’en détourne, qu’il s’en tienne à la contrebasse, qu’il entoure d’un orchestre de chambre, qu’il arrange la tradition ou qu’il compose, que sa compagne l’entraîne sur le mode narratif de la gwerz ou qu’elle l’invite à entrer dans la danse, il sait magnifier les pleins de la tradition qu’il visite et en révéler les déliés par un subtil jeu d’ombres et de lumières. »
Franck Bergerot
« Annie Ebrel s’épanouit visiblement dans ce duo. Depuis son disque solo, elle semble avoir gagné en maturité artistique. Et fait preuve de réelles prouesses dans Voulouz Loar…La jeune chanteuse porte plus que jamais une émotion, une force poétique. »
Gwenaël Dayot
« Annie Ebrel is also a master of kan ha diskan singing for breton dancing and these tunes show off her skills there. But, it is the pairing of such a voice with the genius of Riccardo Del Fra that makes this CD so interesting and enjoyable. Both of these musicians are perfectly capable of « pushing the envelope » a little, and there is a wonderful tension and energy created by this duo of masters. »
Lois Kuter
« Un dialogue d’une intensité rare, en totale liberté, superbe. Ce qui se joue là n’est pas banal : elle, la femme bretonne, pose d’abord sa solidité, celle que livrent les femmes de chez nous. L’autre, le jazzman, oui, il est l’auditeur privilégié, créateur, catalyseur, humble mais déterminé parce qu’aimant, ce que nous devrions être plus souvent. Ici, il n’est pas question d’accompagner mais de vibrer et la gamme des émotions nous allume parce qu’elle vient de l’intérieur, de l’intérieur d’Annie et de Riccardo, de l’intérieur de nous mêmes. »
Gérard Alle
« Il brano iniziale introduce all’atmosfera dominante dell’opera : una voce limpida e suadente - a mio avviso la più bella voce femminile bretone odierna – si intreccia con le vibrazioni del contrabbasso, dando vita ad armonizzazioni di forte tensione. Apollon, preghiera pagana al Pantheon romano, sembra suggellare questa felice unione artistica, incontro fra mondo celtico e mondo latino, capace di mettere d’accordo amanti del canto tradizionale, della musica minimale, del jazz, del semplice ascolto di una voce splendida. »
Luca Pedrone
« Le plaisir s’installe dès qu’Annie Ebrel présente les histoires de ses chansons, puis elle chante. Quelle voix… Claire, vibrante, si profonde qu’elle semble venir d’aussi loin que les plus lointains chants bretons, de cette tradition millénaire dont elle est l’héritière. A capella, la jeune femme laisse s’envoler les airs ancestraux avec une facilité insolente qui autorise la comparaison avec Edith Piaf. Même trémolos magiques, même variété dans les inflexions, même puissance. La dernière note semble ne jamais vouloir s’éteindre. »
M.Peignet
« Sous le charme d’Annie Ebrel et ses complices, Enora et Muriel…Dès les premières minutes, les 200 spectateurs ont succombé au charme : parce que ces voix si vibrantes et si profondes parlent à l’âme. Elles étaient l’espace d’un soir filles du vent et magiciennes, avec ce qu’il fallait pour démontrer qu’elles sont dans leur temps, Bretonnes du XXI siècle qui font vivre leur culture avec un enthousiasme communicatif »
Jean-Jacques Baudet
« Con ediciones muy cuidadas, encontramos a un duo excepcional formado por el virtuoso contrabajista italiano Riccardo Del Fra (que forma de acariciar las cuerdas !) y la cantante Annie Ebrel, una de las voces mas bellas que he escuchado en los ultimos meses. Su dominio del repertorio vocal es impresionante y pocas mujeres del occidente europa alcanzan tal perfeccion en el canto a capella.El premio al mejor disco de musica tradicional bretona. »
Toni Urpi
« Annie Ebrel mérite incontestablement son écrin de flamme qui nous change un peu de la sombre sobriété ordinaire de la Bretagne traditionnelle et affiche sa volonté d’être de son temps. Etre de son temps, c’est aussi créer l’événement en mettant en scène la musique, en imaginant une géométrie des attitudes, des lumières et des sonorités. La splendeur dépouillée de ce spectacle moderne, inventif et en même temps fièrement et solidement enraciné dans la mémoire a fait merveille »
Jean-Luc Germain
« Annie Ebrel, la jeune chanteuse qu’on est venu écouter au pays, ici soutenue par son « compère » Marcel Guilloux, bouillant vétéran…Deux micros, deux voix, et voilà la troupe entière qui gavotte, au son du kan ha diskan, le chant à répondre, école de rythme sans pareil, avec toutes les onomatopées alignées. Un peu plus tard dans la soirée, Annie se lancera dans une autre pièce de son répertoire, une gwerz, une complainte, écoutée dans un silence recueilli.
Annie Ebrel est passée du rang d’espoir à celui des confirmations. »
Hélène Hazera
« Il en vint à la chanteuse l’envie de mêler les textes contemporains aux standards de la tradition, voir de composer les siens et d’emprunter les mélodies de Riccardo. Ce sont là les paris de ce nouveau spectacle créé au Théâtre de la Ville, Flouradenn, du nom d’un morceau écrit et composé par Annie pour sa grand-mère. Mais l’autre pari de cette création, c’est l’élargissement du duo à un contexte plus orchestral. Il s’est fait sur des choix de timbres, parce que la rencontre d’Annie et Riccardo ce fut d’abord deux timbres qui se plurent. L’une et l’autre ont voulu approfondir cet alliage sonore si singulier, en lui associant le bois des clarinettes, le velours du bugle, le cuir des tablas. Et pour faire écho à ce mélange d’enracinement et d’ouverture, ils ont fait appel à des jazzmen aux oreilles grandes ouvertes sur les traditions du monde et à un percussionniste enraciné dans l’une des plus grandes d’entre elles ».
Franck Bergerot - Jazzman
« La voix enracinée et libre d’Annie Ebrel Respectueuse de la tradition, qu’elle entraîne sur des chemins insolites, elle est de celles qui font prendre le large au chant breton. »
Patrick Labesse - Le Monde – 16/03/04
« Yeux mis-clos, timbre vibrant, voix ondulée, Annie Ebrel chante Robarzig, une gwerz sans date collectée dans son natif Lohuec…[] Annie Ebrel représente, avec Denez Prigent, la troisième génération des rénovateurs du chant traditionnel breton. »
Bouziane Daoudi – Libération – 18/03/04
« Annie Ebrel : voix de tradition, voix d’audace. Annie Ebrel, une jeune femme grave et fraîche, singulière alliance de vertige et de tranquillité, d’altière juvénilité et de certitudes têtues. Dans la nudité de la voix traditionnelle, Annie Ebrel continue d’innover.
»
Bertrand Dicale - Le figaro- 16/03/04