Dans l’imaginaire d’une majeure partie de la population, les free party relèvent simplement de rassemblements sauvages, organisés de préférence sur des propriétés privées (champs, forêts, bases militaires…) où une certaine catégorie de jeunes se donne rendez-vous, pour écouter des kilos de son techno dégurgités par des murs d’enceintes, tout en s’imprégnant les neurones de psychotropes.Si il y a une part de vérité dans ce qui vient d’être énoncé, rappelons que sous la Prohibition aux Etats-Unis des soirées illégales étaient organisées et que le rock dans les années 60-70 sera tout aussi décrié pour finalement devenir une musique respectable qui n’effraye plus grand monde. Pourtant les free party (appelées aussi teufs, fêtes libres, Z.A.T. Zone d’Autonomie Temporaire, etc…) ne se synthétisent pas à ce résumé rapide relayé par une grande partie des médias généralistes.
Né au début des années 90, sous le nom de Rave Party, qui deviendront commerciales et mercantiles, les Free Party divergeront de ce courant initial offrant comme alternative la gratuité et l’occupation « illégale » de terrains.Initié par le collectif anglais Spiral Tribe (regroupant entre autres 69db, Crystal Distortion, Ixindamix, Mark Stormcore, DJ Tal aka Jeff 23, Meltdown Mickey….) qui débarquera en France en 92/93 avant de parcourir et faire découvrir ce courant à travers toute l’Europe, les Free Party font aujourd’hui partie de l’histoire de toute une génération.
Au début des années 90, le réalisateur Yann Richet (auteur du documentaire Traveller Tchèque), tombe rapidement dans le bain de la culture électronique avec les afters Kitkat, les Raves ou une certaine fête à Mallemort qui semble lui faire prendre conscience de l’importance de ce qui est entrain de se passer à l’époque. Par le biais de Cyberskum, il rencontre les Spiral Tribe, Okupé et autres acteurs de la scène free française puis par la suite il devient VJ. En 95, armé d’une caméra, il décide de filmer le courant de l’intérieur, interviewant ses acteurs et ses participants, entrecoupés de scènes de lives, pour un documentaire socioculturel qui montre sans artifice la Free Party telle qu ‘elle était à l’époque, pleine d’utopie et d’envies, une manière de décompresser du monde matérialiste dans lequel chacun vit au quotidien.La Free Party est pour une partie de la jeunesse, une porte de sortie, un moyen de se lacher librement sans contrainte extérieure, de faire la fête sur 3, 4 jours, voir plus, laissant libre court aux pulsions du corps et de l’esprit. On voit à travers ce documentaire que dès leurs débuts, les teufs sont rapidement réprimées par les autorités.
11 ans après, que reste-t-il de l’esprit des free, comment ont-elles évolué ? Quel regard portent les acteurs de l’époque ? Un début de réponse est donnée avec le deuxième film, Raver 2.0, qui donne la parole à des artistes comme Crystal Distortion, Cyberskum, Babylon Joke… Le constat n’est pas forcément des plus positifs, l’idée d’offrir une autre alternative de vie, n’ayant pas abouti. Les autorités entre temps ont mis la main sur les fêtes en donnant à certaines la permission de se dérouler, les Sarkovals. Celles qui continuent d’exister de façon underground, se sont faites moins nombreuses et le son s’est uniformisé, pour devenir quasiment hardtek. Comme le dit Crystal Distortion, Il y a eu message, mais ça n’a pas été le même message pour tout le monde.
A travers, les deux documentaires de Serial Raver, un pan de l’histoire de la scène free party est montrée telle quelle a été et ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Quelque chose de mercantile. L’humain est comme ça. La musique électronique est rentrée dans les moeurs, elle illustre les jingles pubs, les journaux télévisés…, la Techno Parade défile chaque année, mais pourtant il continue d’exister une certaine méfiance vis à vis de ce mouvement, qui a pourtant prouvé son ouverture d’esprit, et qui tombera peut-être grâce à ces deux documentaires.
On attend de voir ce que cela va pouvoir devenir. La réponse dans dix ans.
LE VIRB DE CYBERSKUM :