Éric LE LANN
Né à Ploeuc-sur-Lié (Côtes-d'Armor) en novembre 1957, Eric Le Lann est initié à la trompette par son père, dentiste et trompettiste amateur. Après le baccalauréat, il décide de quitter sa Bretagne natale en 1977 pour s'installer à Paris où il devient musicien professionnel. Pendant les premiers mois de cette carrière professionnelle, Eric Le Lann fait des séances d'enregistrement en studio, accompagne de nombreux artistes de variétés comme Bernard Lavilliers, les Gibson Brothers ou Henri Salvador (au sein du big band d'Eddy Louiss), et fréquente assidument les clubs de jazz. Fort de ses vingt ans, le jeune trompettiste possède déjà une forte personnalité musicale qui va l'amener à émerger rapidement sur le devant des scènes du jazz : il obtient en 1979 le premier Prix du concours national de Jazz de la Défense (Paris).
En 1980, la réputation de Le Lann grandit et il est engagé dans le quintette du pianiste René Urtreger aux côtes de Jean-François Jenny-Clark (contrebasse), Aldo Romano (batterie) et Jean-Louis Chautemps (saxophones). René Urtreger (né en 1934) est un musicien accompli, très réputé, issu de "l'école américaine" du bop : il a enregistré avec Chet Baker, Miles Davis, Dizzy Gillespie, Lester Young, Dexter Gordon, Philly Joe Jones... Pianiste expérimenté, très exigeant, il choisit ses solistes avec beaucoup de goût, et c'est donc par la grande porte qu'Eric Le Lann intègre le milieu du jazz hexagonal. Le disque du quintet En direct d'Antibes est publié en 1980 et donne une idée juste de la grande qualité du groupe.
En 1980 toujours, Eric Le Lann effectue une soixantaine de dates avec le chanteur Henri Salvador, qu'il retrouvera vingt ans plus tard. La même année, le contrebassiste Henri Texier l'engage dans son premier quartet (où l'on trouve le batteur Bernard Lubat, futur créateur du festival d'Uzeste). Jouissant dès cette époque d'une solide réputation, le trompettiste donne en 1981 une série de concerts avec le saxophoniste américain Pepper Adams, ancien membre du groupe de Charles Mingus. Il est également convié par le contrebassiste Jacques Vidal et le guitariste Frédéric Sylvestre à l'enregistrement d'un disque, Vidal Sylvestre + 2 (en compagnie du batteur Eric Dervieu). Il enregistrera quelques années plus tard deux autres disques avec ce remarquable duo.
1981 est l'année où Eric Le Lann intègre le Onztet du contrebassiste et chef d'orchestre Patrice Caratini . Il est aussi invité par le pianiste Martial Solal à intégrer son big band, en compagnie duquel il participe à de nombreux festivals européens (La Haye, Prague, Pori, Montreux, Berlin). Le Lann devient le soliste principal de l'orchestre, point de départ d'une collaboration entre les deux hommes qui dure encore aujourd'hui.
En 1982, Eric Le Lann présente son projet personnel, un quartet. Il a convié trois musiciens exceptionnels, modernes mais fins connaisseurs de la tradition et de l'histoire du jazz : Olivier Hutman au piano, Césarius Alvim à la contrebasse et André Ceccarelli à la batterie. Il publie avec cet orchestre le disque Nightbird (1983), participe au festival des radios européennes à Stockholm et remporte le prix Django Reinhardt décerné par l'Académie du Jazz. Le quartet possède une souplesse, un son et une unité remarquables. La musique qui naît est à la fois très mélodique et très rythmée, et prend une dimension nouvelle sur scène. Loin des modes, ancré dans la tradition d'un jazz agréable à écouter, qui swingue "à l'américaine", le quartet s'affirme tout de suite par sa maturité et son propos, et se démarque des expériences plus contemporaines d'une scène européenne qui se cherche, et qui monopolise la presse spécialisée. Eric Le Lann participe à cette époque au magnifique album du pianiste Francis Lockwood Home, sweet home, avec le contrebassiste Jean-Paul Céléa et le batteur François Laizeau, qui s'inscrit dans la même esthétique . Il fait partie dès l'ouverture en 1982 des musiciens qui vont faire la renommée du club parisien Le Sunset qui ouvre au 60, rue des lombards.
