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Brassens en Afrique au Journal de France 2
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Autant apprécié que Claude François ou James Brown par les bantous d'Afrique subsaharienne dans les années 70, le poète coquin et rebelle reçoit ici un chaleureux hommage rythmé par les musiques d'Afrique et de la diaspora.
Brassens en Afrique
Ah !
Cette étonnante capacité qu'ils ont, ces africains à rendre leur musique si
communicative et à faire rire aux éclats les muets. Dans le continent noir
tout le mon..oie tout le monde. On retrouve ainsi dans un même panier les choses
que d'autres sépareraient automatiquement : l'émotion avec la rigueur, le bruit
s'associant au calme. La joie, la douleur, la mort se relaient dans vie de tous
les jours, sans que cela traumatise quiconque.
Brassens en Afrique reflète l'ambiance des bars d'Afrique Noire d'après les indépendances. Du Congo au Mali, en passant par la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, le Bénin ou le Kenya. En ce temps là , les occidentaux mélomanes ne pouvaient apprécier le Makossa, le Mbalax ou le high-life ou la rumba car les disques africains étaient introuvables à Paris bien que produits pour la plupart en France.
Dans un maquis
C'est cette approche musicale
que nous restituent ces arrangements de Denis Tchangou qui a sélectionné 10
chansons, permettant au chanteur Kristo Numpuby de nous entraîner ans un
maquis - restaurant africain - où nous attend un assortiment de plats
africains : ashièké - poissons, mafé de poulet-fermier accompagné
du riz réunionnais, alocos bananes plantains frites dans de l'huile de
palme du Ghana. Pour ceux qui n'ont pas connu les chef-d'oeuvres des années
60-70 de Manu Dibango (hormis Soul Makossa), Pierre Akendengué, Ekambi
Brillant, Franco, Rochereau, Sam Mangwana, Prince Nico Mbarga, voici l'occasion
de se rattraper, assis dans son fauteuil en
écoutant des classiques.
Il fallait
le faire. Ils l'ont fait !
Très
enlevées, les chansons de Brassens ainsi interprétées nous plongent dans les
ambiances libertines de bals (surboum comme l'appelait la génération d'après
guerre) citadins. Et c'est l'occasion pour les jeunes de rester entre eux. Comme
les parents en douce. Comme le dit si bien l'écrivain nigérian
Chinua Achebe dans Le monde s'effondre, « le soleil
brillera d'abord sur ceux qui sont debout avant de briller sur ceux qui
sont assis. » Et le temps est très court pour choisir son futur compagnon
de vacances et qui sait, de la vie.
Voici donc une unique occasion de découvrir sans à priori une musique africaine de qualité, jouée sur des paroles et des mélodies on ne peut plus bien françaises. Il fallait le faire. Ils l'ont fait !
Mais qui sont-ils donc ces énergumènes qui ont si farouchement africanisé mes chansons ? En ajoutant mélangeant les bruits de la forêt tropicale aux sabots d'Hélène. N'entendaient-ils pas sonner le clairon, étouffé par le son d'une batterie sans tom ni cymbales africaines, Et comme si cela ne suffisait pas, ils ont récupéré une bouteille de bon vin qu'ils ont vidé avant de s'en servir comme percussions. Ils se sont mis à frapper dessus avec une cuillère et une fourchette, comme des petits enfants.
Un projet franco-africain
« Cela m'a
agréablement surpris lorsque j'ai abordé ce projet. J'ai cru que je n'y arriverai
jamais. La langue française est tellement riche et imprévisible avec ses innombrables
exceptions aux règles de grammaire. Avec Brassens, il n'y a pas beaucoup d'espace
pour tricher avec de longues notes à l'intérieur des phrases de Brassens. Toute
respiration mal placée et vous êtes en retard... Et la prononciation doit être
impeccable sinon l'auditeur ne reconnait rien. Le français n'étant pas la première
langue que m'ont apprise mes parents. Et le Bassa qui a d'abord parlé l'allemand
avant le français et l'anglais, a toujours eu des difficultés avec certains
sons qui n'existent qu'en Français : le U, le
J ; la différence entre
gît, jure et jouir, pire et
pure, je et jeu. Sacré français ! Brassens,
un véritable challenge pour un bantou ! »
Enregistré
en avril 2005 dans un studio à Montreuil (ville africaine de France) cet album
est interprété par Denis Tchangou (batterie et percussions et choeurs)
qui l'a aussi produit et Kristo Numpuby (chant, guitare, basse et choeurs)
avec la complicité de l'ingénieur de son Eric Donnart. Le choix des chansons
s'est fait en fonction du cousinage de leur sonorité avec différents rythmes
d'Afrique.
Telephone : +33(0)1 53 21 06 97 / +33(0)6 62 43 06 97