« L’histoire commence toujours par il était une fois », chante
CERENA dans « La Belle histoire », l’un des treize nouveaux
titres de « La Parenthèse », son deuxième album.
Il était une fois, donc, un joli brin de voix découvert il y a trois ans déjà avec un tube imparable,
« Libre », suivi de quelques autres : un duo avec Umberto Tozzi (« Toi, tù »), un autre avec Nek
(« Laura non’cè »), et aussi « Rosso », et un bel album aux couleurs du soleil, « La Tête haute »…
Le temps a passé, un an et demi de silence radio pendant lequel Céréna s’est posée, a pris le
temps de la réflexion, de l’introspection même.
Le joli brin de voix a grandi, mûri. Et c’est en auteur-compositeur-interprète qui sait plus que ja-
mais ce qu’elle veut qu’elle nous revient, signant six des treize titres de « La Parenthèse».
Alors, c’est une évidence : l’artiste a trouvé sa route ; en quelques titres, elle impose un univers
comme on en voit peu ces temps-ci. Elle nous livre des chansons à texte, comme on dit.
Des chansons délicates, simples, mais avec du sens. Autant de petits courts-métrages qui, tout en
évoquant sa propre vie, nous racontent beaucoup de la nôtre. Au fil de nos écoutes, chacun pose
les images qu’il veut, et l’intimité se crée avec cette chanteuse dont il est peu de dire qu’elle n’est
pas ordinaire…
Pour autant, que les fans se rassurent : « La Parenthèse » ne renie rien du passé. Il est seulement
différent, peut-être plus intense, sans doute plus mature : le reflet de l’âme d’une jeune femme de
26 ans qui sait ce qu’elle veut, incontestablement moderne, mordante, souvent drôle, et pleine
d’une tendre nostalgie. Céréna se raconte avec ses mots à elle et la simplicité qu’on lui connaît.
Elle nous parle de ses amours, de sa vie d’aujourd’hui, de cette société où le virtuel l’emporte trop
souvent sur la vérité des sentiments et finit par éloigner les êtres plutôt que les rapprocher.
Elle évoque son enfance aussi, et ceux qui l’ont faite. « Qui à part toi » est un clin d’œil à son
père, chauffeur de bus, qui passait l’embrasser le mercredi après-midi. « La Parenthèse » sonne
comme un tendre hommage à maman, la gardienne de l’école où elle a grandi.
Quant à « La Belle histoire », elle nous renvoie à l’époque où, à peine majeure, la jeune fille
chantait dans les cabarets parisiens devant des touristes venus du monde entier, ébahis par la
voix de ce petit bout de femme à l’avenir de star…
Et puis il y a la voix, de plus en plus belle, de plus en plus intense. Si les arrangements sont bien ancrés dans l’époque, Céréna assume sa nostalgie jusque dans ses mélodies.
En retrouvant le réa- lisateur Régis Cecarelli sur sept des treize titres du disque, elle savait ce qu’elle voulait : retrouver le son et l’esprit de « Libre », cette chanson qui l’accompagne depuis qu’elle a 15 ans, son porte- bonheur, son premier succès.
Ainsi, « Ma Melodia » est née d’une berceuse traditionnelle aux couleurs d’Amérique latine et la chanteuse s’y montre plus émouvante que jamais ; « La Belle his- toire » est une valse comme elle les aime depuis toujours ; « Dis pourquoi » l’une de ces ballades qu’on aurait pu croiser dans le meilleur de la chanson des années 70… Nostalgique donc, mais jamais triste. Bien au contraire… « Je ne veux pas faire pleurer. Je préfère de loin qu’on sourit en m’écoutant, et en se souvenant des images du passé. », explique-t-elle. Mis- sion largement réussie : « Ca va l’faire », qui ouvre l’album, est un véritable hymne à l’optimisme qu’on n’a aucun mal à faire nôtre !
Aucun doute : Céréna a fait un pas de géant. La meilleure preuve n’est-elle pas l’incroyable « Où sont passés les petits papiers » où, sur un sample de la fameuse chanson de Régine écrite par Gainsbourg, la chanteuse dit tout de son état d’esprit. Dans « La Tête haute », elle écrivait une longue et belle lettre à sa grand-mère disparue. Trois ans plus tard elle lui consacre cette chanson décapante, appelée - comment en douter ? - à un bel avenir. « J’ai récidivé ma lettre à mamie : suite et fin ! C’est un peu comme si, maintenant, nous allions toutes les deux voler tranquillement, chacune dans notre monde. Sans rien oublier j’ai eu besoin de grandir, de devenir enfin adulte. Ce que je n’étais sans doute pas encore il y a peu !»
La nouvelle Céréna n’a pas seulement trouvé ses marques ; elle occupe désormais une place à part dans la chanson française. Une chanteuse qui a des choses à dire. Une chanteuse à prendre définitivement très au sérieux, et qui rend ici, en treize titres, toutes ses lettres de noblesse à un terme trop souvent galvaudé : la grande et belle « variété ». Celle qu’une jeune femme de 26 ans nous invite à découvrir et à aimer. D’urgence. A la folie…