Le Lann rejoint ensuite le trio Humair-Jeanneau-Texier (Daniel Humair batteur, François Jeanneau saxophoniste et Henri Texier contrebassiste) pour effectuer une tournée en Inde. En 1985, il joue dans le film Autour de Minuit de Bertrand Tavernier, qui raconte l'histoire d'un jazzman américain à Paris. Il apparaît en compagnie du saxophoniste Dexter Gordon (qui tient le rôle principal), du pianiste Herbie Hancock et du batteur Billy Higgins. Parallèlement, il compose la musique du film Elsa, Elsa de Didier Haudepin (avec François Cluzet et Lio).
Il apparaît en 1985 aux côtés de chanteurs de variété comme Etienne Daho ou Bernard Lavilliers et enregistre en décembre de cette année-là un deuxième disque en leader, I mist you, sur lequel on retrouve Olivier Hutman et Césarius Alvim (piano et contrebasse). Les baguettes ne sont plus tenues par "Dédé" Ceccarelli mais par Tony Rabeson, musicien d'origine malgache célèbre pour son incroyable musicalité et sa souplesse rythmique. Ici encore la musique est inscrite dans une forme classique du jazz, servie par des musiciens authentiques et de grand talent. Le Lann se produit en 1986 dans de nombreux festivals en compagnie de son quartet : Nice, Porto, Lisbonne, Nancy, Paris... Il compose également en 1986 la musique du film Corps et biens de Benoît Jacquot (avec Lambert Wilson et Dominique Sanda).
En 1987 et 1988, le prodige du piano Antoine Hervé, alors directeur de l'Orchestre National de Jazz, l'invite comme soliste d'honneur. L'ONJ possède dans ses rangs de jeunes musiciens et de grandes personnalités (André Ceccarelli à la batterie, Jean-Marc Jafet à la basse, Nguyen Lê à la guitare, Denis Leloup et Jacques Bolognesi au trombone...).
En 1988, Césarius Alvim délaisse la contrebasse pour se consacrer au piano : il invite son complice Eric Le Lann et le contrebassiste américain Eddie Gomez (ancien accompagnateur de Bill Evans et membre de Steps Ahead avec Michael Brecker) sur Threefold, son premier album en tant que pianiste.
En 1989, Eric Le Lann change d'orientation puisqu'il monte un groupe de jazz "fusion" (dans la lignée de Miles Davis période électrique ou de Weather Report) avec Louis Winsberg à la guitare et Paco Sery à la batterie, deux membres du groupe Sixun. Il enregistre l'album New York en août 1989 (à ... New York !) en invitant le guitariste Mike Stern (ancien compagnon de route de Miles Davis), le contrebassiste Eddie Gomez et le percussionniste Mino Cinélu. De nombreux concerts suivent durant quatre années qui le mènent en France, en Asie (Philippines, Thaïlande, Bornéo, Java, Sumatra, Bali), en Inde, au Népal, en Algérie et au Maroc.
Après cet épisode "fusion", le trompettiste prend une nouvelle direction puisqu'il décide d'interpréter les chansons d’Edith Piaf et de Charles Trénet, sur des arrangements signés par un musicien qu'il respecte profondément, Martial Solal. Ce dernier passe plus de six mois à ré-écrire les partitions de chansons populaires comme Que reste-t'il de nos amours, Mon homme, La mer ou L'Hymne à l'amour. Les arrangements très sophistiqués, d'une beauté classique mais extrêmement modernes, permettent au trompettiste de se montrer encore plus mélodiste, de poser ses notes sur un véritable tapis musical fait de swing et de cordes moelleuses. Eric Le Lann, entouré par un orchestre composé de trente-cinq musiciens, est à la tête d'un quartet (avec Jean-Michel Pilc au piano, Jean-François Jenny-Clark à la contrebasse et André Ceccarelli à la batterie). La direction musicale est assurée par Patrice Caratini. L'enregistrement du disque a lieu dans les prestigieux Studios de la Grande Armée (Paris) en juin 1990. L'album s'intitule Eric Le Lann joue Piaf [et] Trénet et paraît peu de temps après chez Musidisc.
