"Elle est couturière, lui il est tailleur, ça ferait un bon couple. Qu’est-ce qu’on fait"? Je ne savais pas, ils ont pris ma photo et l’ont amené ici. Ma belle-mère a sauté là -dessus, elle a dit "Oh, celle-là tu sais, tu peux l’épouser. Ca se voit que c’est une gentille fille". Enfin, il a eu la permission de sa mère, quoi!
Un jour, il a écrit à Isabelle, il a dit "Est-ce que je peux venir"? Isabelle a dit a mon frère "Bien sûr, pourquoi pas, il peut venir. Si ça va, ça va. Si ça ne va pas, il peut retourner". Alors il est venu. Et moi, je n’avais pas du tout l’intention de me marier. Je gagnais ma vie, j’avais plein de travail, j’avais quatre ouvrières. Je ne les payais pas grand-chose et je ne gagnais pas grand-chose non plus, parce qu’à ce moment là , un tailleur coûtait 50 francs. La façon, ce n’était pas cher et il n’y avait pas d’argent. Enfin, il est venu. Le soir, j’ai préparé, on a parlé tout ça, ça allait bien.
Le lendemain, Herminé, qui habite maintenant ici à Lyon, à Neuville, elle me dit :
"- Qu’est-ce que tu en dis? Est-ce qu’il t’a plût?
- Ma foi, il n’est pas mal, mais moi ça ne me plaît pas un homme avec la moustache".
Tout de suite, elle va lui répéter! Le même jour, je vois qu’il coupe sa moustache et il arrive avec Herminé. Je ne lui ai pas dit "Tu as coupé ta moustache", rien! Comme si je n’avais rien vu. Il a dit "Vous voulez sortir avec moi?" , je dis oui. J’avais 28 ans, il avait 33 ans, on pouvait sortir, on n’était pas jeune. Comme il ne connaissait pas, je l’ai emmené partout, avec le bateau, tout ça. Il est resté 10 jours.
[...]
On a compris qu’on pourrait vivre ensemble. Il prend le train, il arrive à Lyon. Il commence à travailler. Une fois il est venu pour me voir. Deuxième fois, il est venu pour les fiançailles. Troisième fois, il est venu pour le mariage. Vous vous rendez compte?