La musique a été reléguée au rang de simple marchandise et il n'est pas rare
de voir un CD traîner dans un caddie cradingue, coincé entre un paquet de
lessive et une boîte de biscuits. La doxa actuelle accentue encore cette
banalisation en faisant de la musique un vulgaire support pour des messages
ou slogans de plus en plus ineptes.
Il subsiste néanmoins quelques francs-tireurs - Christophe Leusiau est de
ceux-là - qui honorent par leur créativité la véritable nature de la musique
: son essence vibratoire. La science leur donne aujourd'hui raison. Les
découvertes les plus récentes font en effet des oscillations communes à l'atome
et au son la glaise d'où jaillit toute chose, rejoignant en cela les
philosophies extrême-orientales qui avaient intuitivement deviné l'importance
cruciale de ces phénomènes.
Guidé par cette même démarche empirique Christophe Leusiau s'est depuis
longtemps emparé des vastes possibilités offertes par l'électronique afin de
faire oeuvre de démiurge. Après avoir traqué l'organique au coeur de la
civilisation industrielle (Sulphuric Saliva) Christophe Leusiau prend de la
hauteur et élargit ses horizons. Les stridulations mécaniques cèdent leur
place aux doux bouillonnements du plasma. Synthétiseurs et sampleurs
conservent malgré tout un rôle éminent dans cette soupe primordiale.
Avec la méticulosité qu'on lui connaît il façonne et agrège patiemment
chaque sonorité pour en faire émerger des univers baroques et inédits. Ce
voyage en deux dimensions vers l'intime et l'immensité nous plonge dans un
état second. L'auditeur est transporté en songe et ballotté au gré de
sonorités feutrées et d'ambiances voluptueuses.
Les plus aguerris positionneront ces nouveaux continents non loin des terres
défrichées par d'illustres pionniers dont les noms résonnent comme autant de
promesses : Geir Jenssen, Brian Eno, Murcof ou Harold Budd.
Inspiration. Expiration. Et le vide s'emplit à nouveau.
Benjamin S., le 1/11/2008
VISUAL CREDITS
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