Member Since: 17/08/2007
Band Website: facebook.com/emile.loret
Band Members: Spectacle "L'OMBRE DES ANGES" Emile LLORET/Sandrine MANSEL Tous les jeudi et samedi à partir du 24 septembre 2009 à 21h 30 dans la salle "Dedicace" 1er étage du théâtre du GYMNASE, 38, bd Bonne Nouvelle Paris 10e. Entrée : 10 euros avec une consommation - RESERVATION : 01 42 46 79 79/06 23 75 51 01
Influences: Je m'appelle Emile LLORET. Je suis auteur compositeur interprète. J'ai écrit un livre "L'ombre des anges" et je donne un spectacle avec Sandrine MANSEL qui dit des extraits de ce livre sur scène avec moi dans mon spectacle de chansons.
Si ça t'intéresse, tu peux aller écouter mes chansons et lire des extraits de mon livre sur mon myspace. Tu peux m'envoyer un message. Peut-être à bientôt. Emile et une nuit
mai 2008 - Recueil de chansons "Ce qu'on appelle l'amour" éditions l'Harmattan - réf. ISBN : 978-2-296-06027-2Vous pourrez commander le livre « L'Ombre des anges» d'Emile Lloret, publié aux éditions L'Harmattan à la FNAC début août - REF. : ISBN : 978-2-296-09819-0.Couverture du livre : "Emile l'anartiste a toujours écrit des mots de l’âme qui nous transportent vers des ailleurs différents. C’est certainement l’exil et sa musique qui lui ont donné ce souffle poétique particulier. Ce livre est un chant à la vie, à l'absolu, à l'idéal, à la révolte, à l’émotion et à sa vie d’artiste dissolue, délirante et magique. Il a sorti de l'ombre les apparences trompeuses, s'est éloigné des rails qui nous rassurent. Emile LLORET n’est pas un écrivain, c’est certainement un des derniers troubadours en cette période décadente. Est-ce que la vie vaut d’être vécue sans ces transports de l’âme ?" Viviane L.
« qu'on nous laisse la liberté d'esprit d'écrire et de vivre comme on veut et ce qu'on veut. Tant pis pour l'argent ! le confort ! la sécurité ! De toute façon, on s'emmerde ! Alors, qu'est-c'qu'il y a à perdre ?»«un bâtard, un frère chien de rues, à qui il ne reste, par les nuits tombées par terre, que le regard pour regarder, et la voix pour gueuler et crier, et un coeur et encore et toujours une âme pour pleurer et espérer. Alors, clochard des rues ou clochard du ciel, quelle importance ? »Auteur compositeur interprète, Emile LLORET, d’origine catalane andalouse, est né en 1947 en Algérie. Il a enregistré plusieurs CD et s’est produit sur scène avec Léo Ferré, Richard Bohringer, etc… Un recueil de ses chansons a été publié au Scribe l’Harmattan.« Encore et encore et encore d'autres nuits, d'autres fantômes qui s'envolent, d'autres voyages qui voyagent vers des cathédrales, des ciels d'orage de Bretagne, de Normandie ou d'ailleurs. Moi, je suis là tout seul, comme un bateau squelette quand la marée s'est retirée, et je me demande si je vais réentendre le bruit des vagues et le murmure des ambitions humaines.Après la mort, on emportera tout. Toutes les images qui bougent autour de nous, toutes les musiques, les bruits, les rêves qui tournent et se retournent, les mots si secrets, si mystérieux que l'on n'arrive jamais à comprendre, à fouiller, à découvrir le paysage profond d'une bouche, la tête et l'âme des gens qui cachent tant d'amour et de solitude. J'ai pris le dernier train en marche, un train fantôme où il n'y a que toi et moi. Un train qui nous emmène tellement loin, tellement nulle part, pour se toucher sans se sentir, se sentir sans se toucher, dans des villages de montagnes où on voudra nous tuer, nous rejeter encore, parce qu'on ne fait partie ni du jeu, ni des gens."Je voudrais partir. Mais où ? J'ai peur de l'inconnu et des visions inaccessibles.