Les cassures sont des traces indélébiles. Elles détruisent et marquent à jamais ceux qui en sont les victimes. L’objet redevient matière éparse, le corps et l’esprit, s’ils survivent à la destruction, gardent des cicatrices... Des marques qui expriment une douleur, une fierté,...
Elles sont les témoignages de l’histoire et des émotions.
Nous sommes fascinés par les êtres brisés et émus par leurs histoires. Mais qu’en est-il des objets?
Je me suis intéressé au verre pour sa capacité à refléter la lumière et les couleurs du prisme. En le détruisant, j’obtiens des formes nouvelles, que je redispose
différemment. En soulignant les cassures, Je donne à ces formes invisibles l’occasion de s’exprimer. L’oeuvre est alors une sculpture. Différents verres, aux formes et aux couleurs variées, délivrent différent messages selon la manière dont je les brise pour les reconstruire.
Après plusieurs observations, je vois qu’une seule sculpture renferme de multiples formes, selon l’angle de vue, l’éclairage, la disposition... C’est alors que
l’oeuvre devient un abîme. Je plonge au coeur de mes sculptures avec un regard photographique. Obtenant de nombreuses compositions, c’est en augmentant la densité de la couleur que je découvre de véritables tableaux. Je m’intéresse alors à la justesse d’une tonalité, de la luminosité et du cadrage... L'image est ensuite imprimée sur une toile de lin.
Voici l'état actuel de ma recherche sur le bris de verre. J’y vois des histoires, des personnages ou des paysages. La brisure est une empreinte forte exprimant un traumatisme. Je ne peux m'empêcher de faire des parallèles avec le monde balafré dans lequel je vis.