Biographie par Rapha : Printemps 1979, je chante au sein de la formation Carthage originaire de Grandville. Je viens de me séparer pour la énième fois, d’un groupe excellent, par manque de moyens. Les bals publics et autres manifestations populaires sont en perte de vitesse, et malgré un chef d’orchestre généreux qui se démène vaillamment pour nous salarier correctement, je sombre dans un profond désespoir de No Futur, hurlé sur les radios par les Sex Pistols.
Jeannot, Bernie, Nono et Raymond répètent comme des fous à Baugé, chez Pierrot Marqué, un de mes guitaristes adulés.
D’autres font de même, et nous sentons tous que quelque chose va se produire dans les prochains mois, aussi l’ordre est à la production. Océan, ouvre le bal, Trust prend le relais, et quel relais !
De mon coté, j’auditionne avec un groupe de banlieue ouest, très prometteur, ayant vu le jour dans la moiteur des caves et composant des thèmes bien ficelés. Nous ressassons durant des mois des mélodies, des refrains et des solos. Puis enregistrons une démo.
Malheureusement suite à de graves problèmes d’ego, le Split verrouille subitement le projet.
Entre temps, ladite Démo atterrit chez Polydor, qui s'empresse aussitôt de me confirmer son grand intérêt, par un contrat d’artiste.
Séance tenante, Henri Barbut, qui tout comme moi avait été "remercié", me rejoint. Puis ce fût le tour le Didier Bernoussi.A ce moment, vu que nous étions un nouveau gang, une fraîche entité naissante, nous n'avions pas encore abordé telle appellation, tel Logo officiel.
C’est en réalisant une Pub pour une marque de Jeans célèbres, que le directeur d'agence nous baptisa : WARNING. Adopté séance tenante, j’engage en guitare dominante, Joël Hervé, qui est reconnu meilleur guitariste de scène du moment. Quelques semaines se déroulent en préparations diverses. Joël est un virtuose exceptionnel, une grande "paluche", un "Gipsy Killer" né.
Il arrange une série de titres de notre répertoire, nous sommes comblés. Malheureusement, une après midi, alors que nous répétions dans le local du Bonheur des Dames, il m’annonça son départ, étant donné qu'un contrat mirobolant avec une Star de la scène francophone, le séduit et l'invite à subvenir généreusement au buget de sa famille.
Cependant, comme tout monarque chevaleresque qui se respecte, il nous proposa Christophe Aubert, qui débarquait tout droit de chez Johnny Hallyday.
Coté bassistes, la situation se complique car le Slap règne en maître. Nous endurons la croix et la bannière.
Le milieu reste estrêmement fermé, aussi les recherches s’avèrent, pour le moins qu'on puisse dire, utopiques, illusoires.
Enfin, après quelques semaines de négociations et d'auditions multiples, Alain Pernette nous rejoint.
En piste ! Ou plutôt, Bienvenue à bord !Nous nous installons dans une péniche du coté de Boulogne et assemblons une à une les harmonies de notre premier album. Trois mois après, le groupe au complet se retrouve en studio avec la complicité de Dominique Blanc-Francart, puis perce le Box Office au bout de trois mois.
Le Skud tant attendu est là dans tous les bacs et vitrines des disquaires de l’hexagone (je les salue et les remercie au passage). Le succès est fulgurant. En dix semaines, 65000 exemplaires sont vendus, et le mercure continue à monter, destination le disque d’or.Une tournée, régie pour le mieux par “Popol†et son staff de techniciens, se déroule passablement malgré la lourde machinerie et les moyens employés. Chacun s’affairant de son mieux pour que le Logo WARNING progresse dans le succès. Hélas, sous l’emprise d’un individu malhonnête et mégalomane (notre coach), l’empreinte initiale se désagrège laissant place à un style de musique et d’interprétations vocales totalement différentes.
Grand puriste de la première heure, je sombre peu à peu dans la déprime et voit l’horizon se voiler.
Hypnotisée par les sermons du bonimenteur, la formation se dirige peu à peu vers le point de non retour, l’ensevelissement total, la catastrophe irrémédiable.
Une nouvelle Démo, un producteur allemand, une équipe de réalisateurs d’outre Rhin et c’est reparti, direction Pulheim (entre Düsseldorf et Köln). Je chante sur le Shure de Klaus Meine, avec un Dieter Dierks aux fouets. Michaël Wagener anime le desk, nous swinguons devant des Topless en furie.
On croit rêver !De retour à Paris, notre nouvelle galette est relativement controversée. RTL, France Inter, et RMC la chérissent. Les autres stations, sauf certaines radios libres, la boudent. Les critiques nous assomment et j’en prends plein la gueule.
“Dans le fond, c’est normal, j’ai chanté comme un con, sous la pression des schleus qui n’ont rien compris à l’affaire et surtout par lâcheté de ma partâ€. Bref, le bide total, ou presque. Je m'en veux à mort.
Période désenchantée et coup fatal avec la décision prise par Polydor de modifier nos accords de base, de mettre un épilogue à notre tournée.
En toile de fond : récupérer à court terme, les deniers déboursés, pratiquement doublés sous l'effet d'une soudaine inflation monétaire internationale (Pendant notre séjour en Allemagne, le Deutsch Mark doubla de valeur par rapport au Franc).
En dépit de notre volonté nous abordons une décennie de plans sociaux, de restructurations diverses dans le show biz. Tout va mal dans les Majors et nous en payons les pots cassés, comme de nombreux artistes de l’époque. Certains catalogues sont supprimés, et avec eux, le personnel artistique.C'est alors que notre “manager†suggère de casser le contrat. Après tout, certifie-t-il très sur de lui :
"Nous n’aurons aucun mal à signer ailleurs !".
Comme il fallait s’y attendre, notre contrat est cassé par la volonté générale du gang, sous les éclatantes incitations de notre “brèle†tant adulée et de mon erreur d'avoir cédé à ses défis et fantasmes de tous bords !
Adieu Polydor, adieu carrière, bonjour les galères !
En attendant les soit disant super protocoles d’autres Labels Majors, qui nous font attendre, languir, décourager ; nous répétons… encore et toujours. Finalement, au bord de la dépression, et n’ayant plus le minime espoir en l’avenir de WARNING, le coup de grâce arrive. C’est la séparation de corps et de biens.
Je me sens exorcisé, libre, émancipé d’un mauvais rêve. A vrai dire, je n’avais plus rien à gagner ou plutôt, tout à perdre.Quelques semaines plus tard, je repars en Allemagne, mais cette fois ci, pour trois ans.
De Hanovre à Munich, de Berlin à Hambourg en passant par la Scandinavie, je mène une série d’aventures sans pareil avec des formations internationales, et surtout avec moins de prises de tête qu’auparavant.
Enfin je pose mes tiags à Düsseldorf et forme ENERGY avec Hermann Frank qui vient de quitter ACCEPT.
La suite, vous la connaissez, (voir biographies).
Deux disques avec The ELEMENT et l’aventure continue.En définitive, ce qui me fit le plus mal durant cette époque WARNING, fût à la fois la perte de mon groupe dans les mains de sombres voleurs de talents et de notoriété, sans compter le profond malaise de mes fans qui restèrent sur leur faim.
Mon plus grand bonheur est sans aucun doute, cette amitié sacrée et éternellement fidèle, qui me relie à eux.Et comme citerait Frédéric Dard à mademoiselle Show Biz :
“Tout à une suite chérie, j’avais des talents de con, j’aurais pu être heureux !â€.
english version soon to come !!!