« Vive la liberté ! Vive la bohême ! Vive la pénombre et les aventures humaines et les amis d'un jour et de toujours ! Vive les pingouins et les marsoulins, les parleurs et les beaux-parleurs, les pique-assiettes et les pigeons, vive la galère et les uns pour les autres et les uns sans les autres et sur les autres. Vive tout ! Mais qu'on n'enlève pas sous prétexte de virtuosité, de technique et de réussite, nos émotions, notre sensibilité et notre façon d'être. Pour le reste, chacun a son emploi du temps, son propre planning, ses propres questions, ses propres dépressions, ses nouvelles renaissances, l'art de fermer les portes ou de les ouvrir, sans direction précise, pas même celle de devenir un grand artiste. Mais canard boiteux ou cygne prétentieux, qu'on nous laisse la liberté d'esprit d'écrire et de vivre comme on veut et ce qu'on veut. Tant pis pour l'argent ! Le confort, la sécurité ! De toute façon, on s'emmerde ! Alors, qu'est-c' qu'il y a à perdre ? Une notoriété à acheter, une puissance de guignol ? Des nuits sans amour ? Des mensonges sincères ? Une sincérité qui ment ? De la triche pour être en tête d'affiche ? Des souris et des hommes ? Des monstres à l'heure ? Des rêves sans tristesse et sans mélancolie ? Des vies sans vie ? Non ! Merci ! Direction plein Sud ! Jusqu'au paradis des vagabonds, jusqu'au refus du luxe où il faut toujours paraître et où on ne voit rien du paysage, ni de la vie des gens.C'est pour les hors-la-loi et les déshérités que j'éprouve un sentiment de fraternité. C'est pour vivre en marge que j'écris et que je vis et que je me sens au meilleur de moi-même ; et c'est pour ça que j'ai le front dans tous les brouillards et le coeur toujours aussi fidèle pour tous les rendez-vous, sans vouloir rien expliquer et vivre ni trop loin, ni trop fort.»
« Voilà pourquoi, je n'aime pas le silence. Le silence est fait pour les riches, pour ceux qui peuvent savourer l'air qui passe sous leur nez, pour ceux qui savent que demain sera pareil à aujourd'hui, dans le confort de leurs maisons, avec des petites lampes allumées là où il faut et quand il faut. On peut y mettre un chat, une femme, un piano pour faire joli, un rire d'enfant, pas trop fort, et tout le monde peut se taire, tout le monde se tait et l'on obtient cette chose impalpable et luxueuse qu'est le silence. Mais pas moi, pas les angoissés de la tête, pas les pauvres, toujours à demander quelque chose ! Du pain, de l'argent, des habits ! Comment voulez-vous qu'ils se taisent ! Ce sont des sauvages, toujours à essayer de survivre et vous serez d'accord avec moi, on ne peut pas survivre en silence.C'est comme les chercheurs d'étoiles et de rêves, toujours à gueuler, à crier qu'ils ont trouvé la vie après la mort, toujours à déranger, à critiquer, à sortir leurs mots qu'eux seuls comprennent, toujours à parler pour noyer le silence de leurs têtes comme les illuminés qui prennent les voyelles pour des couleurs, comme ceux qui ont le mal de vivre ou d'amour, à déployer la folie dans leurs têtes, comme on déroule un tapis rouge sang pour les présidents. Ils ne peuvent pas se taire. C'est un monde de mots, de paroles, de vie, loin des moquettes majestueuses et ennuyeuses. Quand vous allez dans un appartement bourgeois, vous vous sentez de suite, immédiatement et pour le temps que vous restez, mal à l'aise. Le silence dit : "Tu n'es pas chez toi, prend ce qu'on te donne et tais-toi, ou va t'en retourner d'où tu viens, dans les bruits des manèges, dans les fêtes foraines avec la musique si forte qu'on dirait qu'elle veut étouffer toutes nos angoisses. J'ai toujours préféré les marchés de Provence aux anti-chambres de la réussite. J'avais un crépuscule dans la tête, un mal de nuit. Je voudrais me délivrer de l'amour et de tout ce que j'ai pu croire. Je voudrais remonter le temps et tout recommencer. Mais il était trop tard. Il est toujours trop tard pour revenir en arrière et changer la couleur des fleurs du vent."
