Née a Marseille, mais n’ayant ni l’accent du sud ni la fibre provençale, c’est tout naturellement que Frappuccina essaie de monter son groupe de punk rock (et non pas de reggae) à 15 ans.
Fan des Smashing Pumpkins auxquels elle voue un culte la poussant a consommer des litres de soupe de potiron chaque automne, elle colle plein de stickers sur la guitare électrique que son papa lui a acheté lors d’un caprice particulièrement opiniâtre.
Négligeant les cours de solfège et toutes « ces conneries », elle finit tout de même par réussir à s’habiller kinderwhore avec des fringues de chez kiloshop, et chanter faux la moitié du répertoire de Hole en s’accompagnant d’accords mal barrés (cymbales).
Lorsqu’il reçoit sa maquette en 96, David Geffen reste sceptique et ne la signe pas « ça sent le réchauffé », soufflera-t-il à sa secrétaire.
Fin 98, fatiguée de jouer des anthems grunges dans les barmitzvas, elle revend sa guitare dans un Cash Converters pour cinquante dollars, et, histoire de décompresser un peu (et de boire autre chose que du champagne Laurent Perrier), elle enfile sa paire de skate-shoes préférées et se casse en free-party.
Ça lui plait, mais comme elle veut avoir une maison, et pas de chiens, elle décide avant tout de s’occuper de sa vie sexuelle et de finir ses études ardues de développeur. Ceci terminé (five years later) elle retourne en free-party pour voir ce que c’est devenu, l’underground, mais ça ne lui plait plus.
Alors, elle se met à arpenter les clubs et les gros festivals de musique électronique.
Fin 2004, alors qu’elle se promène sur le dancefloor de ilovetechno, à Gent, elle croise Miss Kittin aux platines. Caroline jouera alors un disque de Terrence Fixmer et Douglas McCarthy remixé par The Hacker, dont la mélodieuse darkitude hante encore Frappuccina certains soirs d’orage.
« Rock’n’roll » se dit-elle.
Frappuccina décidera cette nuit là qu’à défaut d’avoir monté un groupe de punk rock en 1995, elle s’achètera des platines en 2005.
Et David Geffen ? Depuis ce jour là , on a plus jamais entendu parler de lui.