About Me
Une très ancienne légende dit qu’il y a un lieu magique, occulté au regard des hommes de peu de foi, où se rejoignent tous les fleuves, les contes et les rythmes du monde.Un lieu de paix, de vie, d’harmonie.Un endroit paisible pour naître, grandir et s’épanouir.Puis, sans heurt, dans la confiance, mourir.Un lieu où le vent du soir conte l’épopée des humains qui se tiennent, justes et vrais, débout sous la voûte céleste.D’aucuns disent que c’est une vallée luxuriante, protégée par de hautes montagnes. D’autres disent que c’est une île lointaine et verdoyante, une corne d’abondance posée sur l’Océan du Monde.On prétend que dans l’enceinte sacrée de ce lieu, les semeurs d’Afrique ensemencent les riches terres d’Europe. Les petites filles chevauchent des tortues géantes, les oiseaux sifflent à l’unisson des tambours. La huppe des déserts d’Arabie chante les louanges de Dieu à l’oreille allongée du Bouddha.On dit que le Roi des Rois a délaissé son palais pour le godjo des serviteurs de la terre. Et que là , avec lenteur, il fait doucement couler, pour ses invités, l’eau chaude sur le café des hauts-plateaux. Comme si le temps n’existait plus, les convives regardent passer les nuages d’après-midi, et ferment les yeux de reconnaissance quand la pluie tiède désaltère les cultures.Une récolte odorante et colorée alourdie le panier des femmes. Le blé mûr se couche sous la faux des hommes. La figure des enfants est poisseuse des fruits dévorés à même l’arbre. Un vieil homme relâche de longues et paresseuses goulées de fumées de sa pipe et sourit au ciel. Et tous sont dans la joie simple de l’abondance.Dans le couchant, des cavaliers font boire leurs montures aux ruisseaux qui descendent des collines.On dit que près du feu des chamanes, les rabbins et les cheiks ont de longues conversations.On dit que les jongleurs et les musiciens font rire et danser tout un chacun.On dit tant de choses… et l’on écoute si peu notre pauvre monde.On dit aussi que nul ne ressort jamais du cadre pour raconter le lieu magique. Mais l’on dit aussi qu’un peintre a parfois, lorsque l’ange de Dieu murmure à ses oreilles, de brèves et fugitives visions du lieu.Alors, on dit que franchir le cadre de ses tableaux, c’est un peu franchir l’enceinte sacrée du lieu…
By Raphaël for Kisséwon, 2007.