Kalashnikov Soundsystem profile picture

Kalashnikov Soundsystem

bal populaire & internationaliste

About Me



Un jour, un bûcheron qui avait oeuvré laborieusement au ramassage d'un bois trop humide, décida de s'enfoncer au plus profond d'une sombre foret, là où depuis des décennies nul homme ne s'était aventuré et où on disait le bois aussi vieux que les principes moraux des curés de campagne. Le bûcheron, qui pouvait s'enorgueillir d'être le parent de nombre de feux de joie, souffrait de la solitude à laquelle l'avaient condamné son apparence rustre et ses bras qui rivalisaient d'épaisseur avec les chênes centenaires qu'il avait la faculté de déraciner sans effort. En dépit de son grand coeur et de sa fragilité d’oisillon tombé du nid, on disait dans les villages alentours qu'il avait pour ami Satan qui lui avait offert une force de titan en échange de l'apport en bois nécessaire à l'entretien des flammes de l'enfer. Ce jour là, après bien des aventures, le bûcheron trouva une caravane abandonnée où avaient élu domicile des gentils renards, des petits lapins et toute une famille d'écureuils. Quand il eut trouvé à chacun une nouvelle maison, le bûcheron eut une idée. Cette caravane était la chance de sa vie. Il en serait fini de sa solitude et tous les enfants de la campagne viendraient y jouer.
Il tira la caravane à la force de ses bras sur les routes de la campagne en invitant les petits enfants à le rejoindre. En vain. Les villageois fermaient leurs portes et armaient leurs fusils. Désespéré, le bûcheron décidait de se consacrer à l'apprentissage de la bible et allait trouver refuge dans une cathédrale gothique. C'était lors d'une nuit de pleine lune, il pleuvait de cette pluie fine et silencieuse qui mène de l’insouciance béate à la bronchite. Arrivé sur le parvis de la vieille église, le bûcheron leva les yeux vers le ciel et n'eut pas le temps de réagir à l'énorme gargouille qui lui tombait sur le sourire heureux et fier qu’il affichait quand il avait atteint un but . Le choc, qui aurait tué n'importe quel homme normalement constitué, fit voler en éclat la gargouille et laissa notre bûcheron indemne. Il entendit des pas lourds descendre du haut de la cathédrale sur un escalier instable et vétuste, des pas qui témoignaient d'un empressement certain que confirmaient les horribles jurons scandés par leur auteur en colère. Ce dernier sorti en toute furie de la cathédrale. L'homme avait dans les mains un marteau et un burin et dans les yeux l'expression profonde de celui que rien n'effrayait. C'était un tailleur de pierre dont la renommée internationale reposait sur les rythmes légendaires de ses coups de marteau sur les blocs de pierres. Il avait organisé des concerts de coups de marteau qui avaient permis de remplacer les gargouilles de la cathédrale. Ainsi, les Wailers avaient évincés les horribles monstres de pierre qui ornaient la maison de dieu et les goûtes de pluie ruisselaient désormais sur les rastas de Bob Marley, beaucoup plus agréablement que sur les dents des dragons.
Les deux hommes se regardèrent longtemps. Curieusement, ni l'un, ni l'autre ne semblait vouloir en découdre sur l'incident et une complicité naquit, là, au milieu d'un Lee Scratch Perry transformé en graviers. Le bûcheron raconta son périple, de la découverte de la caravane à sa décision de rentrer dans les ordres pour mettre un terme à son errance. Le tailleur de pierre expliqua qu'en dépit de tous ses efforts, vivre dans une église était le meilleur moyen de trouver l'ennui et qu'ensemble, avec cette caravane, ils pourraient faire de grandes choses.
