Sur la ville de Paris
Rien n'égale Paris ; on le blâme, on le loue ;
L'un y suit son plaisir, l'autre son interest ;
Mal ou bien, tout s'y fait, vaste grand comme il est
On y vole, on y tue, on y pend, on y roue.
On s'y montre, on s'y cache, on y plaide, on y joue ;
On y rit, on y pleure, on y meurt, on y naist :
Dans sa diversité tout amuse, tout plaist,
Jusques à son tumulte et jusques à sa boue.
Mais il a ses défauts, comme il a ses appas,
Fatal au courtisan, le roy n'y venant pas ;
Avecque ça nul ne s'y peut conduire :
Trop loin de son salut pour être au rang des saints,
Par les occasions de pêcher et de nuire,
Et pour vivre long-temps trop près des médecins.
Isaac de Bensérade (1613-1691)
A Paris, en été, les soirs sont étouffants.
Et moi, noir promeneur qu'évitent les enfants,
Qui fuis la joie et fais, en flânant, bien des lieues,
Je m'en vais, ces jours-là vers les tristes banlieues.
Je prends quelque ruelle où pousse le gazon
Et dont un mur tournant est le seul horizon.
Je me plais dans ces lieux déserts où le pied sonne,
Où je suis presque sûr de ne croiser personne.
Au-dessus des enclos les tilleuls sentent bon ;
Et sur le plâtre frais sont écrits au charbon
Les noms entrelacés de Victoire et d'Eugène,
Populaire et naïf monument, que ne gène
Pas du tout le croquis odieux qu'à côté
A tracé gauchement, d'un fusain effronté,
En passant après eux, la débauche impubère.
Et, quand s'allume au loin le premier réverbère,
Je gagne la grand' rue, où je puis encore voir
Des boutiquiers prenant le frais sur le trottoir,
Tandis que, pour montrer un peu ses formes grasses,
Avec son prétendu leur fille joue aux grâces.
François Coppée (1842-1908)
Une allée du Luxembourg
Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau :
A la main une fleur qui brille,
A la bouche un refrain nouveau.
C'est peut-être la seule au monde
Dont le coeur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D'un seul regard l'éclaircirait !
Mais non, ma jeunesse est finie...
Adieu, doux rayon qui m'as lui,
Parfum, jeune fille, harmonie...
Le bonheur passait, il a fui !
Gérard de Nerval Odelettes
Ville et coeur
La ville sérieuse avec ses girouettes
Sur le chaos figé du toit de ses maisons
Ressemble au coeur figé mais divers, du poète
Avec les tournoiements stridents des déraisons
Ô ville comme un coeur tu es déraisonnable
Contre ma paume j'ai senti les battements
De la ville et du coeur de la ville imprenable
Et de mon coeur surpris de vie énormément
Apollinaire
"Le silence, plus que le son, exprime
les divers paramètres que nous n’avons pas
remarqués. Thoreau a dit que les sons sont
des bulles à la surface du silence. Elles
éclatent. La question est de savoir combien
de bulles il y a sur le silence".
John Cage
"On a beau essayer de créer du silence, on n'y arrive pas. Pour certaines fins techniques, il est parfois souhaitable de disposer d'un lieu aussi silencieux que possible. On appelle ce genre de pièce une "chambre anéchoïque", une chambre sans écho, dont les six murs sont faits d'un matériau particulier. J'en ai fait venir une à l'université Harvard, il y a plusieurs années, et j'y ai entendu deux sons, l'un aigu et l'autre grave. Lorsque je les ai décrits à l'ingénieur responsable, il m'a expliqué que le son aigu provenait de mon système nerveux, et le son grave de ma circulation sanguine. Il y aura des sons jusqu'à ce que je meure. Et il y en aura encore après ma mort. Nous n'avons pas à craindre pour l'avenir de la musique".
John Cage
"Alors il arriva, portant un costume rose criard aux revers pailletés et une cravate de ruban noir, du genre de celles que le vieux Lewis portait avant la guerre de Sécession, et il regarda le public, qui le regardait derrière un rideau d’applaudissements (…) Jerry Lee Lewis ratissa les touches du piano à queue et hurla le feu, et les membres du public, recevant, chacun à sa manière, le message du Diable, ne murmuraient plus mais criaient sauvagement ou restaient silencieux, selon le penchant de leur âme".