«Comment font-ils pour ne pas se haïr et se détester ? Avec les mêmes crédits, les mêmes restaurants, les mêmes jours qui se ressemblent, les mêmes vacances, la même hypocrisie, les mêmes apparences trompeuses. Chaque mot en cache un autre, chaque regard est un secret pour l'autre, chaque homme se cache derrière lui-même, avec ses maîtresses, ses fantasmes, toutes les femmes rêvent et se masturbent en imaginant des orgies hors du commun. Ils dorment tous les jours dans le même lit, l'un près de l'autre et pourtant si loin, si seuls. C'est la peur de la solitude, la peur de vivre et de mourir tout seul. Alors quel amour, quelle vie ? On s'en fout, on veut quelqu'un pour nous aider à souffrir, à guérir, on veut une béquille pour marcher, pour aller dans la vie, pour effacer cette peur, ce mystère qui est en nous. Ca vaut bien quelques compromis, quelques habitudes à prendre, à mentir et à faire semblant d'aimer.""Je vous comprends, je suis proche de vous, je chante même pour vous, vous êtes si faibles, si malheureux, et pourtant si durs quand vous vous sentez si forts. On a cassé, détruit vos rêves d'avant.. C'est un serpent venimeux qui empoisonne lentement, la tête et le corps. Vivre n'est pas facile, c'est moins dur de mourir.Nos vies sont tellement différentes. Vous pensez trop au fric. On ne peut pas s'entendre. Vous avez trop joué aux Américains : "Time is money". En retour, vous êtes inexistant. Toujours plus d'argent, plus de sécurité, plus de confort, payer. Payer l'amour, les femmes, les artistes, ceux qui vous font rire et pleurer, mais toujours payer, sinon vous n'avez rien que vous-même. Faut être entouré, faire du sport, voilà un bon moyen de ne pas penser, c'est la grande découverte du siècle, se coucher de bonne heure, prendre des cachets pour être de bonne humeur, des calmants pour se calmer, des excitants pour s'exciter, des extasis pour s'extasier, supprimer toutes les odeurs, parce qu'on veut vivre aseptisé. Et encore, je parle des privilégiés, parce que les autres, c'est encore autre chose ! Les nouveaux riches, les nouveaux pauvres, ça n'a aucun sens, aucune limite ; les uns comme les autres, vous voulez du rêve. C'est ça qui vous intéresse, des choses qui vous font vous envoler, qui vous font vous oublier, tout oublier. Je suis comme vous, moi aussi je veux rêver. On n'a pas les mêmes moyens, c'est tout." "Me laissez pas rentrer chez vous, je m'en fous de vos endroits, de vos chichis, de vos manières. Je m'en fous de votre esthétique, de vos minceurs, de vos régimes, je m'en fous de vos maisons, de vos ambitions. Vous êtes tout seul dedans, je vous ai vu, vous aviez peur, vous m'avez appelé, je suis venu, j'avais faim et froid, mais vous ne le saviez pas, tellement occupés de vous, de vos angoisses, de votre confort. J'étais le guignol de vos services, votre homme de compagnie. Mais je ne viens plus, je ne veux plus de vous, et ça vous chiffonne, ça vous tourbillonne la cervelle, parce que des guignols, des oiseaux comme moi, intelligents, humour, talent, profonds, et bien y'en a pas beaucoup. Alors, vous payez et vous venez m'écouter chanter et vous dites : « Qu'est-ce que c'est bien mon cher Emile. T'es de mieux en mieux, t'avances de plus en plus" et vous, vous reculez, vous n'faites que ça, je ne vous aime pas, oubliez-moi, j'ai un naturel gentil, alors, je vous dis "merde", et comme je suis incapable de haïr quelqu'un, je vous prends pour des castors avec vos dents en avant. Mangez votre vie, rongez vos économies, et surtout ne mourez pas, ça me fait plaisir de vous voir vivants ! Allez ! Chao, adieu, au revoir ! La roue, elle tourne, elle monte et elle descend et on tourne tous ensemble avec elle. Je serai plus haut ou plus bas, je ne sais pas, mais il faudra compter avec moi, soyez-en sûr, c'est ma nature, je suis comme ça. Je suis un