Sheron

1986… « Faites place à la charogne, la cloche a sonné… » Premières paroles à l’écoute du premier album de Sheron, auteur, compositeur et interprète. Naissance, puis renaissance à travers la musique… 11 ans et déjà celui-ci commence à frôler les claviers des pianos, avançant et progressant grâce à cette volonté qui ne le quitte jamais. Sans cours, ni partitions mais guidé par le message et l’espoir de la culture hip-hop, il apprend chacunes des étapes de la création musicale, tout en connaissant les difficultés (faut-il le rappeler !) inhérentes à tous les jeunes artistes comme l’achat de matériels. Autodidacte complet, il opère ainsi ses enregistrements, pré-mixages, allant même jusqu’à la conceptualisation graphique de ses pochettes. Dans son univers, rien n’est choisi au hasard, à commencer bien évidement par son nom. « La charogne », comme on peut l’observer ci-dessus a perdu son rang de pseudonyme, ou du moins ne l’a jamais gagné. L’artiste a préféré Sheron, terme moins péjoratif, évitant d’accentuer la mauvaise image véhiculée par son art, le rap.La charogne incarne un personnage fictif, sorte d’ombre maléfique "revenu du royaume des damnés", regardant le monde autrement, mais également hostil. On peut faire référence de même au nocher des enfers, Charon, dans la mythologie grecque, qui envoyais les âmes déchues dans le feu éternel sur la rivière du styx moyennant une pièce d’or…Sheron mise tout sur la qualité artistique faisant gage de sa différence. Ainsi il revendique haut et fort un rap « conscient », plaçant ses efforts dans le souci de la rime et de la mélodie. Il s’inscrit donc dans un équilibre musical que l’on peut définir à mi-chemin entre le rap et le slam, vaste tableau blanc qu’il s’efforce de peindre en nous faisant découvrir son univers unique. Il écrit sans tabous, laissant sa musique parler au grès des sujets chers à son cœur, d’où cette marque de sincérité profonde que l’on ressent à chaque écoute, laissant transparaître une énorme sensibilité à travers ce regard si humain sur le monde et sur sa propre personne. L’objectif de son œuvre est de faire passer un message, une émotion… Le poète se rapproche donc du rappeur , dans le sens où il passe outre les côtés flatteurs et téméraires de celui-ci pour se pencher sur un ensemble qui comporte aussi ses souffrances et sa fragilité, refaisant du rap un moyen d’expression thérapeutique.Mais ne voyons pas en Sheron un rappeur agressif aiguisant ses dents sur les maux d’une société dont la critique serait facile et gratuite. Il préfère la réflexion, c’est pourquoi il ressort toujours un esprit positif de ses chansons, même dans ces textes les plus noirs….