Il est des titres nobiliaires qu'on reçoit et d'autres qu'on conquiert parfois, sur les champs de batailles du quotidien. David n'était qu'un simple roturier quand nous nous rencontrâmes, en ces terres où la tramontane qui rend fou et le soleil qui tape ont tôt fait de venir à bout des vernis les plus résistants sur la matière dense des hommes jeunes et vigoureux.
C'était le temps du groupe que l'on nommait Locura.
Sa magnanimité, son opiniâtreté et sa hauteur morale me firent voir en lui les hauts faits d'âme auxquels il était destiné.
Lorsque nos chemins se séparèrent, c'est avec la patience de ceux qui savent qu'il s'en fût encore et toujours sur les routes user ses baskets et ses manches de guitare. Frotter le puits à chansons intarissable qui lui sert de gorge, à l'air vicié des bars et des salles de concert, en distillant toujours aussi pure la liqueur de ses émotions à fleur de nerf.
Et voici qu'à force de patience, Paris l'absorbe enfin, au tournant du siècle, pour lui donner les dernières cartes qui manquent à ce jeu qui ne sera plus distribué. Il apprend encore plus de son artisanat et coïte enfin avec l'hydre de ce bizness aux tentacules râpeux.
La Noblesse est là , confirmée, seul manquait le fief. Ce sera le nom de ce village Roussillonnais, où ce grand dévoreur de bitume a posé son bout de racine qui le lui donnera. Fourques, nichée au coeur des Aspres, une butte émergeant d'une mer de vignes et une maison en pierres sans âge posée dessus.
Le comte de Fourques, premier du nom, n'a qu'un sceau : sa voix chaude et vibrante, équilibrée et intense qui survole ses guitares toujours de franc bois. Il n'a qu'une héraldique, les traces de ses verres posés sur tous les comptoirs qu'il a fait vibrer. Il n'a qu'une arme, une vérité forgée au fond d'une âme incandescente qui pourfend les milles escroqueries d'ici bas.
Il n'a qu'un vassal: son propre coeur fidèle et dévoué.
Car ne nous méprenons pas, ce n'est pas à un fin de race hautain et consanguin que nous avons à faire, ni à un blanc-bec moderne du genre rastacouère-chic, barbe de trois jour et costume de trois briques.
Non, toute notion d'artifice, d'affectation, de pose lui est étrangère car son attitude aristocratique se limite à la qualité la plus fondamentale du gentleman : la discrétion.
Son combat contre l'hypocrisie et le confort moral, souvent mené au coeur de lui-même contre ses propres faiblesses, est une lutte de tous les instants, comme elle est de tous les lieux et toutes les époques. D'où ce personnage d'anti-héro aux pensées qui divaguent sans risquer de s'échouer, ce loser magnifique au regard généreux et lointain, ce jeune homme a la classe intemporelle des gens ordinaires dont il est l'aristocrate de fait. Ce chevalier errant du quotidien, montant d'un jarret ferme ses passions autrefois indomptables, ne se préoccupe même pas de savoir quel Grâal il poursuit.
Il chevauche à travers le monde moderne -ou alors son monde intérieur-, qu'il contemple d'un --il lucide et désabusé, jamais exempt de ce qu'il faut de tendresse et d'humour, au point fragile d'équilibre entre distance et engagement, toujours franc du collier, jamais vulgaire, si fondamentalement accessible et foncièrement insaisissable. Tandis que sort son premier album, le comte de Fourques vous invite céans en son fief, c'est à dire partout où il y a quelque chose à dire, de Cuba au Liban, du boulevard de Sébastopol à Oberkampf, des plaines arides de l'amertume aux forêts luxuriantes du désir et de la passion. Comme dirait ma concierge : « Quel talent ! ».P.Planel
Le Comte De Fourques - A bicyclette
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