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Je suis né sur un clocher d’église un jour de vent changeant, tour à tour ballotté au sud, au nord, j’ai grandi de travers, un ,,il derrière, un oeil devant.Aujourd’hui, rien ne me pique, ni les vipères, ni les cactus géants, je suis complet et pourtant…Il y a toujours les fines garces, leurs culs souriants et leurs douces manières, le vernis rouge qui leste les ongles, quand le poignet cassé, elles me font signe de la main.
Souvent je suis craint, parfois désirable, mais je ne suis pas aimable. Alors voilà , je suis du genre qu’on quitte et qu’on saccage, mais peu m’importe, quand le monde devient brutal, je m’applique à lui répondre doucement.
Je suis furieux de nature, un élément de chaos, je plante mes pieds sur une terre saine et fertile, je la quitte sèche et stérile. Je suis dangereux et je suis contre tout ce qui se range, ce qui sert d’appui. Ma puissance est ma faiblesse, je suis le héros de l’histoire, le monde ne me survivra pas, et j’entends vivre encore un peu. Tour à tour Jeanne d’arc et Don Quichotte, mes montures déterminent mes combats, je sauve la France, je crève l’Anglais, enfin… j’arpente les sols sablonneux en recherche de moulins.
Quand les hommes, comme des puces, sautent de chien en chien pour étancher leur soif, je reste sottement à creuser le même trou, et quand le puits est tari, et bien j’en suce les cailloux. Parce que je suis un homme de serments, jusqu’à l’absurde, c’est là qu’ils prennent leurs sens.
Je suis grotesque, je fais mâle et j’ai des accents de tapettes quand je pleure sur des mots, sur des images, sur des histoires perdues. J’aime parler sérieusement de choses futiles. Quand je me passionne pour la mode, une amie se moque : « Espèce de fausse fille ! »
Alors je lui parle du Christ, du saint suaire - une façon comme une autre de parler chiffons ...