« Tu es dans la bagnole et tu penses à des tas de choses, c'est bien ça non? En partant de la maison ce matin pas moyen de mettre la main sur le filtre de l'appareil photo ; Qu'est ce que j'ai pu en foutre? Et cette actrice à la télé hier, comment s'appelle-t-elle déjà ? Merde, j'ai un lacet qui va craquer, j'ai une de ces trouilles qu'on ai un accident ! Des tas de pensées comme ça qui te passent par la tête et se superposent aux paysages que tu vois filer le long de la voiture. Les maisons, les champs se rapprochent doucement et puis glissent et disparaissent derrière toi; pas vrai? Et tous ce théâtre qui se mélange à ce que tu as dans la tête. Les gens qui attendent à un arrêt d'autobus ; Un type bien habillé qui titube, complètement soûl ; Une vieille femme qui pousse une charrette croulant sous les mandarines ; Des champs de fleurs ; des ports... Tout ça t'arrive dessus et s'évanouit aussi vite que c'est venu, tant et si bien que ça se mêle avec les pensées précédentes. Le filtre à photo, les champs de fleurs, les ports, tout ça s'assemble. Et ensuite moi, je malaxe à ma guise, je mélange lentement les choses que je vois et celles que je pense. Ça prend longtemps ; ça suppose que j'aille chercher au fond de ma mémoire des rêves, des livres que j'ai lus, des souvenirs, pour en faire une photo, oui ! c'est ça, une sorte de photo souvenir. Ainsi morceau par morceau j'y incorpore au fur et à mesure les paysages nouveaux qui surviennent à chaque instant, et à la fin la photo est pleine de gens qui parlent, chantent, bougent, tu me suis? Alors chaque fois, oui chaque fois ça devient comme un énorme palais, c'est ça oui, ça fait comme si j'avais un immense palais dans la tête, avec des foules de gens qui se retrouvent, se rassemblent et font toute sorte de trucs. Et après je n'ai plus qu'à achever le palais et à regarder à l'intérieur. Et c'est follement amusant : exactement comme de regarder la Terre de très haut dans l'espace, plus haut que les nuages. Il y a tout là dedans, tout ce qui existe au monde : toutes sortes de gens parlant toutes sortes de langues, toutes sortes de style dans les colonnes du palais, tous les produits d'alimentation et tous les mets du monde étalés là . C'est mille fois plus vaste et plus détaillé qu'un décor de film – Tous réunis là et occupés à quelque chose et moi , qui regarde. Et il est toujours situé au bord de la mer , ce palais, mon palais. Et il est beau. Point. »MURAKAMI RYU « Bleu presque transparent »
Primi sogni
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making off "L'homme de Londres" de Bela Tarr
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BA corse 2
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