« Kamenko est une fanfare klezmer et macédonienne. Kamenko n’est pas une fanfare klezmer et macédonienne ». En jouant sur le registre plein de paradoxes des musiques d’Europe centrale, cette teinte qui oscille si vite entre joie et tristesse, Kamenko est une interprétation de répertoire Klezmer (musiques juives d’Europe centrale), et de musique des Balkans (Macédoine, Bulgarie, Albanie, Serbie).
Sous-titré « orchestre de poche poétique », le nom de la formation part d’un acronyme qui s’avéra fortuitement signifier « homme de roche » dans les Balkans. Et comme le hasard fait si bien les choses, la musique de Kamenko laisse une place de choix à l’improvisation, à l’arrangement libre et aux tentatives de mixité sonore. Bref, la créativité prime sur l’emprise du traditionnel, mais sans jamais le caricaturer et toujours avec beaucoup de déférence à son égard.FANFARE DE POCHETous issus d’univers musicaux différents, du classique au rock en passant par le traditionnel et l’improvisation, les quatre musiciens de Kamenko apportent leur touche singulière au vaste champ des musiques de l’Est. Et même si leur formation peut sembler réduite pour une « fanfare », ils dispensent une telle énergie et une si vive exubérance sonore que tout est là : des clarinettes (Xavier Blanchot) haut perchées et déroutantes de vélocité, un accordéon (Elsa Ille) tour à tour lancinant et aérien, un tuba acrobatique (Loïc Mortimore) qui saute de rythmes graves en mélodies improbables, un attirail de percussions (Myriam Essayan) énergique et surprenant. Et il suffit de les voir sur scène, pour appréhender toute l’énergie générée par cette fanfare de poche.Mais à défaut d’une immersion totale, leur premier album Crven, fraîchement sorti, est un aperçu sincère de cette atmosphère musicale. Une petite boîte à musique, capable de transformer un salon en salle de bal.JT / Kiblind n°15 – mai/juin 2007