Nick Tosches Hellfire.
The Ex
"Which is why the only hope for rock'n'roll, aside from everybody playing nothing but shrieking atonal noise through arbitor distorters, is women. Balls are what ruined both rock and politics in the first place, and I demand the world be turned over to the female sex immediately. Only hope. Valerie Solanas was so much greater a prophet than Warhol that I can only pray she might consent to lead the group I'm forming. The absolute best rock'n'roll anywhere today is being played by women: the other night I saw God in the form of the Au Pairs, the Slits are stupendous, the Raincoats are better than London Calling or anything by Elvis Costello, Chrissie Hynde doesn't count, Joan Jett deserves her place in the sun if not reparations, Lydia Lunch is the Female Role Model for the '80s besides being one of the greatest guitarists in the world . . . the list is endless. (Patti, come home!)
But credit must be given to the foremothers: the Shaggs. Way back in 1972, they recorded an album up in New England that can stand, I think, easily with Beatles '65, Life with the Lions, Blonde on Blonde, and Teenage Jesus and the Jerks as one of the landmarks of roll'n'roll history. The Wiggins sisters (an anti-power trio) not only redefined the art but had a coherent Weltanschauung on their very first album, Philosophy of the World. Basically what it comes down to is that unlike the Stones these girls are saying we love you, whether you're fat, skinny, retarded, or Norman Podhoretz even. Paul Weyrich. Don't make no difference, they embrace all because they are true one world humanists with an eye to our social future whose only hope is a redefined communism based on the open-hearted sharing of whatever you got with all sentient beings. Their and my religion is compassion, true Christianity with no guilt factors and no vested interest, perhaps a barter economy, but certainly the elimination of capitalism, rape, and special-interest group hatred. For instance, in their personal favorite number, "My Pal Foot Foot," they reveal how even a little doggie must be granted equal civil rights perhaps even extending to the voting booth. Hell, they let Nancy Reagan in! They also believe that we should jettison almost completely the high-tech society which has now perched us on the lip of global suicide, and return to third world-akin closeness with the earth, elements, nature, the seasons, as in my personal favorite on this album, "It's Halloween," which emphasizes that seasonal festivals are essential to a healthy body politic (why d'ya think all them people in California got no minds?)".
Lester Bangs
The Shaggs
Moondog
Lettrisme.
Isidore Isou, Principes poètiques et musicaux du mouvement lettriste (1946), Introduction à une esthétique imaginaire (1956), Poèmes (1958), Chapitres et colonnes polyautomatiques lettristes (1964), Poèmes (1964), Histoire et rénovation de l'automatisme spirituel (1965-67), Dix improvisations lettristes (1966), Oeuvres aphonistiques (1967).
Poésie sonore.
Jean-Pierre Bobillot, Poemeshow (1990).
Anne-James Chaton, Autoportrait en complet gris (2000), les Epreuves (2001), Autoportrait aux cheveux longs (2002), l'Astonaute (2003), le Professeur (2004).
Henri Chopin, Pêche de nuit, Espaces et gestes, Sol Air (1950), le Bruit du sang, l'énergie du sommeil (1960), Hoppa Bock (1970), la Peur (1971), Audiopoèmes (1956-1980), Poésie sonore internationale (1979).
Carl Friedrich Claus, Lautgedichte (1952-59), Sprachblötter (1987), Lautprozesse (1990).
François Dufresne, Paix en Algérie (1958), Tripticrirythme (1966), le Tombeau de Pierre Larousse (1954-58), Cantate des mots camés.
Raoul Duguay, Apocalypso (1971).
Brion Gysin, I AM THAT I AM, Songs (1981).
Bernard Heidsieck, Vaduz, Qui je suis... en... une minute (1970), Partition V, Poème-Partition J (1973), Canal Street (1986), Derviche-Le Robert (1988).
Dick Higgins, les Flocons de neige de Giordano Bruno (1977), Chenapans (1978).
Gerhard Röhm, Das Leben Chopins und andere tondictungen für klavier (1987).
Paul de Vree, Poèmes audiovisuels (1948).
Larry Wendt, Arroba (1987), Guided Missile Favorites (1988), Upper and Lower California (1990).