En 1990, on peut entendre Eric Le Lann sur le disque Dansez sur moi d'André Ceccarelli. Il est invité à rejoindre le batteur niçois et ses complices (Jean-Marc Jafet à la basse et Thierry Eliez aux claviers) sur deux titres : A sound from nowhere (sur lequel il joue de la trompette bouchée) et sur le standard Seven steps to heaven, que jouait régulièrement le quintet de Miles Davis à la fin des années soixante.
En 1991, il revient au jazz plus électrique en compagnie du saxophoniste Lionel Belmondo, du cléviériste Jean-Michel Pilc, du bassiste Richard Bona et du batteur Jean-Paul Ceccarelli pour un disque superbe, plein d'invention, de climats et de groove, Cap Fréhel. Dans la lignée du jazz "électrique" américain, le trompettiste imprime sa patte personnelle, livre son univers hanté par la nuit, imprégné de blues et dépeint des paysages sonores inhabituels à l'aide d'un son de trompette brumeux, doux et violent à la fois.
Une tournée en Afrique suit l'enregistrement du disque : un film réalisé à cette occasion par Valérie Stroh ( actrice passée derrière la caméra) révèle les blessures d'un musicien souvent victime de tourments de la personnalité, doté d'une fragilité d'écorché vif. Il est produit pour les films Aline en 1992 et s'intitule Eric Le Lann à la trompette. Ce documentaire est l'histoire de la rencontre d'un compositeur, musicien de jazz, et d'une réalisatrice, actrice. Après leurs premiers entretiens à Paris, Valérie Stroh suit Eric Le Lann tout au long d'une tournée en Afrique. Au fil du voyage, on assiste aux rencontres du musicien avec des percussionnistes africains, à des répétitions, extraits de concerts, mais aussi aux déambulations diurnes et aux conversations de fin de nuit des deux protagonistes. Celle qui met en scène est aussi à l'image : elle provoque le récit du musicien, écoute l'homme se raconter (quand il évoque son père ou Chet Baker) et ne se refuse pas aux questions qu'il lui retourne.
En 1992, le documentariste Alain Gallet lui consacre également un film, Eric Le Lann, portrait, pour une chaîne de télévision publique. De 1992 à 1995, il se produit avec le groupe de Cap Fréhel mais aussi avec diverses autres formations en Afrique de l'Ouest (Sénégal, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Cameroun, Togo, Bénin) en Europe de l'Est (Bulgarie, Roumanie, Grèce) en Afrique Australe (Rwanda, Iles Maurice, Seychelles, Abidjan), en Israël (festival d'Eilat, Tel-Aviv), au Portugal ainsi que sur de nombreuses scènes françaises. En 1993, on l'entend en club en compagnie de pianistes réputés comme Alain Jean-Marie et Maurice Vander et en trio avec ses complices Césarius Alvim et Tony Rabeson. En 1995 il collabore avec le pianiste et compositeur originaire de Saint-Renan (Finistère) Didier Squiban, qui s'est spécialisé dans la réécriture et la réinterprétation de mélodies bretonnes traditionnelles. Il participe au disque Bangor du groupe Sirius (dont Squiban est le compositeur, l'arrangeur et le directeur musical) enregistré en public à Brest en compagnie d'une quinzaine de musiciens de jazz.
En février 1996 il collabore avec Didier Squiban dans son projet An-Tour-Tan et participe à l'enregistrement de Penn-ar-Bed Brest 96 pour l'évènement maritime du même nom, avec des musiciens emblématiques de la scène bretonne comme le guitariste Dan Ar Braz, le sonneur Ronan Le Bars ou le chanteur Yann Fanch Kemener.