écureuil, je mange des noisettes et je monte sur les arbres. Mais il n'y a pas que sur les arbres que je monte, je monte aussi sur votre bêtise, votre hypocrisie, votre avarice de l'âme et de l'esprit. Allez ! A bientôt mes doux chéris, à bientôt ! »« Viana dormait près de moi, les cils fermés et son immortelle mémoire dansait dans mes rêves entre les saints et les putains pour me consoler du monde. Elle était mélancolique et farouche et ne regardait pas en arrière de l'existence. Je lui avais choisi une petite, une grande place au coeur de mon paradis et mon chagrin et mes erreurs s'avançaient d'heure en heure. Ma vie s'était écoulée à moitié et je ne demandais qu'une mortelle solitude pour les étoiles et l'ombre des anges qui m'avaient si bien trompé et si mal aimé. Pour oublier le présent on écrit le passé ; mais ça ne change rien ; la vie est une longue mort, c'est pour ça qu'on vit si longtemps. En attendant, on s'abuse et on s'assourdit et on veut être les premiers dans cet avenir où il n'y aura plus la mort. Plus personne ne veut mourir et on voit, çà et là , des Don Quichotte sortir de leurs cavernes au lever du matin et s'en aller tuer la solitude de la mort. »« Alors, sur quel rythme danser ? Et surtout où avancer, où aller et où se trémousser ! Même la pourriture n'a plus de goût ! Les poignards aiguisés ne font plus du tout mal, la peur ne fait plus peur à la peur et l'amour ne sauve plus ni ma vie, ni la vôtre ; en attendant, je dors les yeux ouverts et je crois encore à la victoire des naufrages sur les naufragés ! Pourquoi mentir et se battre puisque l'injustice ne nous touche plus et puisqu'il n'y a plus que des gorges muettes et des poissons prêts à être pêchés et que tout ce qu'on a cru a été broyé.Nous ne sommes plus les fils de la saleté et de la pauvreté ; on est encore plus que quelques uns dans les bidonvilles de nous-mêmes à survivre en cercle restreint de souvenirs. Je prends ma température humaine et je vois que tout va bien ; alors, je redeviens un ange jusqu'en haut des airs ; c'est vrai que je regarde les gardiens de la terre, les gardiens qui gardent la mélancolie et le mystère du monde. Et c'est vrai que je me dis que peut-être un jour ensemble, peut-être que l'on pourrait redevenir pour un instant seulement, comme ça tout naturel, redevenir nous-mêmes, comme un grain de sable sur le rivage de la mer. »« Il a bien fallu que le soleil arrive comme un adieu à la vérité. On s'est retrouvé dans la nullité et la médiocrité du jour. On s'est regardé l'un et l'autre, dans cette autre histoire qui commençait ; on n'avait aucun temps mort dans nos yeux, et un peu plus tôt ou un peu plus tard, on allait être Viana et moi, vraiment perdus, sur la planète des singes. Nous sommes sortis, et la lumière nous a mis, irrémédiablement en face de nous-mêmes. On savait déjà qu'on était frère et soeur d'amour depuis longtemps. On était fou, on était rouge et on était pauvre comme des mendiants de cent ans sur un chemin noir. »« Je faisais des croix sur les arbres jaunes pour défaire les noeuds de mon coeur qui s'emmêlaient et se croisaient. »« Alors qu'on essaye de voler très haut comme des oiseaux, pour s'échapper et atteindre des étoiles de plus en plus lointaines, on retombe comme des corbeaux morts. On est trop lourd. On manque de légèreté, on est comme des cailloux, comme des chewing-gums collés à la terre de nos rêves et de nos peines. Tant pis pour les oiseaux qui tournent comme des papillons fous autour du miroir aux alouettes. »« Je pensais être un géant et j'étais un nain. Je pensais avoir les bras courts et j'avais des ailes tournées par un vent qui faisait mourir les moulins de mes rêves. Je pensais sortir de ma mémoire tous ces gens ; les petits, les gros, mais comme des ombres, ils m'emmenaient eux aussi, dans le demi-creux de la nuit ; le nez en bas, les jambes claudicantes, l'air pas trop sûr de rien sur les terrasses des cafés ou dans des banlieues lointaines vers la porte d'Orléans. Je n'étais pas pour l'aventure, j'avais peur, c'est la vie qui m'a poussé, c'est la vie qui m'a forcé à livrer bataille avec des fous, des satans, tous plus aussi paumés les uns que les autres ; et surtout, c'est la vie qui m'a forcé à livrer une inégale bataille avec moi-même.