Artiste expression de la nouvelle génération du Sud Algérien et héritière de la tradition gnawa; belle, généreuse, sensible et communicative, Souad Aslaoui déborde de talent et d'humanité.
Sa voix nous emmène aux portes du désert d'où elle a suivit Hasna el Becharia, mais sa musique, riche en métissages, nous laisse entrevoir le futur.
Lors de ses concerts, cette chanteuse, délicate et forte à la fois, et ses musiciens, qui l'accompagnent au gumbri, à la mandole et aux percussions, finissent par ne former qu’un avec le public.
Souad Aslaoui est née à Bechar, dans le Sahara algérien, au coeur de la région de la Saoura.
Limitée au nord par les monts du haut Atlas marocain et bordée au sud par les dunes rouges et dorées du grand erg occidental, Bechar est à la croisée de courants musicaux riches et métissés.
Ici, la musique bédouine et les tempos berbères se sont, au fil d'une histoire meurtrie par l'esclavage, imprégnés de la musique africaine venue des gnawas.
Descendant des esclaves noirs du vieil empire du Soudan, ils sont restés, malgré l'islamisation, les fils et les filles de Bambara.
Leur musique est une médecine contre les tourments de l'âme: par la transe, elle exorcise; par les chants, elle libère.
La musique Gnawa est un combat, la revendication d’une identité forte, jamais oubliée. La musique et les paroles de Souad Aslaoui le sont aussi.
C'est en France, avec dans sa poche sa licence en biochimie obtenue à l'université technique de Béchar, que Souad concrétise ses inspirations musicales.
En janvier 1999, au cours du festival des femmes d'Algérie au Cabaret Sauvage à Paris, Souad retrouve Hasna "El Bécharia": celle que l'on surnomme aujourd'hui à Béchar "La rockeuse du désert" et qui, pendant trente ans a animé banquets populaires et mariages. Avec cette femme au caractère fort, sans concession futile, jouant de la guitare électrique et du goumbri (instrument traditionnellement réservé aux hommes), Souad posera les jalons d'une prochaine collaboration.
En 2000, elle chante et danse dans le groupe des Diwans de Béchar, et c’est à partir de janvier 2002 que Souad débutera, avec Hasna El Bécharia, une fertile collaboration.
Les mélodies Moghabi qui racontent la douleur, le combat et l'espoir, Souad les chante depuis sa plus tendre enfance, et c’est lors des concerts d’Hasna à Paris, Rome, Oslo ou Essaouira, qu’elle les chantera à nouveau en tant que deuxième voix.
En 2003, l'association « 20 ans Baraka » réunit les artistes de tous horizons, dont Barbara Luna, Hasna et Souad, afin de créer un CD pour la lutte contre les injustices du code civil algérien.
En 2004, elle fait la connaissance du groupe Gnawa Spirit, 100% marocain avec qui elle collaborera de nombreuses fois. Cette rencontre lui permet alors de découvrir qu'en revisitant les rythmes traditionnels gnawa par une vision et des instruments modernes, on en dégage l'énergie maximale.
Lors d’un concert au Mexique la presse reconnait unanimement que Gnawa Spirit possède « un groove d'une force rarement ressentie ».
En 2006 à Essaouira, capitale marocaine des gnaouis, Souad fait la rencontre d'un maître gnaoui : le Maalem Boujmaà qui réunit des musiciens confirmés et avec qui Souad composera 5 chansons. Accouchés dans l'euphorie et quelquefois dans les dissensions, (parce qu'il est toujours difficile pour une femme d'imposer sa vision dans un monde d'homme), les 5 textes et les 5 musiques marquent par leur innovation mais aussi par leur authenticité.
Ils ont en commun cet esprit rebelle propre au caractère de Souad : « Marchandize » dénonce les abus de l'industrie de la musique, « Jabouna » est une révolte contre les conditions de vie des esclaves soudanais d'où sont issus les gnawas ; « Salamo » est un message de paix, mais nous montre à quel point les hommes ont de la peine à la faire exister.
Aujourd'hui, Souad est en train de finaliser son premier album «Marchandize » en tant qu'auteur compositeur et interprète.