About Me
Retour d’Elvis
1.
Après quoi j’ai roulé toute la nuit à la poursuite de gangsters. Des pendus, des loufiats, des borgnes, des biffés. Des crevards, des traîne-culs, des pueux, des branques, des débordés. Des clampins, des mecs niqués. Des qu’ont pas d’jeu. Qui sont faits et refaits. Qui sont cuits et qui attachent. Les campanules de la décimation. Des dépassés de la date de péremption. Des ramassis, des qui flanchent. Des porte-flingue et des seconds couteaux. Des petites mains. Pistoleros faméliques qui tournent de l’oeil au moment où. Assassins des gazettes. Contractuels du recouvrement populaire. Les travailleurs de la Grande Lessive. Ceux du bourbier. La cheville ouvrière des nuits cataplectiques. Des débiteurs. Des survivants avec leur scandale autour du cou, dans l’trou des veines et des franges à moto. Des soldes de tout compte. Lessivés, ravagés, décatis, délattés. Aux tronches d’arrière boutique. Brunes. Ouais, c’est le All Star des éclopés qui fulmine. La saison des broyés et des indiens sur le périphérique. Plombés. Des jusqu’à l’os. Des pas vifs. Des pas gais. Des fracassés, des effarés. Des lourdingues. Des ours. Des chagrins, des tronqués. Des paranos. Des zoniens. Des affolés. Des mecs tu sais pas.
2.
Tous sont consentants pour jouer une opérette à la John Woo, un rodéo de l’espace. On s’ennuie tellement par ici. On en a tellement notre claque. « Vermines ! Coquins ! Chômeurs ! Allocataires ! »
3.
Oh ! la vitesse. Je regarde dans le ciel de ma Buick les enseignes, le longs cours, les néons, les reflets de ma Buick qui rutile, qui transperce, qui lame-de-couteau, qui bolide dans la nuit noire. Et tu sens bien que le regard des autres change. Je vrombis, pétarade, je berzingue. La ville fuit sous moi Le périphérique est fluide et je soulage une vieille angoisse. Un motard passe : "-Salut ! -Salut !" (On se salue toujours entre motards). Je fais du morse avec l’allume-cigare et j’allume mes feux de code c’est plus gai. Cette année les vaches maigres et des filles à camions dans des stations services. J’emprunte un peu de ciment pour me bomber le torse dans des rades à Bagneux, à Cholet, à Vitry, à Presles, à St Maclou sur Oise, à Val Fleury la Superette, à Villenoeud, à Maussade, à Jouasse en Joly, à Prison les prés verts et Brise de g’noux, à Vegas, à Port Bou, Bâton Rouge... Je flambe. J’attends le redoux.