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Thomas Hédouin

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I

Elton John vs. Antony

Finalement, cela n’avait pas été compliqué. Tous les quatre, ils s’en étaient fait une montagne : impossible pour leurs petits bras, leurs petites mains, ils n’étaient pas assez forts, pas assez malins, ça allait foirer, ils se feraient prendre, c’était sûr, et l’autre, il ne se laisserait pas faire comme ça, c’était un pro, quand même, un gars du métier, bien plus exercé qu’eux, et entraîné. Un type solide. Pas une victime. Et pourtant.

Il avait suffi d’attendre. Se placer à l’angle de la rue des Chantres et de la rue des Ursins, en bas de l’escalier, à l’ombre. Le type aimait traîner jusque-là en sortant du boulot. Il allait fumer une clope au bout de l’île de la Cité pour se détendre des atrocités de la journée. Il empruntait systématiquement ce chemin ; ils avaient eu le temps de l’observer, cette enflure, dans ses habitudes. Surgir au bon moment, 19 heures 42, ce soir, quand les touristes refluent, que les rideaux de fer sont tombés sur les vitrines, et avant que l’éclairage des ponts ne donne son plein. Et lui sauter dessus.

Une barre de fer, 42 centimètres d’acier, un tube creux, qui s’abat sur une nuque qui craque. Une main puissante tient l’arme, une main forte, terriblement crispée sur le tube qui brise les vertèbres. Les cervicales rendent l’âme dans un crépitement inattendu. La barre qui s’acharne sur le type à terre, qui s’abat, sans cesse, qui roue de coups, insatiable, une soif inextinguible de lui faire payer. Enculé. Le sang qui bouillonne à la commissure des lèvres, qui fait des bulles. Le type ne peut plus bouger, paralysé. On le massacre. Parce que tout le monde s’y met, pas seulement le plus balèze, non, toutes les semelles viennent se frotter contre la trogne immonde de ce salopard qui demande pitié sans pouvoir crier, ni prier, ni quoi que ce soit. La pommette éclate. Les dents couinent et cèdent. La mâchoire, les spasmes de la mâchoire. L’infernal tressautement du corps tout entier qui crève sous les coups que tous lui assènent. La tétanie et l’asphyxie. Crève, ordure. Et, pour terminer, l’éclat de la lame sous la lumière du réverbère : elle sort, la lame, de son calme, elle s’extirpe de son étui, le tranchant embrasse amoureusement les testicules encore chauds, les poils pubiens ne la gênent pas, elle s’enfonce, elle pénètre la chair de la verge, et, bientôt, la bite encore fumante du cadavre brisé sur le trottoir se trouve séparée de sa base, elle n’est plus qu’un amas de chair sanguinolente entre les mains de celui qui s’est chargé de la couper, pour l’enfoncer sans ménagement, écartant infiniment les mâchoires du mort, dans sa bouche, la lui faire bouffer, et, pour être sûr qu’il ne recrache pas, qu’il ne gâche pas, on lui enfile vite vite une capote sur la tête, ce n’est pas évident, il faut s’y reprendre à plusieurs fois, il faut forcer, mais le latex est extensible et protégera convenablement le monde des miasmes émis par une pareille immondice.

On vomit, on pleure, on a envie de crier mais on ne peut pas, il ne faut pas se faire repérer. On ne parvient pas à s’arrêter, de le frapper, de l’insulter - mais il est mort, ce n’est plus la peine, ça ne sert à rien, à rien d’autre qu’à se faire du mal, non, pas tout à fait mort, mais ça ne saurait tarder, c’est sûr, on pleure, on lui crache dessus. Meurs, crève, toi et ta clique. Sale flic de merde, tu vas payer, vous allez tous payer.

Maintenant, se dépêcher de lui enfiler son costume de scène, le maquiller, le pomponner, et l’exposer comme il se doit, comme il le mérite, comme une sale poupée molle, l’accrocher. Ah oui ! ne pas oublier la musique. Poser le magnéto sur le parapet, l’enclencher, avec les gants en caoutchouc, pas d’empreintes, et musique maestro ! Lou Reed et Antony qui entonnent les paroles d’une chanson dont les accords retentissent jusque sur les deux rives de la Seine, jusque sur l’île Saint Louis, sur toute l’île de la Cité, jusqu’à l’Hôtel de Ville, la victoire de Lou et d’Antony sur la barbarie, l’hymne au triomphe de la Volonté, et le cauchemar de l’inspecteur Dartoce qui ne fait que commencer : il mettra trois heures, vingt-deux minutes et quarante sept secondes à mourir.

“My infant spirit would awake
To the terror of the lone lake.”


C’est sûr qu’il faisait moins le malin, l’inspecteur Dartoce, suspendu comme il était au Pont Saint Louis, tanguant au gré du vent, assistant tant bien que mal au lever du soleil. Il fallait dire qu’il était bien crevé, cette fois, l’inspecteur, mais ce n’était pas ça le plus comique et laid. Avec ses bras ballants, sa tête penchée vers la droite, ses jambes resserrées, on aurait cru un pantin dégingandé, une marionnette désarticulée. Oui, vraiment, une poupée oubliée là, sur les berges de la Seine, à ce détail près que Barbie avait en l’occurrence des allures d’Elton John, dans sa période Song for Guy. Ce n’était pas tant la queue et les couilles dans la bouche qui rappelaient l’icône pop, que l’accoutrement dont on l’avait affublé : un costume bleu à paillettes ouvert sur une chemise rose à jabot et col deltaplane, une paire de lunettes argentées surdimensionnées, il ne manquait plus que Georges Michaël débarquât et l’on aurait pu organiser un petit show case au pont de l’Alma en mémoire de Lady Di.

Aussi, lorsque le lieutenant Dutrou arriva sur les lieux, prévenu par une escouade de gendarmes maritimes, lorsqu’il vit le costard qu’on avait taillé à son collègue, son bras droit, le bras de la Justice, lorsqu’il nota les initiales gravées à même la chair du thorax de Dartoce, O.T.O.N., il serra les dents de rage et saisit son portable :

- Rossini ?
- Ouais.
- Dutrou.
- Ouais.
- On a un gros problème. Le Courant 93 se rappelle à notre bon souvenir. Elton John est out. Préviens Hax. Rendez-vous au Quai, dans mon bureau, 10 heures.
- Ouais.

Ces petites lopettes allaient payer.

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