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On nous conseille de ne jamais croire ce qu'on nous dit d'un zérotoutrond. Il n'y a personne à l'intérieur. Il y a passage par-dedans. Puis on nous dit : L'inconséquence et l'irresponsabilité n’effrayent pas les zérotoutronds. Chez les zérotoutronds des poltrons prêchent l’audace, des suicidaires font l’éloge de la vie. Il y a aussi des artistes, ou prétendus tels, chez les zérotoutronds. En général l'artiste rond reste solitaire et incompris des siens, il a même toutes les chances de finir maudit (mais ça le fait rire). Il s'écrie quelquefois : «Après dada, après les shandys, voici les zérotoutronds !», avant de retomber, somnolent, bercé par la rumeur du périphérique qu'il confond avec celle de l'Océan. Si le talent n’est pas banni chez les zérotoutronds, il n’y est pas non plus obsessionnellement recherché. La médiocrité a sa place chez eux. Un artiste zérotoutrond peut même ne rien produire du tout et se contenter de se moquer de ses petits camarades. Un zérotoutrond peut être un idiot*. S’il l’est il devra mettre en avant son idiotie. Dans le cas contraire on appréciera qu’il mette toute son intelligence au service d’une cause unique : la poursuite de l’idiot en lui.
* idiot, idiote [idjo, idjCt] adj. et n. : du grec idiotês «simple particulier»
Les zérotoutronds aiment les oeuvres inachevées, ainsi que les moments suspendus. Il arrive parfois, aux alentours de 00h00, qu'un zérotoutrond se glisse avec souplesse dans une seconde plus accueillante que les autres, et qu'il s'y installe pour toujours. Personne ne pleure sa disparition.
On trouvera sans doute assez facilement le moyen de coincer le Z. sur tel point de détail de la théorie du chaos. Sans doute sont-ils encore assez nombreux ceux qui pensent la terre plate, et le chercheur incurieux qui eut l’intuition de sa rotondité n’éprouva en tous les cas nul besoin d’en faire la démonstration. Le Z. en général ne désire pas de preuves, il n’a pas même besoin de savoir car d’une certaine manière il sait déjà. Il n’a par exemple jamais imaginé se trouver au centre de l’univers et par conséquent ne pouvait craindre de s’en faire expulser.
Le Z. est passé maître en l'art de la prestidigitation. Il transforme la boue en or et inversement, il transforme un échec en succès, une bravade en caresse, une chanson mièvre en sonnet shakespearien.
Mais ce n’est pas pour rien qu'il n'a rien voulu devenir : c’est pour pouvoir à tout instant répondre (favorablement) aux mille propositions merveilleuses qui lui sont faites, et qui ne sont faites qu’à lui. Chaque matin, à peine levé, il va lécher les gouttes de rosée que la nuit a déposées sur les fleurs sauvages. Les abeilles fabriquent — en secret — un miel à lui seul destiné.
C’est quand ils sont bien campés tout au fond du désespoir qu’ils parlent de la joie avec le plus d’éloquence et d’enthousiasme, et c’est quand ils sont au comble de l’allégresse qu’ils aiment se perdre en considérations sur la tristesse. Mais ils parlent peu de toutes façons. Depuis la plaine verdoyante ils plongent leurs regards tout au fond de l’abîme. Du fond de l’abîme ils contemplent le ciel. (La vraie joie a quelque chose de triste; la vraie tristesse a quelque chose de réjouie.)
La mort prématurée d'un Z. ne vient pas a posteriori donner un sens à sa vie. Sa vie aura été vécue pour rien, c’est-à-dire rien que pour elle-même et pour l’enchantement de ce qui, parfois, se dresse à partir de rien.
Mettons que ce que j'ai dit, je ne l'aie pas dit.
(...)

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