Ronan Siri

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La p’tite cravate blazonée au cou, le pull à rayures, dressé comme un i parmi mes camarades, je chante tout en couic et couacs des hallelujah guindés et des arias de bach dans la chapelle du collège St Jean Baptiste à Rouen. Je suis en 6eme et c’est la première fois que je me familiarise avec les notes et avec cet organe encore enrayé qu’est ma voix. C’est aussi la première fois que je chante en public, il fait un froid à glacer l’eau des nez aquilins des bigotes qui nous écoutent, et malheur ! Ma voix est complètement enrouée et je dois chanter en solo! Fort de cette merveilleuse expérience d’humiliation publique, je me promets de ne plus jamais chanter.
Quelques années plus tard, c’est le changement de vie alors que j’emménage à Lyon.
D’abord parce qu’il y fait soleil très souvent, ensuite parce que le jour de mes 16 ans, mes parents et moi visionnons des vieilles cassettes pour se remémorer les souvenirs de famille. Parmi toutes, une image me frappe, souvenir très lointain surgissant du passé : nous sommes aux Etats-Unis, mon grand-père, disparu à ce jour, me tient dans ses bras et me fait danser. En fond sonore, on entend mon père et mon oncle jouer de la guitare. Ils jouent et chantent « Take me home » de John Denver. Un déclic. Dans la chanson « You », je rends hommage à la mémoire de mon grand-père, que je n’ai pas eu réellement le temps de connaître et que je ressens comme un manque.
C’est le début de ma passion pour la musique, et particulièrement le son acoustique de la guitare. Je me saisis alors de la vieille Watson jumbo country de mon père, qui dans sa jeunesse était un vrai tombeur rockeur, dans les années 60 au Laos. Je lui demande de m’apprendre des accords. Le temps d’une après-midi, il me montre tout ce qu’il sait, et je tente de retenir. Et je travaille, et je travaille…et je travaille, sans de cesse répétant les accords. Je retrouve mes hallelujahs avec un Hallelujah chanté par un certain Jeff Buckley…Je redécouvre aussi Elvis qui en fait a bercé toute ma petite enfance, The Beatles, Jimi Hendrix etc…Et tombe amoureux du son de Ben Harper, Jack Johnson, Matt Costa, Jason Mraz, The Moldy Peaches et bien d’autres encore, que je me plais à reprendre en cover. Je me mets aussi à l’électrique avec mon Epiphone et au son plus métallique de ma Dobro (avec son légendaire Bottleneck).
Puis je suis retourné aux USA. Le Kentucky et le Kansas sont les états où vit le reste de ma famille, du côté de mon père. Royaumes du Blues, de la Country, de la Bluegrass et surtout de la Guitare ! J’y rencontre alors mes cousins, guitaristes eux-mêmes. On a vite accroché. Nous faisons deux ou trois concerts dans des bars en bœuf. Ce voyage a alimenté ma passion et me motive au plus haut point.
Aujourd’hui, mes débuts remontent à un peu plus de deux ans. La vieille watson de mon père m’accompagne toujours. J’ai pris goût à régler les balances, les volumes, à démêler les câbles de 12 m de long voir 20 m, à composer…C’est tout cela que j’aime.
Maintenant, tout ce que j’espère, c’est que mes créations vous parleront!