Ils s'en allèrent sur les routes en chantant et en taillant des pierres. Ils jouèrent si fort qu'un projectionniste révolutionnaire petit mais rapide, frêle mais téméraire vint à leur rencontre. Les deux hommes avaient perturbé la tranquillité du seul spectateur de la salle de cinéma: le projectionniste lui-même. Teigneux, le projectionniste se plaignit qu'on ne pouvait plus travailler en paix dans ce monde de merde et que c'était pour ça que les gens n'allaient plus jamais voir les merveilleux films soviétiques muets porteurs d'idées bénéfiques au salut de l'humanité qui étaient géniales mais qu'on n'avait jamais su bien appliquer parce que les vrais leaders étaient morts trop tôt. Désolés, le bûcheron et le tailleur de pierre expliquèrent que leur seule volonté était de réunir les gens autour de la caravane pour faire la fête et partager. Ce discours plu au projectionniste. "J'ai chez moi une multitude de disques que je fais écouter aux groupes de spectateurs avant mes séances. Je peux affirmer avec une certitude inflexible et solennelle que le public apprécie à l’unanimité et que c’est avec une inextinguible solidarité que nous allons affronter les chemins difficiles et périlleux de la mobilisation autour de cette caravane. Attendez deux secondes camarades, je reviens." Il revint avec deux platines, un ampli, des baffles et une caisse de disques.
Le trio s’appliqua à générer des ondes positives et les curieux allaient et venaient. Le bûcheron n’effrayait plus personne, le tailleur de pierre avait retrouvé le sourire et le projectionniste redécouvrit la joie de réunir un public.
Un matin, un homme barbu avec un bonnet énorme qui contenait…personne ne le sait…apparu à l’horizon et vint à leur rencontre avec la tranquillité de celui qui savait. « Nous avons trouvé un nouvel ami ! », s’écria le trio. Le barbu qui ne s’exprimait qu’à travers un micro qui augmentait les basses de sa voix et lui donnaient de la réverbération répondit en pointant son bâton de berger vers les nuages qui laissèrent le soleil lui illuminer le visage : « Non, c’est moi qui vous ai trouvés. Les rois mages suivaient l’étoile du berger. Moi, je suis les vibrations positives. C’est la sinusoïdale du destin, la girouette de l'instinct, la confiance en l'aléatoire. Est-ce qu’il y a du monde dans la place ? Est-ce qu’il y a encore de la place pour du monde ? Oh yooooo,yo, oh yoyoyo oh yoyo yoyoyoyoyo (2 fois).»
Et voilà comment se forma le Kalashnikov Soundsystem. Comme pour une boule de neige, d’autres personnes vinrent compléter l'aventure. Un philosophe bâtisseur qui excellait dans l’art de la batterie, une patronne de bar qui pouvait avec un même sourire charmer le plus insensible des tortionnaires et déboulonner calmement le plus obstiné des ivrognes, un géant des montagnes à la chevelure écarlate (qui aurait massacré toute une génération de dahus avec une montre) descendu des Alpes pour faire vibrer les basses et le tout aussi grand demi frère (non reconnu) de Stribor Kusturica dont la carrure impressionnante et les chemises aux couleurs improbables engendraient une lutte entre sourire spontané et instinct de survie auprès des jeunes des maisons de quartier...
Depuis, le Kalashnikov Soundsystem se déplace et transite, réunisant d'autres selecteurs, batteurs, danseurs, bricoleurs et manageurs. On dit que là où il passe, même les brins d’herbe se mettent à rêver d’un ailleurs flamboyant et espèrent que la caravane revienne fouler leur sol. Telle est la tragédie du brin d’herbe. Il n’en est pas de même pour toi, lecteur, qui t’es attardé à lire ce récit à peine romancé. Nous ne pouvons pas ponctuer l’histoire du Kalashnikov Soundsystem. La boule de neige roule toujours et peut être qu’un jour, tu en seras, camarade. Oui, toi aussi, tu en seras, camarade…
Sébastien Fournier

My Interests

Music:

Member Since: 5/21/2007
Band Members: JB - RINGO - (FLO) - ALICE - BOUKI - MANU - ELISA - SIMON - PILER - BAPTISTE
Influences: tzigane - reggae - ska - latino - afro - rap - funk - folk fr - dub - classique - blues - rock - ragga - indie - etc. Chaque ambiances en son temps.
Sounds Like:


Type of Label: None