About Me
Il y a vingt ans, Martin Garance surnommé « le petit chanteur » taillait la route sur son vélo en fredonnant des chansons de toujours. Artiste dans l’âme, il se déguise en l’honneur des émissions de variété qu’il regarde et auxquelles, dans ses rêves, il participe déjà . C’est également par la télévision que l’adolescent découvre Dionne Warwick et sa chanson « Heartbreaker ». Ce titre agit sur lui comme un révélateur ; il marque non seulement le début d’une vocation, mais resurgit à chaque moment important de la vie de Martin, comme pour lui intimer l’ordre de garder le cap.
Le jeune homme au parcours tortueux navigue en effet à contre-courant des modes et des tendances de son époque.
Loin du monde de la musique, le bachelier opte pour une formation de bijoutier- joaillier, tout en s’essayant à l’écriture de poèmes, de nouvelles, de paroles de chansons. Il dévore Flaubert, Rimbaud, se nourrit de Brel, de Barbara et d’Aznavour, ces véritables stylistes de la chanson française dont il partage la sensibilité. Martin se cherche. Après une courte escale place Vendôme, il renonce à une vie tracée et enchaîne les petits boulots.
A vingt ans, il enregistre ses premières maquettes sur du matériel de fortune avec Philippe Falliex compositeur et batteur de Liane Foly. Afin de se rapprocher de professionnels, il se fait embaucher au culot par la maison de disques Tréma. En 1992, il y rencontre Dominique Gillis, compositeur et arrangeur de plusieurs artistes du catalogue. Dominique croit en l’artiste et lui offre une musique composée à l’origine pour Michel Sardou, sur laquelle Martin écrit « Le monde à l’envers ». Cette chanson porte bonheur ne l’a jamais quitté et figure naturellement sur son album.
Pour trouver sa voix, Martin quitte Tréma et décide de parfaire sa technique vocale avec l’un des plus grands professeurs de chant français : Annette Charlot. Entre le maître et l’élève, le coup de foudre artistique est réciproque. Attentive et intransigeante, la magicienne prend sous son aile et ne lâche plus celui dont elle dit « il est mon dernier cheval de bataille ». Peu à peu, Martin prend confiance et trouve sa couleur.
Obsédé par l’idée de sortir un disque de chansons françaises à la hauteur de ses aspirations, il s’y consacre pleinement. A partir de 1993, le chanteur pose sa voix sur différents titres et multiplie les auditions ouvertes aux jeunes talents. Finaliste des tremplins de la chanson de Paris, il représente la France à l’Eurovision turque en 1995, puis passe l’audition de Richard Cross où Françoise Hardy, Présidente du jury, salue sa performance.
En 1998, il rencontre Alexandre Javaud, pianiste de formation classique et accompagnateur de chanteurs lyriques. D’univers musicaux très différents, les deux hommes se retrouvent dans l’envie de composer un répertoire sur mesure : Alexandre crée les climats sur lesquels Martin imprime sa fibre poétique. L’alchimie opère. En quatre ans, le tandem concocte une trentaine de morceaux piano-voix et en enregistre une vingtaine.
En 2002, le duo trouve une complice de haut vol, Marie-Jeanne Serero, à qui l’on doit de nombreuses orchestrations et compositions de musiques de film. Elle est séduite d’emblée. Professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique, elle inscrit alors au programme pédagogique de l’année, l’épreuve d’écriture d’arrangements pour 6 titres de Martin Garance. Etoffé d’un quatuor à cordes, de flûte, clarinette & harpe, un mini Lp est enregistré dans des conditions exceptionnelles et correspond enfin à la couleur et au rêve de Martin. Il fera l’objet de deux signatures successives par des labels indépendants sans toutefois voir le jour; les divergences artistiques sont trop grandes…
Début 2004, Martin rencontre enfin le producteur idéal. Virginie Acariès, sensible à l’univers original des artistes, adhère sans réserves à leur liberté de création et met tout en œuvre pour la réalisation du premier album de Martin Garance, « Entre-temps ».
Les treize titres se feuillettent comme un livre d’images où la poésie donne le la. De métaphores en jeux de mots, les textes résonnent, les dialogues de cordes, piano et voix vibrent à tous les temps de la vie, de l’enfance à la maturité. Revisitant tous les thèmes musicaux, une pièce pour piano conclut l’opus en un harmonieux épilogue.
Romantique assumé, l’interprète magnifie les passions et faux-semblants ciselés par l’auteur. Martin Garance est aussi musicien autodidacte. Il a signé les mélodies de 3 titres (De fil en aiguille, Les petites morts, Esclave de personne), où il décline les univers factices qu’il faut quitter pour se reconstruire ailleurs et autrement.
Suivons le dans un album tendre et mélancolique où « l’œil écoute » et revisite l’atmosphère des films noir et blanc de l’après-guerre. Martin Garance, un brin dandy, est à l’aise dans le décor. Il pourrait surgir d’une scène de théâtre aux côtés d’Arletty, tel un enfant du Paradis, ou nous conter les amours contrariées de La Ronde de Max Ophuls. En meneur de jeu, il nous confierait « j’ai deux mots à vous dire à propos de nos âmes ».
Ariane Schuman-Dreyfus -Novembre 2006