About Me
Renée Jeanmaire est toute petite quand son grand-père, amateur de chant lyrique, l’emmène à l’Opéra voir le Roméo et Juliette de Gounod. Fascinée par la magnificence du Palais Garnier, éblouie par la splendeur du spectacle, la fillette se pâme à la vue des ballets. C’est une révélation : c’est danseuse qu’elle deviendra. A 9 ans, on l’inscrit donc à l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris ; et déjà , Roland Petit comptera parmi ses camarades, puisqu’il rentre à l’Opéra à la même époque, en novembre 1933. De ses classes à l’Opéra de Paris, dont elle intègre le corps de ballet sept ans plus tard, Zizi Jeanmaire parle avec un éminent respect : discipline et compétition lui ont inculqué la technique, la rigueur et le sens des responsabilités. « On est armé pour la vie après », dit-elle. Seulement, la technique ne suffit pas : il faut lui ajouter la grâce. Les cours de Boris Kniassev à la salle Pleyel seront en cela déterminant, mais bien sûr, c’est surtout Roland Petit qui fera trouver à Zizi sa vraie personnalité. A 20 ans, il a déjà fondé sa propre compagnie (les Ballets des Champs-Elysées) et réalise ses premières chorégraphies. En 1945, après avoir démissionné de l’Opéra, Zizi Jeanmaire décide de le rejoindre... et c’est bientôt la gloire.
Trois ans plus tard, en effet, les Ballets de Paris (nouveau nom de la compagnie de Roland Petit) créent Carmen au Prince’s Theater de Londres. D’allure androgyne, les cheveux courts (cette coupe qu’on lui connaîtra toujours désormais), Zizi endosse le rôle-titre - à merveille ! C’est un véritable triomphe. Le ballet est représenté au Théâtre Marigny à Paris, puis à New York : la troupe reste sept mois sur Broadway, un record à l’époque pour une troupe de danse classique. Après une tournée nord-américaine, de retour à Paris, Zizi Jeanmaire incarne La Croqueuse de diamants dans le ballet éponyme que Roland Petit a crée pour elle, en y insérant une chanson de Raymond Queneau. On est en septembre 1950 : c’est la première fois que Zizi chante sur scène. Sa voix de gouaille séduit le public ; le succès est à nouveau au rendez-vous. Dès lors, Zizi n’aura de cesse que de revenir à la chanson.
Pour l’heure, le cinéma lui ouvre ses portes. D’abord aux Etats-Unis, où sa renommée est considérable. C’est là -bas, après qu’on l’ait seulement appelée par son nom de famille, Jeanmaire (prononcé « Jane Mary »), que l’on commence à faire figurer sur les affiches son nickname, Zizi (surnom qui lui vient néanmoins de l’enfance). Hollywood la fait donc jouer dans Hans Christian Andersen et la Danseuse de Charles Vidor (1952), Anything Goes (Quadrille d’amour) de Robert Lewis (1955), puis Black Tights (1-2-3-4 ou Les Collants noirs) de Terence Young (1960). Plus tard, Zizi se remémorera ces années hollywoodiennes à l’occasion d’un spectacle intitulé Hollywood Paradise. Mais de ce côté-là de l’Atlantique aussi, elle fait les honneurs du grand-écran : elle tourne dans Un soir au Music-Hall (Folies-Bergère) et Charmants garçons de Henri Decoin (1956 et 1957), enfin dans Guinguette de Jean Delannoy (1958).
Après un premier tour de chant à l’Alhambra en 1957, le début des années 60 marque le retour de Zizi Jeanmaire à la chanson. En 1961, dans la Revue, elle entonne « Mon truc en plumes » pour la première fois. Le numéro et ses larges éventails en plumes d’autruche roses resteront à jamais associés à Zizi - ce que d’ailleurs elle regrette un peu, ces éventails faisant de l’ombre à un répertoire dont elle n’est pas peu fière. Il y a effectivement de quoi. Car ils sont nombreux les auteurs à avoir écrit pour elle, et non des moindres : Ferrat, Boris Vian, Aragon, Gainsbourg, Barbara... Les tournées internationales se succèdent. En 1971, majestueuse, Zizi Jeanmaire descend les escaliers du Casino de Paris dans la revue Zizi je t’aime : les costumes d’Yves Saint Laurent subliment son port de danseuse, les longs boas caressent ses jambes de rêve ; Zizi compte dorénavant parmi les légendes du music-hall au même titre que Mistinguett et Joséphine Baker.
Zizi Jeanmaire n’abandonne cependant pas la danse classique. En 1975, elle revient à l’Opéra de Paris dans une création de Roland Petit : La Symphonie fantastique. Avec le Ballet de Marseille que Rolant Petit a fondé en 1972, elle crée également La Chauve-souris et Parisianna 25. Et la carrière de Zizi se poursuit : à Broadway où elle danse dans Can-Can sur une musique de Cole Porter ; à Paris où elle donne le spectacle Java For Ever, lequel sera suivi d’un tour de chant aux Bouffes du Nord. Elle fait une excursion au théâtre dans Marcel et la belle excentrique, une pièce de Jean-Pierre Grédy d’après Marcel Jouhandeau. En 1994, elle se produit dans Zizi au Zénith, un spectacle entièrement consacré à Serge Gainsbourg - excepté le finale, l’incontournable Truc en plumes...
Novembre 2000 : un petit bout de femme investit l’Amphithéâtre Olivier Messiaen, à l’Opéra Bastille. Zizi Jeanmaire interprète avec émotion, parfois avec humour, toujours avec beaucoup d’intensité, les chansons de ses amis poètes. Accompagnée par de jolis garçons, elle danse aussi sur des morceaux de Duke Ellington. Encore une fois, son charme canaille - l’alchimie de l’élégance et de l’espièglerie - envoûte le public. Malheureusement, Zizi Jeanmaire ne se produira certainement plus sur scène : la maladie de Ménière dont elle souffre le lui empêche. On peut toutefois se consoler en écoutant son dernier disque, La Liberté est une fleur, qui réunit des textes de Marcel Aymé et Raymond Queneau - des chansons remplies d’une poésie tendre et légère dont les paroliers d’aujourd’hui feraient bien de s’inspirer.
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