« Rêve ou pas, je vis, je ris et je pleure avec eux ; je crois en moi, je crois en eux, je crois aux âmes immortelles, je crois au bonheur, aux peines, aux joies, aux temps insouciants, je crois à la mer, aux villes tentaculaires qui nous ressemblent et nous rassemblent, à l'amitié, à l'optimisme, à la gaieté, à l'amour qui nous rend triste et gai à la foi ; je crois encore à la vérité et aux bulles de champagne ; je crois au ventre de la mort, au sexe, aux fantasmes ; je crois à la naissance et à la renaissance, à la gentillesse et à la méchanceté ; je crois enfin, à la beauté de la vie et à son chant du monde. »« En attendant, je passais mon temps à être trompé par les autres et pour les autres. Mais je me disais qu'un jour, je foutrai un tel bordel que plus jamais personne ne s'approcherait ni de moi, ni de ma sincérité. Je les reconnais les sincères, les méchants, les griffes sur des pattes de velours, les aigles sur des chants de colombes ; à coups de pieds, à coups d'ongles, le sourire rentré dans vos dents, vos intestins à l'air ; vos yeux ; surtout vos yeux et votre façon de marcher, les pieds en avant ! et vos envies, surtout vos envies ; et votre jalousie d'avoir toujours ce que vous n'avez pas ; je suis une proie de choix pour vous ; mais je vous attends ; approchez ! ! ! approchez ! ! ! mais vous n'approchez pas ! ! ! Vous avez peur ! Je suis plus fort que vous ; alors, vous prenez des portes, des fenêtres, des forêts. C'est moi qui vous attend, c'est moi qui vous chasse ; vous ne sortirez pas vivants de mon intérieur amoindri ; vous sortirez petit de cette lutte entre vous et moi ; comme ce que vous êtes, hommes et femmes ; comme la rosée d'une herbe en chaleur ; vous êtes juste une prise qui donne de la lumière, une moquette qui donne de la couleur ; moi, je m'allonge sur vous, et je vous fais bander de mon indifférence ; vous êtes des neutres ; vous êtes des tamisés ; je ne veux plus avoir affaire à vous ; ne plus entendre parler de vous ; je veux vous dégager d'un doigt comme ça, pfuitt ! ! d'une main, d'un mot certain. Allez dans vos îles de merde, faites du parachute et de la plongée sous-marine, pas en vous-mêmes, vous n'avez pas assez de folies dans la tête ; sauvez des vies à coups de piqûres ou de seringues, mais s'il vous plaît, ne sauvez pas vos vies, les vôtres ! Elles ne valent rien ou si peu ; je vous entends parler et je n'entends rien ; vous voyagez ailleurs, partout ou n'importe où ; et je ne vois pas de voyage ; vous faites des enfants et je ne vois pas d'enfants ; vous faites des vies et je ne vois pas de vie ; vous riez et je n'entends pas vos rires ; je n'attrape que vos dents et vos caries ; je n'arrache que votre nez et vos narines ; je soupçonne ce que vous soupçonnez ; allez ! ! ! Si je vous laisse faire, vous vous mangeriez tout entier. Je vous sens tellement pas vous-même ! Je sens que vous m'intéressez si peu ; je vous sens tellement en dehors de moi-même que je me demande comment vous pouvez exister même un peu.»"Ah ! Martin ! Ah ! Ravachol ! Je ne te reverrai plus jamais ! On se demandera un jour, où et quand on s'est rencontré ! Dans quelle ville brûlante, dans quel délire, dans quelle page secrète d'un livre, dans quel détour hors du commun et hors du temps, on s'est aimé ! Comme si mourir et vivre était pareil. Alors quoi écrire après tout ça ; où mener nos chariots ; en avant ; en arrière ; c'est