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Exilés

About Me

"El Paso del Ebro" est la première chanson espagnole que j'ai apprise et pour cause, mon grand-père maternel la fredonnait toute la sainte journée, inlassablement, c'est à croire qu'il n'en connaissait qu'une, celle-là. La promenade quotidienne de Cora, sa chienne, était un des rares moments de grâce de l'autarcique patriarche. Un après-midi, je profitai de l'occasion pour lui demander si cette chanson parlait de la guerre d'Espagne. Il hésita quelques instants avant de répondre. Il s'arrêta, alluma une cigarette et nous reprîme la marche. Tout en marchant, il me parla de la bataille de l'Ebre, dernier sursaut de la République espagnole. "Ca a été notre dernière offensive, à nous les républicains... Nos avions ne payaient pas de mine à côté de ceux des franquistes mais on a permis à notre infanterie de passer le fleuve..." Son éternelle quinte de toux se réveilla. Il s'arrêta quelques instants puis il reprit la marche... "L'objectif, c'était de détourner ces salopards de Valence... En fait, le gouvernement républicain voulait renforcer notre crédibilité auprès des Français et des Anglais...Quatre mois de durs combats, tranchée par tranchée, de juillet à novembre 1938..." Il ralluma sa cigarette... "Tout s'est arrêté le 18 novembre". "Pépé, tu y retourneras un jour chez toi en Espagne ?". Il ne me répondit pas de suite. Il rallume sa cigarette qui venait encore de s'éteindre. "Peut-être, le jour où le petit général à la pensée médiocre, la rhétorique plate et ridicule d'un philosophe de caserne crèvera mais c'est même pas sûr...". Quand il parlait du dictateur Franco, c'était toujours en ces termes... Je n'insistai pas sur le "c'est pas sûr" et j'en conclue qu'après la mort du responsable de son exil, il verrait la suite et prendrait sa décision. "... Tu sais petite, il faut mener la guerre contre l'oubli. Même si un jour il y avait une transition démocratique, je suis sûr que la société espagnole fera de l'oubli le principe même de la construction. On imposera aux Espagnols le silence à la mémoire au nom de la paix civile. Ils arriveront à construire un avenir sur l'aseptisation du passé... J'espère qu'un jour, l'Espagne amnésique la retrouvera sa mémoire et là tu verras, on mettra tout à vif"... EXTRAITS "Exilés".
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Catalina Gimenez est chanteuse de flamenco. Fille et petite fille de réfugiés politiques espagnols,elle a dès l'enfance été la confidente de ses éxilés. C'est à travers leurs mots qu'elle évoque la guerre, les morts, les exécutions, l'Espagne perdue mais aussi les souvenirs d'enfance, les anecdotes, les secrets de famille aussi... Un petit livre qui se lit d'une traite, comme une confidence suivie, tantôt drôle, jamais languissante... Sa façon à elle de mener la guerre contre l'oubli...POUR COMMANDER "EXILES", MERCI D'ENVOYER UN CHEQUE DE 10 EUROS, LIBELLE A L'ORDRE DE "ARTE Y MAJESTAD", A L'ADRESSE SUIVANTE : ARTE Y MAJESTAD Vauzème 58200 ALLIGNY COSNE...

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