Igor !

_______________________L'étrange songe_________________________ Regarde nous emmagasiner les tragédies en un battement de cil. Par la vitre, m'est offert le triste spectacle de l'individu méprisé au fil des infâmes bâtiments que j'aperçois, osant défier les cieux allant même jusqu'à les voiler. Nous voilà semble-t-il irrévocablement jettés en pâture dans le quotidien. Quartiers chauds et sueurs froides. Nuits blanches et idées noires. Oh poésie ! Débats toi en chacun de nous et à chaque instant pour envoyer valdinguer en milles morceaux les rouages de l'infernale machine à comprimer les coeurs et broyer du noir. Débats toi pour que subsiste en nous quelques sacralités pures. Poésie, triomphe de notre misère, c'est en fils que je te le demande. Assis sur un strapontin, je te devine derrière chaque coin d'ombre, chaque masque austère et chaque tentative d'évasion irrationnelle. Poursuivant son trajet, le métro, en pleine jungle, nous mène droit vers d'insondables profondeurs, empreintant des directions intérieures... A présent , il me faut trancher les lianes et les branches qui entravent mon passage, car plus j'avance et plus tu m'attires. Nature sauvage, toi qui m'habites patiemment depuis toujours, sauras-tu te révéler à mes yeux pour qu'ils deviennent la source inépuisable? La source d'où joie et peine se confondent pour couler et se répandre sur les terres fertiles où l'on récolte la sagesse en cultivant le mystère. Nature sauvage, puisses-tu accepter celui que je suis devenu, l'ombre de moi-même, l'instrument des airs désaccordés qui se joue en moi, l'instrument des airs désaccordés qui se joue de moi , détenu captif et déterminé en ce lieu et cette époque? Puisses-tu l'accepter pour qu'ainsi à mon tour, j'accomplisse l'éternel retour en un chant de délivrance pareil à celui de l'oiseau perché sur l'arbre aux milles âmes.