About Me
Je suis né le 9 avril, 1861. Mon père est mort en 1827 quand j'avais 6 ans, me laissant un héritage dont je n'ai pas vu la totalité. Un an plus tard, ma mère s'est remariée avec le chef de bataillon Jacques Aupick. Je n'ai pas réussi à pardonner ma mère ce remariage, et l'officier Aupick, devenu ambassadeur, incarne à mes yeux tout ce qui fait obstacle à ce que j'aime : ma mère, la poésie, le rêve, et la vie sans contingences.Renvoyé du lycée Louis-le-Grand pour une bêtise en 1839, j'ai mèné une vie en opposition aux valeurs bourgeoises incarnées par ma mère et mon beau-père. Celui-ci, jugeant ma vie "scandaleuse", a décidé de m'envoyer en voyage vers les Indes, que je n'ai jamais atteintes.De retour à Paris, j'ai rencontré Jeanne Duval, jeune mulâtresse, avec laquelle j'ai connu les charmes et les amertumes de la passion. Dandy endetté, je suis placé sous tutelle judiciaire, et ai connu, dès 1842, une vie misérable. J'ai commencé alors à composer plusieurs poèmes des Fleurs du mal. Critique d'art et journaliste, j'ai défendu en Delacroix le représentant du romantisme en peinture. En 1848, j'ai participé aux barricades, mais ai souhaité surtout, dit-on, exhorter les insurgés à fusiller Aupick. Plus tard, j'ai partagé la haine de Gustave Flaubert et de Victor Hugo pour Napoléon III, mais sans m'engager outre mesure dans mon œuvre (« L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre / Ne fera pas lever mon front de mon pupitre » - Paysage dans "Tableaux parisiens" du recueil Les Fleurs du mal)Les Fleurs du mal paraissent en 1857 à 500 exemplaires, et, jusqu'à ma mort, je n'ai jamais attesté à cette version. Le recueil sera poursuivi en 1861 pour « offense à la morale religieuse » et « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Seul ce dernier chef d'inculpation m'a condamné à une forte amende de 300 francs, qui a été réduite à 50 francs, suite à une intervention de l'impératrice Eugénie. Malgré la relative clémence des jurés, relativement au réquisitoire qui visait 11 poèmes, ce jugement m'a touché profondément. J'ai réalisé, contraint et forcé, une nouvelle édition en 1861, enrichie de 32 poèmes. En 1866, j'ai réussi à publier les six pièces condamnées, accompagnées de 16 nouvelles, à Bruxelles, c'est-à -dire hors de la juridiction française, sous le titre Les Épaves.Je suis parti alors pour la Belgique, et me suis fixé à Bruxelles, où j'ai préparé un pamphlet contre ce pays, qui figurait, à mes yeux, une caricature de la France bourgeoise. En 1866, j'ai entreprit en Belgique une tournée de conférences où mes talents de critique cultivé sur l'art ne déplacèrent guère les foules. Lors d'une visite à l'église Saint-Loup de Namur, j'ai eu une perte de connaissance, à la suite de laquelle j'ai subit des troubles cérébraux, en particulier d'aphasie. Je suis mort à Paris de la syphilis en 1867, sans avoir pu réaliser le projet d'une édition définitive, comme je l'avais souhaité, des "Fleurs du Mal", travail de toute une vie. J'ai été enterré au cimetière du Montparnasse, dans la même tombe que mon beau-père, le général Aupick, et que ma mère.