le bout du bout ; il me faudrait des raisons drôlement privées pour continuer ! Je n'ai plus envie ni de chanson, ni de création. Ravachol est parti comme un oiseau aux coins des rues ; et tout n'est plus que poussière ; il ne reste que des mots que j'ai oublié. On n'a plus qu'à tout mener comme des chevaux dans l'éternel abattoir de la Camargue, et se laisser envaser, engloutir par le trop de nous-mêmes et de nos souvenirs. Il est temps de partir dans l'enfance qui voyage ; au moins, on devient que ce que l'on devient, sans écouter les autres qui mentent et le temps qui oublie. Qu'on parte dans des pays de mistral et que le vent qui efface tout nous rende fous à la fin ! Qu'on décharge nos vingt mille tonnes de vie et qu'on n'en parle plus et qu'on se sente plus légers ! Qu'on se prenne ! Qu'on s'étouffe ! Qu'on se tue ! Et qu'on se retourne plus derrière nous ! Qu'on arrête de tout raconter ; de tout déballer ; ça ne regarde plus personne ! On n'est plus que les derniers survivants d'un monde de pluie ; que des visages flous sur des photos jaunies ; on n'a plus qu'à se cacher dans l'ombre et ne plus en sortir avec nos souvenirs qui ne font rire et pleurer que nous ; on n'a qu'à s'endormir après tout et s'oublier un peu pour toujours. Adieu Martin ! On a vécu fort, très fort tous les deux dans les nuits bleues vides du ciel ; quand tu aimais mes chansons et quand je me laissais emporter sur les mains de ta folie ; adieu ! adieu ! Rien n'est plus du tout comme avant ! Tout s'effondre sous mes pas ; il n'y a plus que cendre et poussière et que des souvenirs que j'invente ; tout ça est si loin et pourtant si près en même temps. Je me demande si nous avons existé et si on existe encore ; si on n'est pas déjà mort ; et si notre histoire a vécu réellement ; si tout cela n'est pas sorti d'un de nos rêves maraudeurs ; on a voulu vivre trop haut ; on a fatigué nos jambes et on est parti trop loin. On n'arrive plus à revenir et on s'est perdu de vue sur le chemin ; alors, on n'a plus qu'à attendre demain pour gagner du temps, inverser la nuit sur des gondoles noires d'orage, rallumer nos fièvres et nos volcans, et vivre encore une fois, de solitude, d'amour et d'alcool dans les vertiges et le creux des vagues, jusqu'à un autre demain. Demain, on aura un autre cri battant dans les veines, d'autres larmes qu'on aura laissé glisser on ne sait pas où ; demain, on ouvrira le milieu du monde et on sera les rois d'un silence de deux mille années. On n'aura qu'à vaincre nos ombres et sortir de la lumière. Toi, ange de l'enfer et moi, clochard du ciel."« Attends ! Martin, tu comprends, il n'y a plus rien ! Plus de mots, plus d'chanteurs, plus de personnages, plus de musique, plus rien ! Envolé, tout ce qu'on aimait ! disparu ! On reste là comme des cons à regarder les vaches beugler ! Ils le disent ; ils s'en foutent qu'on les croit ou pas ; c'est eux qui mènent la barque, et nous, on n'y est pas dedans ! Et les créateurs ? Ils sont où les créateurs ? Ils les ont transformés comme des petites jeunes filles qui donnent des bonbons à leurs minets ; il ne reste plus rien que des façades ; des choses pas vraies ; tout est en surface et il n'y a plus rien au-dessous ; tu ne trouveras que des choses bien enrubannées, bien enveloppées avec un joli noeud comme pour les paquets cadeaux ; les poètes, les paroles, les fous, les illuminés, il n'y en a plus ; les illuminés, éliminés ! ! ! Les écrivains, les peintres, les comédiens, les films, les metteurs en scène, les comiques, les pas comiques, que du bidon, que des conneries pour faire du fric ; d'ailleurs, c'est bâtard tout ça ; ils essayent de donner de l'émotion à des gens qui sont impuissants d'émotion ; mais chut... y faut pas parler trop fort, y faut pas écrire trop haut, non plus ! Sinon, t'es bon pour sing a song solitude et pour