Tout d'abord quelques aphorismes d'une si frappante justesse que je me sens tenu de les reproduire : Qu'est-ce que la vie ? Une vallée d'amertume. - Le monde ? Un ramas d'êtres insensibles...
Et toujours, l’espace indiscernable et voilé est saturé par une Présence mystérieuse d’une condensation extrême... Excroissance, exsudation morbide de l’Éternité, rendue presque palpable dans l’atmosphère tiède, moite et tourmentée qui vient insidieusement désorienter les sens. J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies... La question de la création collective a fait surface dans le champ radieux de la conscience contemporaine, et j'ai des amis partout où il y a des troupes d'arbres blessés, mais non vaincus, qui se sont rapprochés pour implorer ensemble avec une obstination pathétique un ciel inclément qui n'a pas pitié d'eux. Mais là , comme partout, je connais tout le monde et je ne connais personne ; beaucoup les choses, et fort peu les personnes. Mais les choses elles-mêmes y semblent des personnes, des personnes rares, d'une essence délicate et que la vie aurait déçues... « Au début, notre pierre n’est qu’eau grossière, portant en elle chaleur et froid, qui ensemble la dévorent. Cette pierre, je ne la saurais comparer à aucun genre : Elle est verte et bleue, engendrée en nos mines ». Voilà le Consul observant, dans un ultime soubresaut d’acuité extralucide, la silhouette du Popocatepetl ruisselant de lumière sous sa cime de neige émeraude… Et puis la Vue de Tolède du Greco, avec ce ciel obsédant, la sépulcrale profondeur de ses ondoiements moirés d’argent, cet obscur flamboiement de la nacre qui s’assombrit dans une opalescence maladive, cette lumière irréelle d’une Apocalypse... Et pourquoi revois-je le Héro et Léandre de Rubens où se tordent des Néréides contournées, aux chairs d’une grasse volupté blafarde dans les funèbres remous houleux et virides d’un océan nocturne que rien n’apaise ? La musique crée, invente un Temps autre, qui n'est pas son support, mais sa substance même, rendue sensible par le sonore... Cette sensation organique du Temps, on peut la ressentir quand on descend et pénètre dans la crypte de l’archevêque Hervé située dans les entrailles de la cathédrale de Reims, datant du début du Xe siècle, au travers de cette émotion si forte, si étrange et si indéfinissable qui s’empare de nous et nous ébranle ; le Temps semble s’être répandu universellement pour se condenser, dans cet espace confiné qui exhale une odeur de cave et de calcaire, en une Présence mystérieuse qui communie avec l’Éternité... Un jour... Oui... Tout ça va se terminer, j'en suis sûr, je pensais nous boirons un verre ce jour-là ... - Je crois que je préfère le boire maintenant... J'ai fait un rêve, il y avait un petit moujik à la barbe ébouriffée et d'aspect terrifiant, il s'est penché au-dessus d'un sac où il remuait quelque chose... Il fouillait dans le sac et marmonnait des paroles en français, très vite, très vite, en grasseyant : "Il faut battre le fer, le broyer, le pétrir..." Aussi, reverrai-je le Nil, ce fleuve vert qui coule dans nos coeurs ? Mais le domaine propre de la vie intérieure ne se délimite-t-il pas que par l'échec de toute relation satisfaisante avec la réalité externe ?
Deux tourterelles te montreront mon cadavre glacé et te diront que je suis mort dans les larmes...
By apollomysterioso at 2007-11-06
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