Lorsque Yannick Duhamel croise les pas de « Mes souliers sont rouges », en 1998, les
membres du groupe lui proposent immeÌdiatement de se joindre aÌ€ eux. Chaussures
reÌglementaires aux pieds, le voilaÌ€ donc guitar hero de ce fougueux combo inspireÌ par les
musiques traditionnelles du QueÌbec et d'Irlande. Un roÌ‚le de composition pour le jeune
instrumentiste feÌru de jazz, mais ses pairs en ont vu d'autres ; chez eux, les couleurs musicales
s'entremêlent et se croisent en une palette inimitable qui a fait leur succès.
Yannick se prend alors au jeu de la vie de tourneÌe : les concerts qui s'enchaiÌ‚nent, les grandes
sceÌ€nes exubeÌrantes et les petits theÌaÌ‚tres chaleureux, les Francofolies de la Rochelle et l'Olympia.
Et surtout le public, pour qui il se deÌcouvre la passion de l'eÌchange, et qui le lui rend bien.Chez « Mes souliers sont rouges », il n'y a pas de leader autoproclameÌ : chacun des cinq
membres se doit de pousser la chansonnette. En bon camarade, Yannick attrape donc le micro...
et se deÌcouvre chanteur. Tout en basses et en reliefs, son timbre deÌtone. Il y a de l'Å“il qui frise
dans cette voix-laÌ€. Il y a aussi de la seÌduction qui sait garder ses distances, histoire de continuer aÌ€
ne pas se prendre au seÌrieux.Chez « Mes souliers sont rouges », il n'y a pas non plus de creÌateur attitreÌ : chacun est inviteÌ aÌ€
composer et aÌ€ eÌcrire... Yannick saisit donc son stylo... et se reÌveÌ€le auteur et
compositeur. Ses premieÌ€res chansons laissent une forte empreinte sur le bien nommeÌ album
« 5 », sans conteste l'un des meilleurs du groupe. L'air de rien, les fondations de l'univers de
Duhamel sont deÌjaÌ€ laÌ€ : chez lui, la tendresse n'est pas exempte de deÌrision, et l'humour jamais loin
de la graviteÌ. AÌ€ moins que ce ne soit le contraire...
Aujourd'hui, les musiciens aux chaussures vermillon ont deÌnoueÌ leurs lacets. Yannick poursuit en
solo l'exploration intime qu'il avait engageÌe en leur compagnie. Il avait deÌjaÌ€ trouveÌ sa voix. Il ne lui
restait plus qu'aÌ€ avancer en chemin. C'est au studio ICP, aÌ€ Bruxelles, qu'il deÌcide de faire eÌtape.
Geoffrey Burton (guitare eÌlectrique), Nicolas Fiszman (basse), Philippe De Cock (clavier) et Mario
Goossens (drums) viennent poser sur ses partitions leurs interpreÌtations tout en eÌleÌgance. Rien
d'eÌtonnant, quand on sait qu'ils furent les compagnons de route d'Arno, de Bashung ou de
Christophe, mais aussi de Zazie, Zacchary Richard et Maurane. Un quatuor à cordes et une
chorale gospel s'invitent au milieu de ce line up d'exception pour mettre en perspective la sobrieÌteÌ
des arrangements.Les clicheÌs sont souvent friands de ces reÌcits poignants ouÌ€ l'Å“uvre est conçue et enfanteÌe dans la
douleur... Tant pis pour la leÌgende ! Cet album-laÌ€ est neÌ avec le sourire et sans peÌridurale, dans la
bienfaisante peÌnombre du studio d'Erwin Autrique. De meÌmoire de Yannick Duhamel, jamais
disque ne fut enregistreÌ avec autant de seÌreÌniteÌ et de concentration. La magie a surgi sur la pointe
des pieds, comme sur un fil. EÌquilibre subtil ouÌ€ l'on n'a pas besoin de balancier pour aller droit au
but. C'est sans doute aÌ€ cela qu'on reconnaiÌ‚t les moments de graÌ‚ce...De la graÌ‚ce, en tout cas, l'abum n'en manque pas. VoilaÌ€ onze morceaux attacheÌs aux eÌlans
amoureux et à la confusion des sentiments. Onze chansons pour dire le doute et l'insouciance, les
renoncements nostalgiques et l'envie d'en deÌcoudre, les ambiances feutreÌes et les peÌtillances de
la vie. Onze instantaneÌs du quotidien et de l'aÌ‚me dont la reÌalisation sans fard touche au cÅ“ur. Car
Duhamel le sait bien, lui, le chantre de la « poeÌsie ordinaire » : pas besoin d'artifice pour nous
plaire.
Une petite vidéo du "Studio Belleville" (Paris), lors de l'enregistrement des maquettes...Quelques photos prises lors d l'enregistrement de l'album au studio ICP à Bruxelles...