la pauvreté volontaire à perpéte ; et puis, même si ils t'entendent, ils t'écoutent pas ; alors, d'un côté comme de l'autre, on est baisé, entouré, encerclé d'épouvantails fantoches. Qu'il y en ait toujours qui suivent et d'autres qui soient toujours devant, qu'est-c'que ça peut foutre, ce sera toujours pareil !!! »« Alors, les artistes, ils m'emmerdent avec leurs grandes idées, leurs bons sentiments à parader avec leurs grosses bêtises et leurs gros pétards d'artifice ; ça me donne du brouillard dans la tête. Moi, ce que je préfère, c'est les bagnards, les rejetés, les condamnés, les tarés, les fous de l'absolu, les détraqués ; eux, au moins, ils sont enfermés et ils feront plus chier personne ! Je te le dis, Martin, il faut se méfier des gens libres et heureux ; c'est eux, les dangereux, les emmerdeurs ; à râler pour un oui, pour un non ; tu veux que j'te dise ? On a qu'à tous les enfermer, boucler tout l'monde et rester tous les deux, peinards, sans personne pour nous contredire, ni nous contrarier ; mais c'est impossible tout ça ; je le sais ; je le sens ; je le vois ; on sera encore obligé de se transformer en caméléons et de taper encore à leur porte avec des pierres parce qu'il n'y a plus de sonnette ! J'te le dis, pour nous, c'est bien fini ; on sait rien dissimuler, c'est pas qu'on peut pas, on n'est pas plus con que les autres, mais ça nous fatigue, on veut pas, on veut plus. Alors, on n'a qu'à aller au vestiaire déposer nos rêves de fortune et de gloire, ce qu'il nous reste d'idéal, et s'en aller comme ça avec les gens, sans dire d'où on vient, qui on est, ni où on va, on n'a qu'à se serrer comme des saucissons les uns contre les autres avec nos tas de soucis ; on se fera tout petit, et peut-être bien qu'avec un peu de chance, on éprouvera de la chaleur, du bien-être et qu'on oubliera tout ça avec le temps, avec la neige et le vent et les saisons qui passent ; et qu'on arrivera peut-être à se dire un jour, qu'on n'est pas si malheureux que ça. »"Alors, je me presse les oreilles, je me cache les yeux, je ne m'écoute plus, je m'attache les mains et le coeur au mât de mon voilier, et comme ça, je n'entends plus ni le chant des sirènes, ni l'ombre des anges ; mais il y a toujours derrière moi et à côté de moi toute une meute de chiens qui hurle à ma vie qui vit et à ma mort qui meurt, qui se frotte contre mes jambes et me mord au sang d'amour et de rage, parce qu'ils savent bien, eux les chiens perdus sur les trottoirs de la lune, sans collier et sans maître, sans adresse et sans trop d'espoir, que je suis comme eux ; un bâtard, un frère chien de rues, à qui il ne reste, par les nuits tombées par terre, que le regard pour regarder, et la voix pour gueuler et crier, et un coeur et encore et toujours une âme pour pleurer et espérer. Alors, clochard des rues ou clochard du ciel, quelle importance ? »« L'important, bien sûr, ce n'est pas d'écrire, c'est de vivre et de mourir sa vie du mieux qu'on peut... ou que l'on ne peut pas, en chassant surtout de sa tête, les amours déçues, les rencontres ratées, les vies gâchées, les nuits et les heures inutiles, et les mots que l'on ne dira jamais à personne, parce que celle qu'on aime est trop lointaine, parce qu'on l'a trop éloignée de soi et qu'on a trop et tout enlevé de son visage, de son sourire et de son corps, qu'on a tout dégagé jusqu'à ne plus se souvenir de la couleur de ses yeux, pour garder juste pour soi tout seul, ce regard qu'elle a planté en vous et qu'on garde tout au fond de son intérieur comme un bijou précieux ; on l'emportera un jour et pour toujours ce regard dans une vie ou une mort prochaine sans ne jamais rien dire à personne ; sans que personne jamais ne nous l'enlève. Jamais."
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Record Label: Alternatives Distribution
Type of Label: Unsigned