I'd like to meet:
Envahi, submergé, écrasé par le vide, l’absence de tout, le néant, Hugo avait décidé de détruire ce qu’il restait de lui : une enveloppe, une pelure, une coquille, une image Panini collée sur un frigidaire. Le vide avait réussi son putsch et Hugo avait capitulé sans réellement résister. Terrassé par cette blitzkrieg, il préférait partir avec honneur et panache plutôt que d’endurer la honte de la collaboration. Vichy, c’était pas pour lui. Con, mais digne, c’était ce qu’il pensait être et, bien qu’il y ait toujours eu un gouffre entre ce qu’il pensait être et ce qu’il était vraiment, pour une fois, il était dans le vrai, jusqu’au cou.
Extrait de SUICIDE GIRLS, essai, 2007
RACHEL:
Tant qu’il y aura des êtres humains sur cette terre, il y aura des dominants, des dominés, des maîtres et des esclaves.
Mes parents aussi étaient des ouvriers ignorants et exploitables.
Mais MOI, j’ai choisi mon camp.
OUI, j’ai dû faire des sacrifices.
A ma place, vous les auriez faits aussi.
Mais vous ne serez jamais à ma place.
Pendant que les gens comme vous passent leur samedi après midi dans des hypermarchés avec leurs gamins obèses à acheter des pizzas surgelées et des DVD, les gens comme moi vont suer dans des clubs de sport.
Pendant que vous vous masturbez devant des émissions de télé réalité à vous convaincre qu’on peut devenir riche et célèbre quand on est con, vulgaire et paresseux, nous passons des diplômes en cours du soir, nous apprenons, nous nous adaptons.
Extrait de TURNOVER, scénario de court métrage. Cédric Muller 2008. (réal prévu: P. jacquet)
PASCAL
« Y’a un adage qui dit : Si tu gardes ton calme alors que tout le monde panique, c’est que t’as rien compris à la situation ! »RACHEL
« Mais vous êtes complètement cons ! ? ! Hugo, dis quelque chose, merde ! Nous ne sommes pas au boulot, fais au moins comme si t’étais là !»HUGO (se barbouillant de crème camouflage)
« Mon boulot me fait chier, ma vie me fait chier, vous me faites chier. Alors, franchement ? Rock ‘n roll !»MARC
« Ben… ma pauvre Rachel, te voilà à la tête d’un commando suicide, on dirait. »HUGO
« Oh là ! Oh là ! J’ai pas dit non plus que j’allais me laisser exécuter comme un otage d’Al Quaïda ! »ANGÉLIQUE
« Arrêtez de déconner, vous me faites peur. Moi je veux m’en sortir…vivre… avoir des enfants… »MARC
« Une maison avec piscine, une Renault Espace et un labrador ? »PASCAL
« Bon, on va se calmer, là ! On a eu une journée horrible, on est vraiment fatigués, en état de choc et on pédale un peu dans la choucroute. Je pense qu’on a tous besoin de dormir en attendant d’y voir un peu plus clair demain. »MARC
« Si on s’est pas fait saigner comme des cochons pendant notre sommeil ! »RACHEL
« Ça n’arrivera pas, nous allons faire des tours de garde. Hugo, tu prends les deux premières heures. »MARC (une flasque de whisky à la main)
« Je suis pas vraiment sûr de dormir sur mes deux oreilles avec l’autre psychopathe déguisé en arbre qui veille sur moi ! En plus, il a un couteau ! ».Extrait de LES FAUVES, scénario de long métrage, Cédric Muller, 2006 (Réalisateur prévu: P. Jacquet)
Admission, formalités administratives, pesée, tension.
68 kilos, Yes ! J’ai encore maigri !
L’infirmière qui m’ausculte a plus de barbe que moi.
Deux psy, qui n’ont pas trop l’air dépressif, me reçoivent.
Blabla, fatigué d’être moi, blabla, Claire, blabla, trop de pression, blabla.
L’infirmière barbue est assez chaleureuse, malgré son dérèglement hormonal.
Elle m’accompagne au réfectoire pour le déjeuner.
C’est là que je commence à réellement prendre conscience de l’endroit où je me trouve. Terrifié, tremblant comme un moineau sous la pluie, je m’assieds à contrecœur en face d’un légume d’une soixantaine d’années qui mâchouille bruyamment son poisson – épinards, non sans en laisser retomber une partie dans son assiette duralex, à mon grand dégoût.
Derrière lui, un pantin désarticulé tente d’attraper son oreille droite avec sa langue. Il s’agite et lâche des « gnaaahh » de frustration.
Je suis horrifié. Assise à ma droite, une jeune fille blonde, relativement jolie, pique du nez dans son assiette. La blondinette répond timidement à mes salutations en risquant un regard en coin. Ses yeux sont cernés et vitreux ; la pauvre est complètement blindée aux neuroleptiques.
Bon, on oublie la drague.
Extrait de TU IRAS EN ENFER, essai, Cédric Muller 2005. (Collaboration avec W. Van der Veen, EDITIONS ARTHENON, STRASBOURG).
La Horde se déchaîne