About Me
Ceci est la promesse d’une vie
Le temps aura finalement eu raison de moi. L’ignorance de la jeunesse n’est plus une excuse valable aujourd’hui. Cette ignorance, je crois, elle a plié bagages pour une allée simple vers le néant de la mémoire, vers la poussiéreuse bibliothèque des souvenirs. N’aurait-on pas tous souhaité que le sablier se fige lorsque l’enfance était belle et florissante? L’évolution de l’homme est tellement tragique et fascinante! J’aurais sans hésiter sacrifié l’esprit critique et la tourmente peut-être ridicule- je le découvrirai plus tard- de l’adolescence, en échange d’un peu plus de ces moments d’insouciance et de vibrante envie de courir. Ce troc de Jouvence valsera éternellement avec le cadre limité que lui offre l’impasse du rêve.
La nostalgie, escortée par sa garde personnelle de regrets, s’impose déjà dans mon esprit comme le boulet de toute une vie, le parasite relativement encombrant d’une existence brillante, mais loin d’être singulièrement distincte. L’espoir d’une connaissance mutuelle de l’un et de l’autre est toutefois présent, germe printanier qu’on passe sous silence et qui, j’ose le croire, est signe avant coureur d’une possible réconciliation avec les pâles restes de ce passé révolu.
L’herbe trempée et la terre humide se font déjà sentir sur ma peau, mais je m’en fous. Mon esprit, malgré la fatalité qui l’afflige, est bien. Je balais du regard le ciel obscur qui lui, restera toujours là , à narguer les hommes de sa puissance intouchable. Cela me fait sourire. Je dois maintenant m’envoler et m’élever au dessus de ce qui me retient ici. Le temps, qui est à la vie ce que le guépard est à la savane, se précipite et m’emporte inévitablement avec lui vers d’autres horizons. Les arbres et la rue qui m’ont vu grandir semblent me saluer d’adieux bruyants et silencieux. Les feuilles bercées par la brise de la nuit m’indiquent le chemin. Je dois quitter cette ville, ce pays et cette réalité. Après ces années d’or, mes yeux méritent la vérité. Ma vie sera à la hauteur de mes ambitions (phrase ridicule qui, pour une fois, s’accorde bien avec ma plume)! Les étoiles m’invitent à me battre. Oui, c’est décidé, je verrai tout ce que je peux voir, histoire de rentabiliser ce que cette chose d’en haut, ou d’en dedans, m’a donné si gracieusement.
Je pense à ceux qui on fait de moi ce que je suis. Les quitter m’obligera certainement à prendre conscience de la réelle valeur qu’ils ont dans le mince sillon de mon âme. Eux, c’est moi et moi, c’est eux. L’égaré du ciel que je suis les aime plus qu’ils ne le penseront jamais.
Après mon long pèlerinage, après la traverse de la tempête, après les coups portés, finalement, je reviendrai là où le vent et la poussière d’autrefois m’ont conçu. J’expirerai mon ultime souffle en sachant que le soleil de mon enfance se lèvera sur mon corps libéré. Ceci est la promesse d’une vie.