Tiens, ma Loute, j’vas t’raconter not’ tiot’ histoire :
A l’origine des «Biloutes Électriques» on trouve, comme pour beaucoup d’autres groupes, trois potes qui se sont rencontrés à l’heure du lycée, à la fin des années ’70 dans la région valenciennoise, qui se croisent et se recroisent ensemble ou séparément dans de nombreux projets musicaux live ou en studio, des créations rock, jazz ou des performances. Il y a donc :
Roland Duval , batteur et percussionniste, qui est un spécialiste mondial de la musique contemporaine et de la musique du XX ème siècle, - çà peut faire peur ! – et pourtant, c’est vrai !- Les oeuvres de Xenakis, de Boulez, Ligeti ou John Cage sont pour lui autant de lieux communs et empruntés que le sont pour nous les airs populaires d’ «Au clair de la lune» ou «J’ai du bon tabac»… Il se fait alors remarquer auprès de ses pairs musiciens par ses extraordinaires capacités d’indépendance rythmique (on le soupçonne déjà d’utiliser un cinquième membre qui serait doté de son propre cerveau ;-))
Aussi Bruno Objoie , qui dès les années ’80 devient le guitariste de «Trisomie 21» (personne n’est parfait !) ; il fût également ingénieur du son de nombreuses années : c’est lui qui enregistra entre autres le célèbre «Cube» du groupe de métal «Suppuration». Ce ne fut d’ailleurs pas son seul épanchement, car de son appendice nasal suppurent fréquemment de prodigieux «snif, snif…» que le SM 58 se fait une joie d’exorciser dans les enceintes de la sono.
Et enfin Christophe Vandeputte . Alors là , c’est le prix littéraire ! Eh oui, pouhhh ! Passionné par la poésie d’Homère comme par celle des surréalistes, en passant par les symbolistes et les poètes maudits bien sûr… Ce qu’il aime surtout, c’est la langue, -qu’elle soit de pute, de boeuf, à la mode picarde ou qu’elle soit celle de sa copine… Et c’est qu’il l’a bien pendue, le manant, comme le fut le «pauvre Villon» ! C’est pourquoi il la délie en chantant sur deux cordes et en s’accompagnant sur six ou douze autres (Ah ! merveilleux troubadour que votre serviteur !).
Ces trois-là avaient donc un assez beau bagage pour être aussi ambitieux que prétentieux, mais le temps aura suffi à se charger seul de la prétention. Si bien qu’aujourd’hui il leur reste juste la détermination farouche de ne faire aucune concession. Et puis les «quiens n’faisant nin des cats», nous trouvons également dans le groupe :
Romain Vandeputte (dit «docteur Rhum»), fils naturel de Christophe le susnommé, bassiste émule de Jaco Pastorius et de Marcus Miller, alchimiste de la «note qui tue». Il se sert de sa basse comme il se sert de ses cornues ou de son shaker : avec un soupçon de magie.
Et le dernier venu, Rémy Locquet , fils spirituel du groupe, aux claviers ou à la guitare, sachant mélanger subtilement au blues du delta de Robert Johnson les harmonies délicates de Bill Evans ou celles plus étranges de Thelonious Monk. Ah ! Ce qu’ils sont bien, ces petits !
Ces présentations n’auront pas été vaines : vous comprenez bien maintenant qu’un projet musical entre cinq chics types comme ceux-là ne pouvait pas se rater. Une seule question demeure : Pourquoi «Les Biloutes Électriques» ?
Eh bien, un gars du groupe dit un jour à un autre : «Et si j’écrivos chu’ l’ misère d’ichi, chà f’rot du bluess’ qu’in pourrot quinter in boogie à s’taper l’boudaine par tierre, nan ?». Alors l’autre lui répondit : «bin ramène t’n oïl drouchi ma loute, j’vas l’touiller à min frincien et l’fout’ dins ch’crin-crin. Putain ti’z’ aut’ ! Chà rint’, chà sort, chà fait ressort, et in avant la musique, les biloutes électriques !» - Et c’est ainsi que se répandit à travers le Hainaut, la Picardie et les Flandres la légende d' ches «Biloutes Électriques» avant qu’elle ne commence à conquérir le monde. Mais pour le reste, écoutez-les et vous saurez…
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