Dans la vraie vie, Pierre Grammont est comédien : habitué, donc, à faire le pitre ! Mais quand il chante, c’est une tout autre histoire… Il entre sur scène et se pose là , droit comme un i, ses yeux verts plantés dans le regard des spectateurs, et c’est parti : il dit tout ce qu’il a à dire. Tout ce qu’un homme ne dit jamais, il le dit.
En une quinzaine de chansons, on fait le tour de l’énergumène – bien plus complexe qu’il n’y paraît… Avec des seaux de tendresse et quelques étincelles d’ironie, il commence par régler ses comptes : avec ses frères, avec sa mère, avec les berceuses en général et son enfance en particulier. Puis soudain il file à Fécamp pour chercher l’amitié, se saoule au bal des pompiers, se noie au fond de l’eau, ressuscite en danseur flamenco, interroge les étoiles, s’abandonne sur une plage : on ne sait plus qui il est, enfant au regard angélique ou homme au regard diabolique…
Sur ce manège, on est toujours tenu par le fil solide d’une écriture aussi précise que vagabonde : Pierre Grammont conduit les rimes et les couplets avec assurance, slalome habilement entre sa sensibilité poétique et les situations loufoques (suivant ainsi la grande tradition de la chanson française – sans doute à force d’aller fureter du côté de chez Barbara, Brel, Sheller ou Aznavour…). Et puis sa voix sait toujours où elle va : passant d’une mélodie soyeuse à une rengaine plus audacieuse, elle se fait douce ou détraquée, intime ou révoltée – mais toujours profonde, tendre et chaleureuse.
Pierre Grammont s’est d’abord entouré de trois musiciens rock pour former le Quartette Chinois : soutenus par la Scène Nationale d’Evreux, le Théâtre Ephéméride de Val-de-Reuil et le CECDC d’Aix-en-Provence, ils créent un premier spectacle, énergique et coloré. Puis il change de direction et se remet en route avec un nouveau comparse, Julien Coriatt, jeune musicien de jazz qui lui compose de nouveaux arrangements pour piano. Et là , ça change tout ! Voguant de Fauré à Gainsbourg, du rock au flamenco en passant par le jazz et la java, ce nouvel accompagnement permet à Pierre de trouver à la fois liberté et subtilité, d’aller encore plus loin dans l’humour et dans l’émotion.
En 2008, grâce à deux nouvelles résidences (en Normandie et à Paris), ils élaborent un nouveau tour de chant, tout en finesse et en humour décalé, sous la direction du metteur en scène Bruno Deleu. Le duo s’est ainsi produit dans plusieurs salles parisiennes ainsi qu’en Rhône-Alpes, puis a enregistré un EP 5 titres, « Berceuse(s) », ouvrant la voie vers de nouvelles instrumentations.