Quelques semaines plus tard il enregistre Trois heures du matin, un disque en duo avec le regretté pianiste Michel Graillier (1946-2003) sur lequel on retrouve des standards comme The man I love, In a sentimental mood ou Lush life mais aussi trois thèmes de Le Lann. Cet enregistrement parvient à capter avec beaucoup de finesse la mélancolie et le blues le plus profond qui caractérisent la sonorité du trompettiste. Cette même année, à l'initiative de madame Farhi, célèbre patronne du New Morning (salle parisienne), il se produit sur scène en quintet en compagnie du saxophoniste américain Archie Shepp. Les deux hommes, qui ne se connaissent pas, sympathisent dès le premier soir et ne cesse depuis cette rencontre de jouer ensemble. Le quintet est enregistré au Petit Journal Montparnasse et publie un disque intitulé Archie Shepp - Eric Le Lann live in Paris.
En parallèle Eric Le Lann dirige son Acoustic Quartet avec de jeunes musiciens très prometteurs : Eric Légnini au piano, Rémi Vignolo à la contrebasse et Jean-Pierre Arnaud à la batterie. A la fin de l'année 1996 ils enregistrent en public au Duc des Lombards (club de jazz parisien) le disque Today I fell in love et effectuent un bon nombre de concerts.
En 1998, on retrouve Eric Le Lann en duo avec le pianiste Martial Solal, en quintet avec le saxophoniste Archie Shepp et à la tête de l'Acoustic Quartet avec qui il part en Inde et au Moyen-Orient (Soudan, Irak, Yémen, Syrie, Jordanie).
Il compose en 1999 la musique du film Disparus de Gilles Bourdos (avec Anouck Grimberg) puis la musique d'un film documentaire de Valérie Stroh consacré à Simone De Beauvoir, dans la collection Un siècle d'écrivain (FR3).
En 2000 Eric Le Lann publie Portrait in black and white, un disque en duo avec Martial Solal sur lequel on peut entendre des thèmes de Thelonious Monk, George Gershwin ou Charles Trénet. Les deux hommes, enregistrés en concert lors du festival Jazz à Vannes (août 1999) parviennent à livrer le meilleur d'eux-mêmes en se respectant, en laissant toute liberté à l'autre dans un esprit d'ouverture constant. Cet enregistrement d'une qualité exceptionnelle, récompensé par un Diapason d'Or (prix décerné par la revue musicale consacrée au classique Diapason) est suivi peu de temps après par la bande originale du film Les acteurs de Bertrand Blier : Solal en est le compositeur ; il partage la direction d'orchestre avec Patrice Caratini, et les principaux solistes sont Eric Le Lann, le saxophoniste Sylvain Beuf et le contrebassiste François Moutin. Le trompettiste participe également à cette époque à Chambre avec vue, l'album qui marque le retour du crooner Henri Salvador, alors âgé de quatre-vingt-trois ans, sur le devant de la scène. Le Lann participe à quelques concert du chanteur, notamment à l'Olympia. Salvador aimerait parfois entendre les mêmes solos de trompette que sur le disque, mais Eric Le Lann est un vrai jazzman qui, par définition, réalise à chaque fois un solo particulier.
L'année 2000 est aussi la date de l'ouverture de l'Ecole de Création Musicale (ECM) dont Eric Le Lann est le fondateur et directeur. L'école, située en Bretagne, ouvre à Lohéac (près de Rennes) avant de s'installer définitivement en 2003 à Dinan, dans les Côtes-d'Armor.
En 2001, Eric Le Lann poursuit ses collaborations avec Martial Solal (en duo) et en groupe avec Archie Shepp, avec qui il part se produire sur les scènes des festivals d'Abidjan et de Tunis. Il compose la musique de la pièce 54x13 , une épopée cycliste de Jean-Bernard Pouy. Il donne avec le comédien Jacques Bonnaffé soixante-dix représentations en province ainsi que trente représentations au Théâtre de la Bastille à Paris. En juin 2001, il obtient pour cette pièce le Grand Prix de la Critique pour la meilleure composition de musique de scène de l’année.
