About Me
Je n'ai pas de nom. Je suis une enfant dans l'esprit d'une femme, une femme prise dans un corps d'enfant. Je n'ai pas d'âge. Pas de famille. Pas d'attache. Je ne suis rien. Une enveloppe vide. Le vecteur d'une pensée:
Un immense jardin. Ou plutôt un square. Ou alors simplement une forêt? Je ne sais même plus ou je me trouve. A vouloir fuir le chaos du monde, je me suis enfermée dans une profonde solitude, où mon seul ennemi est une réplique de moi même, un double, un autre "je". Il me nargue, m'observe, me traque, peuple mes rêves pour en faire des cauchemars. Il a fait de ma perception un tableau grotesque : des ombres se démenant partout autour de moi, créant un tourbillon informe et terrifiant. Un manège ridicule de pantins désarticulés.
Je suis la voix qui les décrit.
Un appartement miteux. Ou un modeste pavillon de banlieue. Allez savoir. Tous les lieux se ressemblent pour moi : la vie a déserté mes yeux depuis longtemps. Toujours le même chaos, la même nervosité. Un battement de cœur arythmique venant se fracasser sur la matière sèche et froide qu'est devenu mon corps. Une nervosité entraînante. Une voluptueuse agression.
Je suis le rythme qui la traduit.
Un train. un métro. Ou simplement une voiture fonçant vers l'inconnu. Chaque mot de mon ennemi siamois se répète en échos, venant séduire mon esprit pour mieux l'écraser par la suite. Sa parole est un air lointain, charmant, solitaire et nostalgique qui se transforme en hurlement rageur... En un battement de cils.
Je suis l'accord qui la sublime.
Une rue déserte. Ou un boulevard étourdissant d'animation. Des ombres passent devant mes yeux, comme des fantômes indifférents à mon combat intérieur. Et pourtant, tous ressentent la même chose que moi. Leur ennemi les prend aux tripes d'une main experte et tord leurs organes avec la même douleur que celle que je ressens actuellement.
Je suis la note grave qui la dépeint.
Un soir, mes yeux se sont fermés sur le chaos de mes pensées. Une brise caresse mon visage, gratifiant mes oreilles d'un chant mélancolique et violent. puis la brise devient bourrasque, ouragan, et se solidifie. Elle se rafraîchit. Et le vent devient eau. Et la lumière devient obscurité. Et ma chambre obscure devient un océan où des formes semblent se mouvoir... Des formes humaines.. Irréelles... Et sans que je puisse réagir, une main me saisit. Alors que je me retourne, les formes sont tout autour de moi. Leurs bouches s'ouvrent, et les sons de leurs voix créent des vibrations mélodiques. Et dans ce concert informe, je distingue un nom, un nom que je vous répète aujourd'hui, car il est ma passion, ma raison de vivre, ma muse et mon ennemi mortel à la fois.
Syllia...