« 4 mm » est un concept. Un concept minimaliste. C’est aussi une revendication, une revendication post-féministe, post-phallique, post-oedipienne. « 4 mm » c’est revendiquer le fait d’être exceptionnel. D’être petit, minoritaire. D’être unique, polyvoque, riche. « 4 mm » sont tous ces mm qui nous rendent exceptionnel, particulier, personnel, spécial. « 4 mm » est ne pas vouloir être pre-formaté, normatif, « tous pareil ». « 4 mm » est un devenir, un devenir exceptionnel, un devenir son propre désir. « 4 mm » est une machine désirante.
Je cherche un corps surface. Un corps incontournable. Un corps envahi, altéré. Je cherche un corps à graver. « 4mm » surface immaculé. Je cherche un corps qui jais de l’intérieur, qui devient écran. « 4mm » corps exposé. Un corps inapproprié. Une diffamation sensorielle. Une transgression souple et inédite. « 4mm » corps héroïque. Je cherche un dispositif étrange et submergé. Un champ du vivant en constante mutation. Un corps plein sans organes. Je cherche un corps confrontation. Une physicalité disséminée. Un corps propagation. Je cherche un désir reparamétré. Un désir qui coule. J’adore ce qui est visqueux. J’adore l’intérieur du corps. « 4mm » identité obscène. Je cherche un désir coupure et prélèvement, orné d’organes exotiques. Un désir flux. Je cherche un désir implosé, un reberbère poétique. « 4mm » corps laboratoire. Un agglomérat monstrueux de chair, hormones et poils. Une définition volé en éclats. Je cherche un corps amorphe fluide indifférent. « 4mm » corps en devenir. Je cherche une identité au degré maximal d’existence. « 4mm » identité altérée. Un état métastable. Une clameur suspendue entre la vie et la mort. Un état d’intensité zéro. Je cherche un corps qui soit l’image de son propre désir. ............................................................ ................. ............................................................ ............................................................ ........................................................... ............................................................ ..................... ............................................................ .................... ............................................................ ...................................... ...................................................... ............................................................ ..................................... ............................................................ ............. ............................................................ ............................................................ ................................. ............................................................ ............................ ............................................................ ..................................
En tout cas, X ouvre le questionnement contradictoire et non résolu (ni résolvable) du corps de la langue et de la langue du corps. Que toute langue soit délimité par des codes linguistiques, certes, mais bien plus, tout corps apparaît dans un système culturel qui lui impose des techniques de corps précises.
S’il y a là une écriture, c’est une écriture à même le Réel , étrangement polyvoque et jamais bi-univocisée, linéarisée, une écriture transcursive et jamais discursive : tout le domaine de l’ « inorganisation réelle » des synthèses passives, où l’on chercherait en vain quelque chose qu’on pourrait appeler le Signifiant, et qui ne cesse de composer et de décomposer les chaînes en signes qui n’ont nulle vocation pour être signifiants. Produire du désir, telle est la seule vocation du signe, dans tous les sens où ça se machine.
Gilles Deleuze, Felix Guattari, Capitalisme et schizophrénie. L’anti-oedipe, Les machines désirantes p.47, Les éditions de minuit