About Me
Quand on s'intéresse au milieu grunge et métallique, il y a des noms qu'on ne peut pas rater, comme les Beatsteaks, les Smashing Pumpkins, le fameux Nirvana, les Deftones, et tant d'autres. Sature Rated n'en fait pas parti. Il faut dire que quand un groupe se forme à partir d'un sosie d'Elvis accro au lait-menthe-whisky, un noir travesti animal phallique, et un efféminé chevalin psychotique, les chances de succès sont minces comme leurs pénis. Mais cela ne veut pas dire qu'ils ne méritent pas que d'une plume agile et hagarde, l'on retrace ce qui les a menés à un tel niveau de décadence musicale et humaine, par exemple dans le texte que vous êtes en train de lire.
On ne dira jamais assez à quel point la jeunesse est sotte. Quand on a 16 ans, ce qui fut un jour le cas de nos sujets, on passe son temps à construire des cathédrales en rouleau de papier toilette, à mâcher des préservatifs parce qu'ils ont bon goût, ou encore à faire des courses de tracteur miniature dans les rues des grandes métropoles. Enfin, peut-être pas vous, mais eux, si. Mais lorsqu'ils ne s'étouffaient pas avec du plastique lubrifié, nos énergumènes avaient des idées. Un paquet, même. Je ne dis pas qu'elles étaient bonnes, non, je ne prétend pas juger quelque chose que l'Histoire jugera bien mieux que moi. Toujours est-il que parfois ces idées avaient la malchance de se voir réalisées. L'idée, honteuse de sa propre existence, se retrouvait sur le devant de la scène sociale entourant nos paltoquets, et comme l'on est honteux de se retrouver nu dans son salon devant toute sa famille parce qu'on croyait la maison vide, l'idée fuyait souvent loin, très loin après avoir été exposée, pour ne jamais revenir. Mais il en fut une qui resta, elle, vaillante, téméraire et inconsciente du ridicule diront certains : celle qui fut formulée en un luminescent "Hey, les gars, et si on faisait des trucs avec des instruments?" Il n'en fallut pas plus pour que lutherie et sodomie se mettent à rimer ensemble.
Ce fut ainsi que naquit le premier groupe de nos trois congénères : Mad in France. Nom ô combien célèbre dans le cercle si select des drogués octogénaires de la maison de retraite de Poisseux-en-Quoulaque. Notre guitariste (alors chanteur), notre batteur, et notre chanteur y étaient suppléés de trois amis bruitistes : Rémi, le bassiste cacaïnomane (oui, cacaïnomane), Joe, le guitariste anémique, et Vincent l'autre guitariste pas trop anémique. De leur humeur guillerette, enjouée, mais non moins siphyllique, ils produisirent sous cette formation un rock réjouissant de classicisme et riche en nains de jardin, en quelque sorte une ode à la vidange d'huile de moteur, une sérénade fredonnée à l'attention de tous les bouchers-charcutiers du val-d'oise, ou bien encore une mélopée à la douceur et à l'harmonie si profondes qu'elle ferait imploser un enfant de cinq ans. Mais la drogue, l'amour d'hommes pour des hommes, et les crèmes au chocolat eurent raison de la cohésion du groupe, et la séparation s'imposa à eux quelques deux ans plus tard.
Mais comme on dit : 'Si tu regardes loin dans les abysses, tu pourras y voir mon cul'. Plongés dans le néant le plus obscur, nos trois camarades subirent les pires atrocités que la psyché humaine puisse supporter, et même la consommation abusive de gâteaux à la vanille n'y fit rien. Ne sachant plus que faire, isolés mais pourtant si proches par l'amitié, nos amis se regardèrent. Le guitariste regarda le chanteur. Le batteur regarda le guitariste. Le chanteur regarda le batteur. Le déclic. Ils allaient faire un groupe de reprises bluegrass en trio de banjo des meilleurs succès de Duran Duran! Non d'un non, voilà , voilà la culmination de leur art, voilà ce pour quoi ils avaient été fait! Quelle meilleur moyen de toucher du doigt la passion et l'idylle de notre réalité que de tendre la main vers ceux qui ne faisaient déjà plus qu'un avec Lui Qui Ne Doit Pas Être Nommé, ces pionniers de l'évolution de l'espèce, ces leaders de la pensée néo-sophistique, ce groupe de légende!
Le monde est cependant rarement prêt à accepter la grandeur en son sein, et Lui Qui Ne Doit Pas Être Nommé s'étant déjà fait sodomisé à répétition par les membres du fameux groupe de pop, il n'était pas prêt à accueillir avec 'ouverture' nos trois compatriotes. Une rouste, je vous dis. Rebelotte, l'abysse, tout ça, on se regarde, et... faisons du rock, non de dieu, du R.O.C.K.!
Et nous voilà aujourd'hui face à eux. Non, ce ne sont pas des héros. La vie les a atteint plus que d'autres, et rarement l'on voit son voisin cracher du sang dans le caniveau comme l'on peut voir les trois 'musiciens' cracher le leur sur les passants dans la rue. On se relève rarement de l'abysse, on revient rarement des profondeurs de la souffrance morale et physique, et ils ne font pas exception. S'ils n'étaient pas autistes, ce serait eux que vous verriez dans la rue mendier des chicken wings avec sauce barbecue, s'ils n'étaient pas stupides, ce serait eux que vous entendriez proférer des discours lucides sur le jambon de parme pendant vos soirées, s'ils n'étaient pas laids, ce serait eux qui vous feraient de l'oeil dans les restaurants branchés de leur métropole. Mais nous parlons bien ici d'un groupuscule de loosers partant avec un handicap, l'un d'être noir, l'autre d'être alcoolique, et le troisième on sait pas mais il a pas l'air normal, il a dû se faire taper un peu fort à la naissance, et ayant poursuivi une vie de souffrance où les plats de patates au beurre de maman furent leur seul réconfort.
Ils ont des noms. L'un Mathieu, l'autre Nicolas, le troisième Guillaume. Ou bien Mathieu "l'un", Nicolas "l'autre", et Guillaume "le troisième". Ils ont un point commun, "Sature Rated". Champagne-Ardennes, Reims. Grunge, Metal, Rock libéré comme une femme, à ce qu'il parait. Et faites attention à vos nez, les testicules sont vivaces cette saison.