Annecy, Haute-Savoie, début des années 60… La scène rock annécienne était très vivante à cette époque - elle l’est d’ailleurs toujours aujourd’hui -, on comptait une bonne trentaine de groupes en 1961, ce qui était exceptionnel pour une ville de moins de 50.000 habitants. Parmi ces groupes, Les Guépards, Les Diables Noirs, les Drakers et les Swifts. Cette abondance de groupes s’explique par le fait que la route du rock avait été tracée par un curieux petit bonhomme: Jacques Azzopardo, dit «Zozo». Décédé en décembre 1987, Zozo était petit par la taille mais grand par le talent. Un vrai rocker (sur la page MySpace Denis Rodi, écoutez la chanson «Mon vieux Zozo», écrite et chantée par Denis Rodi), avec une vraie vie de rocker: courte et intense. Il a chanté ou fait le boeuf avec tous les musiciens d’Annecy et fut le lien indispensable du milieu rock savoyard.
Ayant démarré durant l’année scolaire 1959-1960, les Swifts interprètent au départ des chansons folk et s’orientent vers un répertoire plus rock’n’roll dès 1961. En juin 1962, le batteur et les deux guitaristes quittent le groupe. En juillet, la formation définitive est née: Denis Rodi remplace les deux guitaristes et Claude Carraz assure la batterie. Ils rejoignent les membres fondateurs, Gérard Entremont (décédé en juillet 2005) au chant, Jacques Ruscon au piano électrique et Bernard Ruscon à la contrebasse et guitare basse.
En quelques années, les Swifts se font un nom, multiplient les concerts, gagnent de l’argent en assurant la partie musicale des soirées chic de la grande bourgeoisie lyonnaise. En 1963, ils investissent cet argent dans l’achat de matériel et enregistrent leur premier E.P. chez J.B.P. Les quatre titres («Danny», «Ready Teddy», «Be Bop a Lula», «Je m’ennuie») sont enregistrés et mixés dans la journée. Les 500 exemplaires sont vendus en quelques jours (disque aujourd’hui très recherché par les collectionneurs). Quelques mois plus tard, ils reviennent à Lyon, dans le studio J.B.P., louent un orgue Hammond et gravent «Sylvie», une de leurs compositions, l’instrumental «Choo Choo», «C’est gagné», leur version de «I Saw Her Standing There» des Beatles, et «Shakin’ All Over», le grand classique de Johnny Kidd et les Pirates revisité par Vince Taylor.
Le mercredi 15 janvier 1964, au Palais d’Hiver de Lyon, au cours d’un gala qui réunissait Franck Alamo, Les Gamblers, Les Aiglons et les Play-Boys (sans Vince Taylor), les Swifts remportent la finale de la «Vedette Inconnue» (concours organisé par Barclay et Radio Luxembourg). En plus du titre de «Meilleur Groupe rock de France 1964» et d’un passage en direct sur les ondes de Radio Luxembourg, un contrat d’un an chez Barclay devait récompenser les Swifts. Barclay ne tient pas ses promesses et justifie cette décision en arguant que les groupes avec chanteur n’étaient plus à la mode! Énorme déception qui précipita la désagrégation du groupe. Après cette séparation, Denis Rodi, qui a fêté ses 45 ans de rock’n’roll en 2007, continua les Swifts sous une forme instrumentale, puis montera divers groupes (Les Soul Men, Fatout’, Les Plus Brothers…), dont le dernier en date, L’Affaire Tourne’Sol, qui existe depuis 15 ans et a déjà 500 concerts à son actif.
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