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Earthwork était un terme employé pour désigner les œuvres d'art qui, au milieu des années 60, utilisaient le désert américain. Elles avaient recours à de gros moyens techniques et laissaient des traces définitives sur le paysage. En outre il n'était possible de les « voir » dans leur totalité que depuis le ciel. Les diptyques reproduits ici sont faits de deux photographies représentant le même lieu, l'une est une photographie d'un écran LCD représentant ce dernier avec Google Earth, l'autre celle du lieu lui-même. Une cible et des coordonnées GPS positionnent l'opérateur, comme la mise en mémoire d'un lieu sur le logiciel ou un repère sur une carte. Google Earth est à la fois une carte, de la photographie satellite, un espace communautaire et, en quelque sorte, la simulation ludique d'un outil de surveillance. Virilio présente le logiciel comme un panopticon numérique, mais à l'heure actuelle la distorsion entre ce qui est représenté et l'évolution du paysage est due au faible taux de rafraîchissement des images satellites. Outil de découverte, la carte est en même temps une grille entrecoupée de longitudes et de latitudes qui se rencontrent désormais dans l’espace cybernétique. Avec l’objet carte, l’individu devait redresser l’image cachée à laquelle il était renvoyé, ici l’anamorphose se produit par un placage photographique sur des données altimétriques (cf. rachat des données du programmes SRTM de la NASA). Google Earth est utilisé ici comme par un découvreur orientant sa curiosité à l’aide des outils numériques, qui se servirait du discours théorique pour porter une matière réflexive, et de la photographie pour partager une expérience sensitive. Assimilables à la dérive situationniste, mais ne s’y restreignant pas, les photographies de ces situations sont aussi proposées comme des expériences critiques testant la capacité du médium photographique à questionner ses propres particularités...