En 2002, Eric Le Lann se lance dans la création d'un projet ambitieux qui mêle musiques bretonnes et jazz : sur l'invitation de Jean-Pierre Pichard (directeur du F.I.L.) il se produit en août au Festival Interceltique de Lorient en compagnie de vingt-cinq musiciens dont les chanteurs Manu Lann-Huel et Claudia Solal, et le pianiste Francis Lockwood.
En juillet 2003, Eric Le Lann est le soliste d'honneur invité au Festival de Jazz de Vienne pour l'interprétation du Concerto d'Aranjuez, sur des arrangements de Gil Evans (les parties de trompettes ont été écrites pour Miles Davis). Il est également invité et célébré au festival de jazz de Marciac en août 2003. il se produit en duo avec son ami Césarius Alvim, contrebassiste devenu pianiste de grand talent, enseignant principal de l'ECM de Dinan.
En mars 2004, il commence l'enregistrement du projet Origines, qui est né sur la scène du festival de Lorient en 2002. On retrouve le chanteur Manu Lann-Huel mais aussi Marthe Vassallo, une autre grande voix du chant traditionnel breton. Francis Lockwood tient le piano, Henri Dorina la basse, Stéphane Véra la batterie ; les parties chorales sont assurées par les choeurs de l'Opéra de Rennes. Pour la production, Eric Le Lann a eu la chance de trouver un homme prêt à prendre des risques : François Dannion, propriétaire de trois magasins d’instruments à Lorient, Brest et Quimper, produit pour la première fois une disque. L'ingénieur du son est Patrice Marzin, guitariste très réputé, qui va ajouter de-ci de-là quelques couleurs savamment dosées. Le disque Origines paraît en 2005 chez Universal : il témoigne d'un important travail d'écriture, d'arrangement et de production.
L'album suivant, Jobim, est en duo, mais cette fois-ci avec un guitariste, le Basque Jean-Marie Ecay, pour un hommage à Antonio Carlos Jobim. C'est à la suite de sa participation au disque d'Henri Salvador, très fortement influencé par la bossa nova, que le trompettiste décide d'explorer des compositions peu connues du Brésilien. Publié en juin 2005, cet enregistrement permet à Eric Le Lann de s'exprimer sur des bossas, mais en parvenant à produire un travail tout à fait original, très acoustique (trompette parfois avec sourdine et guitare acoustique), loin des sentiers battus et du folklore brésilien pour touristes. C'est de nouveau une belle réussite qui surprend l'auditeur et la critique : Eric Le Lann est rarement là où on s'attend à le trouver.
En 2006-2007, Eric Le Lann fait partie du Newdecaband de Martial Solal, un nouvel ensemble sans saxophones (mais avec Claude Egéa à la trompette, Denis Leloup et Marc Roger au trombone, Lionel Surin au cor, François Thuilliez au tuba, Thomas Grimmonprez à la batterie et Jean-Philippe Morel à la basse). Ils enregistrent le disque Exposition sans tableau qui paraît chez Nocturne à la fin de l'année 2006 et qui obtient de nombreuses récompenses. Le Lann s'impose une nouvelle fois comme un soliste d'exception au style unique.
Eric Le Lann se produit sur scène depuis 2006 en compagnie de Nelson Veras, jeune prodige brésilien de la guitare, pour interpréter des bossas de Jobim mais aussi des oeuvres de Duke Ellington et ses propres compositions.
En août 2006, c'est à l'initiative d'Eric Le Lann, la première rencontre avec le bassiste Jannick Top, le guitariste Lionel Louéké et le batteur Damien Schmitt, pour l'enregistrement d'un nouveau projet, fusion de jazz et d'électro.
