Shtarak Nikov

Tout a commencé dans les steppes gelées de Sibérie lors de la chutte de l'Union Soviétique en 1997 (le temps que l'information circule). Une poignée de kolkhoziens et de kolkhoziennes, las de briser le givre à la petite cuillère pour planter les bananiers nationaux commandés par le haut syndicat agricole moscovite, décidèrent de s'affranchir de leur ingrate tâche pour partir en vacances à Acapoulco et rencontrer enfin les camarades impérialistes diaboliques. Ils confectionnèrent alors un ballon dirigeable doté d'une toile dont la superficie équivalait à environ la taille de deux terrains de pelotte basque scotchés bout à bout, fabriquée à partir de tous leurs sous-vêtements de rechange cousus ensemble. Deux problèmes se présentèrent alors à l'intelligentsia communautaire: n°1 personne n'avait jamais entendu parlé de la pelotte basque, n°2 avec quel air gonfler un tel volume?? Ils délaissèrent momentanément le premier problème pour se consacrer à la recherche d'une solution au second. Ils cherchèrent durant des jours et des jours sous chaque boule de neige de la toundra pour finalement la trouver juste sous leur nez: leurs bouches, qui reliées à leurs poumons leur permettraient, avec une ferveur toute stakhanoviste et un esprit d'équipe traditionnel, de souffler dans le ballon en se reliant nuits et jours par escouades de 14 personnes environ. Beaucoup périrent dans les fondations de leur rêve, mais l'aeronef fini par prendre des formes généreuses, puis, une fois tendu comme le string de Gorbatchev, emmena les survivants vers une odyssée dont nous ne vous conterons aujourd'hui qu'un bref résumé... Au cours du voyage, le stock de glaces à la banane et de vodka diminua rapidement d'une façon alarmante. Pour ce qui est de la nourriture le rationnement s'imposa rapidement, mais pour la boisson quel drame! Chacun sait qu'un être humain ne peut pas survivre plus de 2 jours sans boire un petit coup. Ils durent donc sacrifier la totalité des stocks de vodka qui servait à la toilette, à la médecine de premiers soins, à l'entretient du véhicule, à la sécurité à bord, à la défense en cas d'attaque massive d'enfoirés de capitalistes... En bref, la situation devint vite assez stressante pour l'équipage qui d'autant plus, manquant de sol glacé à creuser, commençait à s'ennuyer ferme. Ils décidèrent alors à l'unanimité totale (moins les quelques réactionnaires rapidement jetés par dessus bord car l'unanimité est une chose sacrée) de se faire pirates de l'air. La technique d'abordage trés pointue fut difficile à acquérir et ils ratèrent quelques boeings avant d'être tirés d'affaire. Ils accostèrent un cargo belge transportant de la bière d'abbaye, qui résolu tous les problèmes d'intendance: la découverte du breuvage leur fit l'effet d'une tartine de nutella au goulag, bien qu'un peu fadasse cela nourissait et désaltérait à la fois et c'était délicieux! Leur alimentation s'équilibra et l'apport de céréales leur facilita le transit intestinal. Mais le mélange avec leur alcool natal provoqua quelques dégâts. L'ennui cependant restait un réel problème. Ils partirent alors à l'assaut d'un avion de ligne transportant un orchestre philarmonique. Dans la joie de rencontrer enfin de nouvelles personnes et un nouvel espace où tout un pannel d'activité autres que l'alcoolisme s'offrait à eux ils pissèrent dans les coins, vomirent sur la moquette, firent l'amour aux fauteuils, défenestrairent les passagers, les pilotes et les hotesses de l'air et repartirent toujours aussi saouls en embarquant avec eux les instruments de l'orchestre. Et là ce fût la révélation...