"Et elle, avec son frère derrière son dos, qui lui avait, depuis le commencement, emboîté le pas et qui la poussait, sans égard, vers l'autel des orties et des ronces, c'était justement ce qu'elle voulait. Ce qui l'émouvait et la faisait pleurer quand elle assistait aux noces de ses amies, lui ravissait le coeur, à présent, et l'illuminait. De son pas régulier, tout à la fois léger et appuyé, tel qu'on peut s'imaginer le dessin vivant d'une partition musicale, elle se précipitait avec une sorte d'enthousiasme sacré dans le pêché sans rémission. Il ne tenait qu'à elle de s'arrêter sur le chemin, elle le ferait bientôt, de se retourner vers son frère, d'ouvrir sa robe et de dire, ainsi qu'elle l'avait écrit : Prends, je t'appartiens, prends cette soeur qui t'est réservée, et blesse, blesse-moi, ronce noire".
Claude Louis-Combet Blesse, ronce noire.
Michel Journiac Inceste
WATSON: A gentleman just walked in our studio that I am meeting for the first time as well as you, this is WFAA-TV in Dallas, Texas. May I have your name please, sir?
ZAPRUDER: My name is Abraham Zapruder.
WATSON: Mr. Zapruda?
ZAPRUDER: Zapruder, yes sir.
WATSON: Zapruda. And would you tell us your story please, sir?
ZAPRUDER: I got out in, uh, about a half-hour earlier to get a good spot to shoot some pictures. And I found a spot, one of these concrete blocks they have down near that park, near the underpass. And I got on top there, there was another girl from my office, she was right behind me. And as I was shooting, as the President was coming down from Houston Street making his turn, it was about a half-way down there, I heard a shot, and he slumped to the side, like this. Then I heard another shot or two, I couldn't say it was one or two, and I saw his head practically open up, all blood and everything, and I kept on shooting. That's about all, I'm just sick, I can't…
WATSON: I think that pretty well expresses the entire feelings of the whole world.
ZAPRUDER: Terrible, terrible.
WATSON: You have the film in your camera, we'll try to get…
ZAPRUDER: Yes, I brought it on the studio, now.
WATSON: …we'll try to get that processed and have it as soon as possible.
WFAA then shows a video tape of the hearse with Kennedy's body leaving the Parkland Hospital driveway. Watson next shows a photograph of the Texas School Book Depository and points to the sixth floor window.
WATSON: There is a picture of the window where the gun was allegedly fired from that killed President Kennedy…
ZAPRUDER: I must have been in the line of fire.
WATSON: … today. Excuse me, go ahead sir.
ZAPRUDER: I say I must have been in the line of fire where I seen that picture where it was. I was right on that, uh, concrete block, as I said. And as I explained before, is a sickening scene. At first I thought perhaps it's a, uh, it sounded like, uh, somebody make a joke, you hear a, a shot and somebody grabs their stomach.
Abraham Zapruder a filmé avec sa caméra 8mm couleur l'assassinat du président Kennedy. Le plan dure 26 secondes et en constitue l'unique document filmographique.
Home movies :
Jonathan Caouette : Tarnation.
Andrew Jarecki : Capturing the Friedmans.
John Maringouin : Running Stumbled.
Ross McElwee : Sherman’s March, Time Indefinite, Six O’Clock News, Backyard et Charleen.
Raphaël Nadjari : The Shade, I’m Josh Polonski’s Brother, Apartment 5 C.
Stan Brakhage : Cat's Cradle, Anticipation of the Night, Flesh of Morning, Loving, Dog Star Man, Fire of Water, Deus Ex, The Presence, Sexual Meditation : Open Field.
Jonas Mekas : Scenes from Allen's Last Three Days on Earth as a Spirit, Zefiro Torna or Scenes from the Life of George Maciunas, In Between, Notes On the Circus, Guns of the Tree.
Lech Kowalski : Gringo, Walter and Cutie, Rock Soup, DOA, a Right of Passsage (documentaire sur la tournée américaine des Sex Pistols avant leur fin tragique et la mort de Sid Vicious), The Last Rock'n'Roll Movie, Hey is Dee Dee Home.
Jean-Pierre Gorin (cofondateur avec Jean-Luc Godard du goupe Dziga Vertov) : My Crazy Life, Routine Pleasure.