En 2007, l'année de ses cinquante ans, le trompettiste fait l'actualité avec la sortie de l'album Le Lann "Top", publié sur le label Nocturne, qui fait grand bruit. C'est le résultat d'une rencontre heureuse entre la trompette aérienne du jazzman Le Lann et la basse terrienne du rocker Jannick Top. C'est l'album des paradoxes : acoustique / électrique ; aigu / grave ; jazz / rock ; douceur / violence ; instruments traditionnels / samples & électro... Les parties de trompette prennent une ampleur et une épaisseur rares, la matière sonore nouvelle projette l'auditeur dans un genre futuriste qu'il n'imaginait pas. On retrouve l'empreinte très forte du trompettiste, en particulier dans les thèmes (il reprend dans Today le thème de Circle, présent sur le live avec Archie Shepp) et sur les ballades. L'habillage, la couleur et les accompagnements sont marqués par le style de Jannick Top, réalisateur du disque, maître du rythme et des matières sonores. On peut apprécier également les parties de guitare très originales du Béninois Lionel Loueke, partenaire musical d'Herbie Hancock, qui donnent un climat particulier sur de nombreux titres, entre sonorités africaines et accords très sophistiqués, qu'il double parfois avec la voix. Les baguettes sont tenues par un jeune musicien phénoménal, Damien Schmitt, redoutable rythmicien à l'aise dans tous les contextes (rythmes "drum'n bass", ballades bluesy, heavy rock, grooves africains...) et débordant d'invention. La presse est unanime et réserve un accueil des plus chaleureux à ce nouvel enregistrement, que l'on présente comme "le retour en force du meilleur trompettiste français". Et pourtant, Eric Le Lann n'avait jamais disparu...
En 2007 et 2008, le quartet Le Lann - Top se produit sur de nombreuses scènes, épaulé par les samples et les séquences gérés par Fabien Colella, cinquième homme du groupe. On retrouve en compagnie des deux leaders les guitaristes Jim Grandcamp, Jean-Marie Ecay ou Nelson Veras, et les batteurs Damien Schmitt ou Thierry Arpino. Il enregistre en octobre 2008 à New-York avec David Kikoski,Douglas Weiss et Al Foster un disque en quartet pour le label "plus loin".Sortie prévue en Aout 2009.
Longtemps considéré comme la synthèse parfaite du style de Miles Davis et de Chet Baker, Eric Le Lann s'est imposé dès ses débuts comme un soliste hors pair au phrasé et au son tout à fait personnels. Musicien extrêmement cultivé, il connaît parfaitement l'histoire du jazz et de ses grands interprètes, qu'il a intégré dans son jeu, sans jamais chercher à imiter ses influences. Ses références à la trompette sont Louis Armstrong et Clifford Brown. Quand on lui demande quel est le musicien qu'il admire le plus, il répond "Martial Solal..."
A propos d'Eric Le Lann :
"Quant à Eric Le Lann, c’est le seul musicien qui figure dans mon big band depuis sa création. C’est un musicien rare, avec des idées qui me surprennent toujours. Quand j’ai écrit pour lui des arrangements sur des chansons d’Edith Piaf et de Charles Trénet, j’y ai passé six mois. C’était dur. Je ne recommencerais pas cela aujourd’hui." Martial Solal, pianiste, compositeur et arrangeur. (interview réalisée par Guillaume Lagrée publiée en septembre 2005 sur citizenjazz.com)
"Le Lann est pour moi une référence. J'aime beaucoup ses phrases, son placement rythmique incroyable, son feeling et sa fragilité... On sent chez lui une grosse culture de l'histoire du jazz [...] et on le reconnaît au bout de deux notes." Nicolas Folmer, trompettiste, co-directeur du Paris Jazz Big Band. (in Jazz Magazine N°576, décembre 2006)
"Chaque apparition discographique d'Eric Le Lann est un événement : Nightbird (JMS, 1983) et New York (Emarcy, 1989) figurent parmi les meilleurs disques de jazz parus en France (et pas seulement "français") de ces dernières années." Frédéric Goaty, journaliste, rédacteur en chef de Jazz Magazine & Muziq. (in Jazz Magazine N°581, mai 2007)
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